Les Derniers Beaux Jours.
Plon, 1953, in-12, 272 pp, broché, papier lég. jauni, bon état
"On savait qu'Henri Béraud était un bon écrivain et un homme courageux. Les souvenirs qu'il nous raconte dans “les Derniers Beaux Jours” nous font connaître les années brillantes de sa vie de grand reporter et nous conduisent dans toutes les grandes capitales de l'Europe où Béraud, plus attentíf que la plupart de nos politiques et autres diplomates d'avant-guerre, entendit venir la guerre et ne ménagea pas ses avertissements. Parmi ces capitales, Paris tient une place importante dans les souvenirs de Béraud. Là, l'auteur apparaît au milieu de ses amis et dans les milieux littéraires. Ces dernières pages ne sont pas les moins vivantes. Il faut lire ce livre à la fois brillant et émouvant." (B. Simiot, Hommes et mondes, 1953)
Les Heures héroïques du Cartel.
Grasset, 1934, in-12, 344 pp, broché, bon état, envoi a.s.
Le cartel des gauches était une coalition électorale, constituée dans une cinquantaine de départements, pour les élections législatives de 1924 entre les radicaux indépendants, le Parti radical et radical-socialiste, le Parti républicain-socialiste auquel se joignirent des socialistes indépendants, et la SFIO. Les radicaux emmenés par Édouard Herriot dominèrent la coalition victorieuse aux élections législatives de 1924. Cette coalition fut reconduite pour les élections législatives de 1932 et regroupa les radicaux et les socialistes. Cependant, ces derniers posèrent en 1932 des conditions à leur participation, qui furent rejetées par les radicaux, ce qui entraina une majorité parlementaire fragile... — "Ce livre que l'on trouvera sévère pour certains hommes politiques n'a pas été écrit contre les idées (...). La solidarité des partis de gauche sur le plan des grands principes se brisa devant les réalités qui engagent les systèmes. Ce fut toute l'histoire du Cartel."
L'Orient du XVIe siècle à travers les récits des voyageurs français : regards portés sur la société musulmane. (Thèse).
L'Harmattan, 1989, in-8°, 422 pp, préface de Nikita Elisséeff, 30 gravures à pleine page, 4 cartes, tableaux, annexes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Histoire et perspectives méditerranéennes)
"La thèse d'Yvelise Bernard étudie les récits de dix-huit voyageurs français du XVIe siècle qui se sont rendus en Orient à des fins diverses. L'auteur s'appuyant sur des récits détaillés, nous fait non seulement part des réactions des voyageurs, mais nous retrace aussi, comme le souligne son préfacier, une image de la société musulmane de l'époque telle qu'elle la perçoit à travers ses sources. Elle nous présente, dans une première partie, les voyageurs, leur biographie quand cela est possible, leurs récits de voyage, les itinéraires et conditions de celui-ci. Puis elle aborde, dans une seconde partie, ce que livrent les sources sur les hommes, les femmes et les enfants, les traits de civilisation (coutumes alimentaires, hygiène, rapports entre individus), les divertissements, la médecine et la mort. Le chapitre suivant est consacré à Mahomet et à la religion musulmane. Puis elle s'intéresse au sultan et à la manière dont est gérée cette société qui se présente sous la forme d'un État structuré, religieux, policier ,qui a été à son apogée sous Soliman le magnifique (1520-1566) et connaît un premier fléchissement sous Sélim II (1566-1574) avec la défaite de Lépante (1571). La troisième partie reprend la cosmographie de François Belleforest, sorte de synthèse faite au XVIe siècle par un homme de la Renaissance à partir des ouvrages de ses congénères. Des tableaux, des graphiques, une analyse quantitative sur les sujets traités, des planches, des cartes illustrent ce travail minutieux qui s'intéresse surtout au cœur de l'Empire (la capitale) et aux contrées arabes, et ne prétend pas donner une vue exhaustive de l'ensemble de l'Empire ottoman. De même, à travers les récits de ces voyageurs, on perçoit peu la société rurale. En réalité, on s'intéresse surtout au monde urbain civilisé (Turcs et Mores), moins aux Arabes répertoriés comme non civilisés. On assiste chez la majorité des auteurs à une lutte entre le legs médiéval (l'islam, religion de l'Antéchrist) et la volonté de connaissance rationnelle et globale qui caractérise l'homme de la Renaissance. On n'a pas encore de l'Orient une vision exotique : on ne recherche pas un type d'Orient déterminé. On en est surtout au stade de la rencontre, de la connaissance de l'autre que l'on côtoie durant des jours au cours de périples lents. Contraste donc avec notre époque où la vitesse et la précipitation dominent les rapports humains. Rien que pour ce dépaysement, l'ouvrage vaut une lecture attentive." (Robert Santucci, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1991)
Mémoires du général baron de Marbot.
Plon, s.d. (v. 1900), 3 vol. pt in-8°, xii-390, 495 et 446 pp, 2 portraits, une planche sous serpente légendée et 2 fac-similés hors texte, index, reliures demi-percaline vermillon, dos lisses, pièces de titre basane noire, fleuron et double filet dorés, couv. conservées, qqs rares rousseurs, bon état
I. Gênes, Austerlitz, Eylau ; II. Madrid, Essling, Torrès-Védras ; III. Polotsk, La Bérésina, Leipzig, Waterloo. — « Je l'engage à continuer à écrire pour la défense et la gloire des Armées françaises et en confondre les calomniateurs », écrivait Napoléon dans son testament. Ainsi les Mémoires de Marbot sont l'épopée des guerres napoléoniennes, de la campagne d'Italie à Waterloo en passant par la Bérésina, vécue par un homme d'action, né soldat, porté aux actes de bravoure, assez réaliste pour conserver en toute circonstance sa simplicité, sa verve et sa franchise. À l'égard de Napoléon, il est d'une fidélité critique et lucide. Il n'admet aucune faiblesse ordinaire ou politique. Il dénonce vivement ses erreurs et son népotisme. Marbot est surtout un remarquable chroniqueur. Ses récits des batailles (Austerlitz, Iéna, Wagram...), par une suite d'images fortes, rapides et colorées, cumulent la clarté de la vision d'ensemble et l'intensité du fait vécu. — "Les plus populaires des mémoires d'Empire." (Tulard, 952)
Jusqu'à l'aube.
Albin Michel, 1954, in-12, 164 pp, traduit de l'allemand par Pierre Bertaux, imprimé sur Alfa Cellunaf, broché, jaquette illustrée, bon état
Lorsque, comme Albrecht Goes, on a assisté, angoissé, à la montée du nazisme ; lorsque, comme lui, on a été aumônier militaire sur le front russe, on sait tout du mal qui règne sur le monde ! Que faire alors, sinon tenter d'adoucir la peine des hommes : par la présence, la parole, l'écoute. La paix revenue, Albrecht Goes a pensé que tous ces cris lancés vers lui devaient être transmis. Tels quels. Ainsi, en Ukraine, sa nuit auprès d'un déserteur qui, demain à l'aube, sera fusillé. Et le soldat perdu parle. Jamais il ne s'était ainsi confié. Sur cette terre, il aura connu une dernière nuit de paix...
Madame Rose.
Albin Michel, 1998, in-8°, 300 pp, broché, jaquette illustrée, bon état, envoi autographe signé de l'auteur
"Madame Rose n'a peut-être jamais été belle au sens sophistiqué du mot, mais elle a eu – et elle a encore à un âge très avancé – ce quelque chose qui attire les hommes, plus que la beauté : de l'esprit, de la cocasserie, une large liberté dans ses relations avec eux et une non moins large liberté dans la conversation. Ses souvenirs sont le miroir d'un siècle même s'il est parfois difficile d'y distinguer le vrai de ce que la mémoire arrange complaisamment. Dans sa retraite dorée, Madame Rose a trouvé en un lointain et jeune cousin, Gaston, un interlocuteur patient et parfois insolent. Gaston s'offre une année sabbatique avant d'entrer dans le système auquel bien peu échappent. Les après-midi, auprès de Madame Rose, il apprend tout ce que l'Université a négligé de lui enseigner : que la frivolité est un art, l'amour une partie de cache-cache, la dissimulation un jeu où les femmes sont bien souvent gagnantes. Le temps est venu pour lui de passer à la pratique. Lucie, Céline et Odile l'aideront à illustrer les leçons de Madame Rose qui n'a plus qu'à se retirer après une longue existence pendant laquelle tout ce qui a compté au XXᵉ siècle s'est roulé à ses pieds." (Michel Déon)
Les Chambres du Sud.
Gallimard, 1981, in-8°, 250 pp, broché, bon état, bande éditeur conservée (Prix Sainte-Beuve 1981), édition originale (il n’est pas annoncé de grand papier), envoi autographe signé de l'auteur daté de décembre 1994
Les débuts romanesques de Laurence Cossé. — Brune, la narratrice, et Beau, son cadet presque jumeau, vivent si liés, si semblables, si sauvages qu'ils se sont créé dès l'enfance un univers à part au sein de leur famille. Le domaine de la vallée du Rhône où ils grandissent est fait de deux bâtisses accolées : la Vieille Maison, où la vie, entre parents et frères et sœurs, va son cours, actif, apparemment sans mystère ; et la Grande Maison, romantique, immense, inoccupée, dont les deux enfants font leur vraie demeure, à l'écart du réel. Ils y dorment, ils y jouent, ils s'y saoulent de lecture et de rêve. De là ils défient le monde, le temps, le sérieux des adultes. L'adolescence vient tout déséquilibrer. Brune, envoyée en pension, se laisse dépérir. On la rend aux siens. Mais l'âge est passé pour elle des refus et des rêves. Elle prend conscience qu'il va lui falloir opter pour la vie, ou sinon appeler par son nom ce ralenti qu'elle tient désespérément depuis des années et s'arrêter à la mort, tellement plus naturelle à son sens que ce qu'il est convenu de nommer la vie. Un étranger de passage sera l'occasion, brutale, de ce choix. L'enfance est violence, mais la fin de l'enfance est drame. Voilà ce que nous dit ce roman, par petites phrases fiévreuses. Une passion qui crée un style et fait vibrer chaque mot.
La Forêt des Cippes. Essais de critique. Tome I.
P., Edouard Champion, 1918, in-8°, xl-535 pp, introduction et notes par son ami E.M. [Eugène Marsan], un portrait de l'auteur en frontispice, broché, couv. rempliée, non rogné, bon état. Édition originale, un des 250 ex. numérotés sur papier pur fil vergé des usines d'Arches
Tome I seul (sur 2). — Édition originale posthume de ce recueil d’articles parus dans l'Action française et la Revue Critique : Le Prince de Ligne. Racine. Boileau. La politique de Richelieu. Bernardin de Saint Pierre. J.-J. Rousseau. Chateaubriand. Stendhal. Plaidoyer pour Emma Rouault, femme Bovary. Le Sémitisme au théatre. Jules Lemaître. Anatole France. Paul Bourget. Maurice Barrès. Jacques Bainville. Léon Daudet. Pierre Lasserre. Charles Maurras. « L'ora del tempo ». Définitions & principes. — Pierre Gilbert Crabos (1884-1914) fut un critique littéraire remarquable. Jeune disciple de Charles Maurras, il fut, sous le nom de plume de Pierre Gilbert, l'un des principaux animateurs de la "Revue critique des idées et des livres" aux côtés de Jean Rivain, Eugène Marsan, Henri Clouard et Jean-Marc Bernard. Il tint également la chronique théâtrale du quotidien royaliste "l'Action française" et y donna des articles de critique littéraire. Il mourut au front, à la tête de sa section, le 8 septembre 1914, dans les combats pour la défense de Vitry-le-François. — "L’œuvre de Pierre Gilbert a été recueillie et présentée au public par son ami Eugène Marsan en une première édition posthume très rapidement épuisée." (Anthologie des écrivains morts à la guerre 1914-1918, I, pp. 300-309) — "Comment ne pas évoquer ici les pages éblouissantes publiées, quelques jours à peine avant la mobilisation du 2 août 1914, par Pierre Gilbert, le jeune écrivain de la Forêt des Cippes. Dessinant, avec le plus lucide amour, la personnalité à la fois célèbre et méconnue du prince de Ligne, Pierre Gilbert souhaitait que l'on donnât comme épigraphe à nos règlements militaires cette adjuration dont les fracas inhumains de la guerre moderne ont étouffé le sublime écho : « Fussiez-vous du sang des héros, écrivait ce combattant impavide que fut le prince de Ligne, fussiez-vous du sang des dieux, si la gloire ne vous délire pas continuellement, ne vous rangez pas sous les étendards. » C'est sous les étendards français de 1914 que Pierre Gilbert devait trouver une mort dont son âme enthousiaste et charmante avait fait la sœur jumelle de la gloire..." (Pierre Escoube, Revue des Deux Mondes)
Histoire de la campagne française.
Grasset, 1938, in-12, 429 pp, broché, très bon état
2e tirage. La première édition est parue en 1932. — "L'Histoire de la campagne française de Gaston Roupnel est un petit chef-d'œuvre personnel – ou, si l'on préfère, un grand poème lyrique du meilleur connaisseur de nos campagnes de l'Est." (Lucien Febvre, Annales) — "M. Roupnel nous apporte de belles vues d'ensemble sur la campagne française. Réjouissons-nous de l'attention que les historiens français manifestent pour ce que furent dans le passé gens et choses de la terre. [L'auteur présente] cette hypothèse d'un grand peuple ligure venant de l'Est à l'époque néolithique et fondant la civilisation agricole de l'Europe occidentale, et cette autre hypothèse si ingénieusement construite, si habilement appuyée sur les traditions et usages qui se sont perpétués autour du manoir anglais, et d'après laquelle le régime domanial du Moyen Age trouve son origine dans un régime communautaire primitif : « sous le revêtement superficiel du système féodal, la communauté villageoise subsiste encore au Moyen Age comme la réalité profonde de nos campagnes » . Ce n'est pas seulement bien des traits du régime féodal que M. Roupnel fait remonter à cette communauté primitive ; l'organisation systématique des champs, l'existence des biens communaux, les contraintes collectives de l'exploitation rurale, autant de faits qu'il y rattache ; autant de questions qui ne sont pas sans préoccuper les géographes..." (Philippe Arbos, Revue de géographie alpine, 1933)
Le Général Curély. Itinéraire d'un cavalier léger de la Grande Armée, 1793-1815, publié, d'après un manuscrit authentique, par le général Thoumas.
Berger-Levrault, 1887, in-12, x-436 pp, un portrait de Curély en frontispice, reliure demi-basane fauve, dos à 4 nerfs soulignés à froid, titres dorés (rel. de l'époque), dos lég. sali, cachets de bibl. annulés, bon état
Édition originale. — Né en 1774, fils d'un petit paysan lorrain, Jean-Nicolas Curély s'est engagé en 1793. Il est nommé officier au lendemain de la bataille d'Afflenz où, à la tête de ses 25 hussards, il a vaincu un régiment entier de cavalerie autrichienne. Ses exploits au sein de la Grande Armée, sanctionnés par six blessures au combat, lui valent de monter rapidement en grade. Chef d'escadron après Wagram, il a servi en Espagne et en Russie. Lors de la campagne de France en 1814, il est un général de brigade audacieux et efficace. Mais, en dépit de son légendaire courage, son ralliement à l'Empereur lors des Cent-Jours lui vaudra d'être mis en retraite anticipée, situation qui lui pèsera énormément. Décédé en 1827, il a laissé ce manuscrit qui ne sera publié qu'en 1887. Ses mémoires permettent de mieux comprendre le rôle joué par la cavalerie durant les campagnes de l'Empire. — "Malgré son titre, il s’agit bien de mémoires sur les campagnes de 1805, 1806, 1807 et 1809. La Russie, l’Allemagne, Waterloo sont également évoqués dans un panorama complet qui ne s’élève jamais au dessus d’une stricte narration des aventures personnelles du brillant cavalier que fut Curély." (Tulard, 377)
Un village lorrain pendant les mois d'août et septembre 1914 : Réméréville.
P., Bloud et Gay, 1918, in-12, 59 pp, 4 pl. de photos et une carte en dépliant hors texte, état correct. Peu courant
Il s'agit d'un petit village voisin de la frontière, détruit au cours des batailles qui marquèrent le retour offensif des Allemands après la défaite de Morhange. Le livre donne le journal d'un habitant à partir du 1er août. — "Pendant la bataille du Grand Couronné, de nombreux villages lorrains, situés sur la ligne de feu, furent ensanglantés par le combat, détruits par les obus et brûlés par l’ennemi. Voici l’histoire de l’un d’eux. Le récit de ces journées a été fait d’après le témoignage des habitants eux-mêmes, qui n’ont abandonné leur maison que chassés par le feu ou contraints par l’envahisseur." — Par Charles Berlet (1878-1941), qui deviendra après la guerre le maire de cette petite commune à l'est de Nancy dont il raconte le martyre.
Les Gueules cassées.
P., Eugène Figuière, 1931, in-12, 255 pp, broché, bon état
"Cette évocation de la guerre, de ses tristes résultats, de son absurdité, est composée d’une pièce qui lui donne son titre et d'un certain nombre de nouvelles dont les héros, témoins ou acteurs du grand conflit, sont pris dans les différentes classes sociales. Écrite avec simplicité, sans effets oratoires, cette œuvre touche profondément" (La Revue du Centre, 1932)
Contes de la popote.
P., Crès, 1919, in-12, 369 pp, broché, dos bruni, bon état. Edition originale sur papier courant, envoi a.s. (nom du destinataire très proprement effacé)
"Il ne faut pas oublier la qualité des romans parus entre 1919 et 1930 : nous ne citerons que ceux de Dorgelès et d'autres moins connus : “Les Contes de la popote” d'Ernest Tisserand, “Le Cabaret” d'Alexandre Arnoux, “Vainqueurs” de Georges Gérard, “Infanterie” de Nody, “Noir et Or” d'André Thérive. C'est ce dernier romancier qui disait en 1930 : « ... pour la guerre ce sont les romans qui l'ont emporté comme témoignages. Le genre roman a fourni les œuvres les plus significatives. Les journaux de guerre, carnets de route, souvenirs n'ont obtenu qu'une audience et une influence réduites... »." (Jean-Claude Drouin, Annales du Midi, 1985)
Le Journal de Gottfried Mauser.
P., Ollendorff, 1916, in-12, iii-251 pp, broché, couv. illustrée (un soldat allemand le couteau entre les dents, une victime civile derrière lui), bon état. Edition originale sur papier courant
“Le Journal de Gottfried Mauser” a d'abord été publié en quatre épisodes dans le journal Le Temps des 16, 19, 25 décembre 1915 et du 1er janvier 1916. La version du livre, plus longue et définitive, a été éditée aux éditions Ollendorff en juin 1916. Emile Moselly nous fait entrer dans le quotidien d'un allemand, professeur de musique raffiné, pétri de culture romantique et animé de valeurs supérieures, enrôlé pour combattre dans les rangs de l’armée du Kronprinz et qui se révèle, au fur et à mesure de l’avancée des troupes allemandes à travers la Belgique jusqu'à l'arrivée en France, un acteur impitoyable des plus monstrueuses atrocités commises alors. E. Moselly ne décrit pas des faits de guerre, il raconte la barbarie qui se déchaîne contre les civils. L’abondance des détails et le réalisme des situations décrites forment une dénonciation véhémente des crimes de guerre. C’est ce qui donne toute sa valeur à cette contribution. J. Ernest-Charles dira : "M. Emile Moselly a voulu écrire le roman de la férocité allemande ; mais ce roman, c'est, à très peu de choses près, de l'histoire." L'ouvrage est une contribution significative d’Emile Moselly à l’effort de guerre et à la narration de son histoire.(Excelsior. Journal illustré quotidien, 8 juillet 1916) (JFrançois Chénin) — "M. Emile Moselly a supposé qu'un professeur de piano, Gottfried Mauser, écrit ses mémoires, depuis le 12 mai 1914 jusqu'au 20 octobre de cette même année, date à laquelle l'auteur fait mourir au feu son triste héros. M. Emile Moselly nous fait assister adroitement à la naissance soudaine de l'affreuse barbarie qui couvait dans l'âme de ce paisible professeur, et qui s'épanouit tandis qu'il fait la guerre en soudard, à la lueur des incendies et dans le tumulte des pillages." (Les livres de la guerre, août 1914, août 1916)
Les Fresques de feu et de sang. La Kultur déchaînée.
P., Sansot, s.d. (1916), in-12, 375 pp, 2e édition, broché, bon état
"Dans ce livre, M. François de la Guérinière a tracé les fresques de feu et de sang des premières périodes de la guerre ; c'est, en quelque sorte, dans le cadre d'un roman, un journal scrupuleusement tenu des événements les plus tragiques. La famille est assemblée à la veille de la guerre ; au premier appel chacun agit selon son devoir... Ajoutons que M. François de la Guérinière est un véritable écrivain." (Le Petit Provençal, 9 août 1916)
Art d'Ukraine.
Lausanne, L'Âge d'Homme, 1990 in-4°, 348 pp, 60 illustrations en couleurs sur 24 pl. hors texte et 112 illustrations en noir sur 40 pl. hors texte, appendices, notes, index, reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, bon état (Slavica, Ecrits sur l'art)
"Il y a très peu de publications sur l'art ukrainien. Nous avons en France et plus largement en Occident réalisé la plupart du temps des expositions de l’art russe ou de l’art slave. Les grandes expositions qui se sont tenues récemment au Louvre ou au musée d’Orsay présentaient une sorte de panorama d’une culture slave ou russe qui englobait l'Ukraine. Nous manquons cruellement d'outils de références, de données sur la culture ukrainienne et quand il en existe, ils sont souvent indisponibles. Art d'Ukraine, l'ouvrage fondamental de Valentine Marcadé, le seul livre en langue française sur les avant-gardes ukrainiennes, a été édité il y a trente ans et il est difficile aujourd’hui de se le procurer." (Sylvain Amic, directeur du musée des Beaux-Arts de Rouen) — "La publication du livre de Valentine Marcadé est un événement dans le processus d'approfondissement de la connaissance de la culture ukrainienne par l'Occident. L'aube de cette culture a été marquée par le brillant développement de l'art dans l'État kiévien. Cependant les péripéties néfastes de l'histoire dont le résultat fut l'appartenance du territoire de l'Ukraine à la Lituanie, la Pologne et la Russie ont produit, pour un observateur extérieur, une aberration selon laquelle la culture ukrainienne, fut amalgamée à la culture des nations voisines. La restitution de la vérité historique est le premier mérite du livre de V. Marcadé. Son deuxième mérite est la présentation des faits esthétiques dans le large contexte de la vie sociale et la démonstration de l'enracinement profond de l'art ukrainien dans les traditions folkloriques qui remontent parfois aux époques lointaines des Scythes et des colonies grecques sur les côtes de la mer Noire. Mais la spécificité la plus importante de ce livre est le choix bien fondé des chapitres de l'histoire de l'art ukrainien que l'auteur propose à notre attention. N'ayant évidemment pas l'intention d'écrire une histoire « complète et systématique » de l'art d'Ukraine, V. Marcadé se concentre sur les épisodes cruciaux de cette histoire, sur la période kiévienne, sur le développement de l'art ukrainien aux XVlle-XVllle siècles, sur la participation des artistes ukrainiens à la vie culturelle de l'Empire russe au XIXe siècle et sur l'avant-garde ukrainienne des premières décennies de notre siècle. Il faut dire qu'Art d'Ukraine contient beaucoup de faits et d'évaluations esthétiques qui sont nouvelles et originales. Plusieurs dizaines d'illustrations en couleur et en noir et blanc constituent également un des nombreux atouts du livre." (Victor Koptclov)
L'Histoire m'acquittera.
La Habana, Editorial de ciencias sociales, 1975, in-4°, 205 pp, 103 photos à pleine page, reliure vélin blanc de l'éditeur avec la signature dorée de Fidel Castro au 1er plat, étui cartonné illustrée d'une photo de Fidel, bon état
Bel album publié à Cuba de la traduction française du manifeste de Castro. Fidel Castro, jeune avocat de 27 ans, assure lui-même sa défense lors du procès engagé contre lui après l'attaque, le 26 juillet 1953, de la caserne Moncada à Santiago de Cuba, qui reste dans les mémoires le signal annonciateur de la Révolution cubaine. Sa plaidoirie fait événement et est l'un des manifestes de ce que l'on pourrait appeler le "fidelisme" en ce qu'il annonce le programme des révolutionnaires. Ce document historique éclaire utilement l'action de Fidel Castro, avant, pendant et après le procès. Il livre des clés essentielles pour comprendre l'originalité et la force de sa pensée politique qui ont contribué à la singularité de la Révolution cubaine.
La Gravure sur bois au XIXe siècle. L'âge du bois debout.
Editions de l'Amateur, 2001, in-4° (31 x 23), 286-(2) pp, préface de Pierre-Jean Rémy, de l'Académie française, nombreuses gravures dans le texte et à pleine page, annexes, bibliographie, index, table des illustrations et table générale en fin de volume, reliure toile éditeur, jaquette illustrée (reliure et jaquette un peu défraîchies - trace d'humidité ancienne), bon état, envoi a.s.
1. Histoire de la gravure sur bois d'illustration au XIXe siècle. 2. Dictionnaire des graveurs sur bois du XIXe siècle. Index des graveurs, illustrateurs, peintres, éditeurs. Index des livres et périodiques illustrés. — Cet ouvrage nous livre un parcours passionnant, qui commence avec les graveurs arméniens de Constantinople et s'achève avec Paul Gauguin. Deux inventions du XVIIIe siècle, la gravure sur bois debout et la lithographie, vont révolutionner l'image imprimée au siècle suivant. La plupart des peintres ou dessinateurs s'exprimeront directement sur la pierre (Delacroix, Daumier, Manet, Lautrec), mais dès qu'ils créeront des illustrations pour des livres ou des journaux, ils confieront leurs dessins à des graveurs sur bois. Ainsi, les artistes ont-ils la chance de voir leurs créations plus largement diffusées par les livres et par les magazines. Mais, hélas, l'histoire de l'édition et l'histoire de l'art n'ont que trop tendance à négliger le travail et le talent du graveur. Ce livre a le mérite d'éclairer enfin le rôle primordial des interprètes, ceux dont les mains expertes creusent les sillons dans le bloc de buis. Car c'est bien grâce à leur maîtrise que naissent au grand jour les vignettes célèbres imaginées par Tony Johannot, Grandville ou Gustave Doré. L'auteur dégage de nouvelles perspectives dans l'évolution technique et artistique de la gravure sur bois. Au-delà des frontières françaises, le sujet est élargi et relié aux pays voisins, et jusqu'en Amérique. Les échanges fréquents et fructueux imposaient un recul comparatiste, surtout par rapport à l'influence déterminante des Anglais, précurseurs et initiateurs de toute une génération de graveurs français et européens. L'étude historique de Rémi Blachon est doublée d'un Dictionnaire des graveurs tout pays confondus. A lui seul, ce Dictionnaire représente un hommage aux graveurs et constitue un instrument de recherche indispensable aux chercheurs: on n'en soulignera jamais assez la nouveauté et la nécessité. En outre, les notices et les annexes livrent de précieux compléments sur les pratiques, les enjeux et les motivations professionnelles.
Les Grands Procès.
PUF, 2007, in-8°, 447 pp, broché, couv. illustrée, bon état
Depuis le procès de Jésus jusqu’aux récents procès contemporains, les grandes affaires judiciaires ont passionné l’opinion et ont symbolisé diverses périodes de l’histoire. Cet ouvrage retrace, d’une manière vivante et avec rigueur, les différentes étapes de ces procès historiques dont les auteurs, familiers des prétoires, expliquent pourquoi ces moments judiciaires continuent d’exercer une telle fascination sur le public pour lequel c’est un affrontement où l’une des parties risque toujours son honneur, sa liberté et parfois même sa vie.
Paris, capitale de la France. Son histoire et ses monuments.
Charles-Lavauzelle, 1948, gr. in-8°, vi-213 pp, 48 gravures et photos, notes, biblio, lexique des termes d'art, index, broché, bon état
"Cet ouvrage ne saurait être par ses dimensions modestes un précis complet d'histoire... Il ambitionne seulement d'inspirer la curiosité affectueuse et compréhensive de Paris, de son passé, de ses monuments... Paris est saturé d'histoire..." (Préface)
La Théologie chrétienne, et la science du salut, ou L'exposition des veritez que Dieu a révelées aux hommes dans la Sainte Ecriture. Avec la refutation des erreurs contraires à ces véritez, l'histoire de la plupart de ces erreurs, les sentimens des Anciens Péres, & un abregé de ce qu'il y a de plus considerable dans l'histoire sainte & profane.
Genève, Gabriel de Tournes et fols, 1721, 3 vol. in-4°, 30 ff.-780, (6)-821-(2) et (8)-314-272-196 pp, nouvelle édition corrigée & augmentée d'un troisième tome, un portrait gravé de l'auteur, reliures plein vélin crème, dos à 6 nerfs filetés et soulignés à froid, encadrements et décor central à froid sur les plats (rel. de l'époque), bon état. Bel exemplaire, très frais et sans rousseurs
Édition définitive et augmentée, publiée pour la première fois en 1702, du principal ouvrage de théologie de Benedict Pictet (1655-1724), théologien réformé genevois. Pictet a beaucoup soutenu les huguenots, qu'ils soient restés en France ou réfugiés à Genève, entretenant une correspondance régulière avec de nombreuses personnalités du monde protestant (Antoine Court, Claude Brousson, pour n'en citer que quelques-uns). Le troisième volume contient des indice des principaux écrivains et docteurs de l'Église, des papes de Rome, des hérétiques, des Conciles, un Abrégé de l'histoire de l'Église et les Antiquitez judaïques.
Les années 60. Rêves et révolutions.
Editions Didier Carpentier, 2009, in-4°, 238 pp, très nombreuses photos en noir et en couleurs, reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, bon état
Flamboyantes années 60 ! Inventives, allègres, colorées, mais aussi rigoristes, violentes, sombres. De feu et de sang. De guerre et de paix. De rires et de larmes. Armées et désarmées. Tout en paradoxes. Cet ouvrage se présente comme la biographie "enchantée" d'une génération qui, de la guerre d'Algérie à Mai 68, du déferlement du rock'n'roll à la conquête spatiale, de l'explosion de la jeunesse à la libération des moeurs, entra dans l'ère de la consommation tout en exprimant une certaine idée de liberté, d'insouciance, de modernité. La chanson sert de fil conducteur au récit. Brassens, Brel, Ferrat, Ferré, Bécaud, Piaf, Barbara côtoient Hallyday, Cloclo, Anthony, Adamo, Vartan, Hardy, Sheila, puis la période "post-yé-yé" emmenée par Polnareff, Dutronc, Clerc... On retrouve également, au fil des pages, les grands artistes internationaux, chanteurs et groupes, qui ont parallèlement accompagné les grands bouleversements idéologiques et sociaux de l'époque, exerçant une influence notoire sur l'évolution de la musique en général et de la chanson française en particulier. De nombreuses photographies et documents, très colorés, redonnent vie à ces années lumière.
Récits d'une tante. Mémoires de la comtesse de Boigne née d'Osmond, publiés intégralement d'après le manuscrit original par Charles Nicoullaud.
Plon, 1908, 4 vol. in-8°, xxxv-505, 434, 448 et 547 pp, 3 portraits en frontispice, un fac-similé recto-verso, pièces justificatives, index, reliures demi-basane noire, dos à 4 nerfs soulignés à froid, titres, tomaisons et fleurons dorés (rel. de l'époque), dos lég. abîmés, mque la partie sup. du dos du tome 1, sinon bon état
Complet. Tome 1 : 1781-1814 ; Tome 2 : 1815-1819 ; Tome 3 : 1820-1830 ; Tome 4 : 1831-1866. Fragments. «Seul le tome I intéresse l’Empire. Il est particulièrement riche en anecdotes sur l’opposition royaliste (portraits de Mme Récamier, de Mme de Chevreuse, d'Alexis de Noailles, de Chateaubriand). Quelques détails peu connus sur le mécontentement suscité par les gardes d'honneur et la conscription. Mais on ne perdra pas de vue qu'il s'agit de l'œuvre d'un adversaire de l'Empire.» (Tulard, 173). Texte également capital pour l'Emigration (Fierro, 169), et, d'une façon générale, pour la Restauration : «Commencés en 1835 et tenus ensuite au jour le jour, ces mémoires intéressent la Restauration pour les vol. 2 et 3. Trait d’union entre la société impériale et les milieux liés à l’émigration, la comtesse de Boigne a joué un rôle non négligeable en 1814. Elle a ensuite suivi son père, ambassadeur, à Turin et à Londres, avant de se fixer définitivement en France. Après la Révolution de Juillet, elle a mis toute son influence au service du nouveau régime. Du fait de sa liaison intime avec Pasquier, elle a pu connaître bien des choses.» (Bertier, 131).
Mémoires du comte Roger de Damas, publiés et annotés par Jacques Rambaud. Tome I : Russie, Valmy et Armée de Condé, Naples (1787-1806).
Plon, 1912-1914 in-8°, xxviii-487 pp, un portrait en couleurs sous serpente légendée, un portrait en noir et une carte dépliante hors texte, broché, couv. lég. abîmée, bon état (Tulard, 388)
Tome I seul (sur 2) — "Au service de la Russie en 1788, Roger de Damas retrouve Paris en décembre 1789 à l'occasion d'un congé. Ne reconnaissant plus la France où il avait grandi, il repart pour la Russie puis combat la Révolution dans les armées prussienne et de Condé avant de se réfugier à Naples en 1798, puis à Vienne. Ayant commencé à rédiger ses mémoires à partir de 1800, il consacre le premier volume à l'époque qui va de 1787 à 1806, racontant Valmy, les campagnes d'Allemagne, la résistance des armées napolitaines aux troupes du Directoire. Ses souvenirs témoignent de son intelligence et de sa lucidité ainsi que de l'admiration en tant que militaire qu'il vouait à Bonaparte tout en le combattant" (Fierro, 388). — Document de premier ordre. Mémoires "objectifs" et pourvus d'un remarquable appareil critique. Parmi les tous premiers à lire sur la période.
Les Œuvres complètes, iIllustrées de gravures de l'époque de l'auteur et comprenant les suites monumentales de Boucher, Coypel, Moreau le Jeune, Buguet, Desenne, Johannot, Horace Vernet, Hédouin et de la suite dite "inconnue".
P., Jean de Bonnot, 1983-1984, 6 vol. in-8°, xiii-(16)-361-(47 ff ), 445-(10 ff), 403-(34 ff), 454-(10 ff), 378-(50 ff), 331-(78 ff) pp, très nombreuses gravures de l'époque hors texte, dont un frontispice à chaque volume, bandeaux et culs-de-lampe, reliures plein cuir noir de l'éditeur, plats ornés à froid et fers dorés, dos très ornés de fers et titre dorés dans le style du XVIIe s., tranches sup. dorées, signet, imprimés sur papier vergé, très bon état
Complet en 6 volumes. — Edition intéressante pour la reproduction des grandes suites de gravures des premières éditions de Molière au XVIIe siècle (Boucher, Coypel, Moreau le Jeune, Buguet, Desenne, Johannot, Horace Vernet, Hédouin et la suite dite "inconnue"), mais aussi des reproductions d'autres illustrations dont 6 frontispices (un par volume) représentant des portraits de Molière, ainsi que 2 partitions de musique de Lully pour deux pièces musicales.
Le Monde de Vézelay. Poèmes de Paul Claudel.
La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1967, pt in-4°, 198 pp, 79 héliogravures hors texte, 4 pl. en couleurs hors texte, 12 illustrations à pleine page, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Les Points Cardinaux 15)
Un album de magnifiques photographies des sculptures de Vézelay se mêlant au texte de la Cantate à trois Voix de Claudel. En avril 1940, le grand poète catholique Paul Claudel vint à Vézelay et passa cinq jours chez Romain Rolland, son ancien condisciple de Louis Le Grand avec lequel il venait de renouer. Il avait dans l'idée de mettre à l'abri en province Rosalie Scibor-Rylska, son ancienne passion de Chine (et le modèle de l'Ysé du “Partage de Midi”), ainsi que la fille qui en était née, Louise Vetch. Il ne s'agissait plus que de convaincre le couple Rolland de les accueillir chez eux. Claudel comptait sur l'appui de Marie Rolland qu'il venait de convertir. Il aspirait également à faire rentrer dans le giron de l'Église l'auteur de “Colas Breugnon”... La correspondance entre les deux écrivains témoigne de l'intensité spirituelle de leurs échanges. Rosalie et Louise arrivèrent à Vézelay en juin, en pleine débâcle, et ne rentrèrent à Paris qu'en novembre. Claudel revint visiter Rolland, malade, en avril 43. Après la Libération, Rosalie, puis Louise, habitèrent Vézelay, dans l'ombre de la pécheresse aux longs cheveux. Claudel avait donc plusieurs raisons d'être attaché à ce lieu. En 1948, une préface à un livre de photographies de Vézelay lui donna l'occasion de multiplier les images poétiques en l'honneur de la blondeur de la basilique (deux citations). Après sa mort, “Le Monde de Vézelay” (1967) réunissait, par les soins avisés des éditions Zodiaque, des photos de la Madeleine et des textes de lui, textes et images s'enchaînant pour former un splendide poème visuel.
Etienne Marcel, prévot des marchands (1354-1358).
P., Imprimerie Nationale, 1874, in-folio (35 x 25 cm), xliii-395 pp, introduction par L.-M. Tisserand sur les prévôts des marchands antérieurs à Etienne Marcel, reliure bradel cartonnée papier vert de l'éditeur, intérieur propre et frais, mais 2e plat détaché et coiffe sup. arasée, état correct (Coll. Histoire générale de Paris). Edition originale
"Le présent ouvrage, agréé en 1869 par l'ancienne Commission municipale des Travaux historiques, et imprimé en placards, aurait paru en 1870, si les circonstances en avaient permis la publication. Repris en 1871, dans l'état où les événements l'avaient laissé, c'est-à-dire privé des reproductions de miniatures et de documents originaux réunis par l'auteur et détruits dans l'incendie de l'Hôtel de Ville, il eût pu être publié dans les premiers mois de 1872 ; mais d'autres ouvrages, également en cours d'impression et se rattachant à des volumes déjà mis au jour, ont dû passer en première ligne. D'autre part, il était nécessaire d'établir pour ce livre, comme pour tous ceux de la collection , une table analytique détaillée, et de placer en tête, conformément au vœu de la Commission, une introduction sommaire où seraient exposés les actes des prédécesseurs d'Etienne Marcel. C'est ainsi qu'a été retardée jusqu'en 1874 la publication d'un ouvrage imprimé il y a près de cinq ans. (Novembre 1874)" (Avant-propos)
Notre espion chez Hitler.
Nouveau Monde éditions, 2011, in-8°, 339 pp, préface de Frédéric Guelton, annexes, notes, broché, couv. illustrée, bon état
Pendant dix ans, un Allemand dont le frère occupait les plus hautes fonctions dans l'armée du IIIe Reich a livré à la France, et à travers elle à la Pologne et aux Alliés, les informations les plus secrètes sur le réarmement de l'Allemagne, la réoccupation de la Rhénanie et les plans de conquête de l'Europe. Mais il a surtout fourni de précieux renseignements techniques sur la mystérieuse machine à chiffrer des Allemands : Enigma. Son nom : Hans-Thilo Schmidt, nom de code H.E. Ce fils dévoyé d'une grande famille berlinoise était assurément l'une des plus belles prises du renseignement français face aux menées d'Hitler. Pourtant, jusqu'en août 1939, le gouvernement et le haut commandement n'ont tenu aucun compte de ses informations. Et cet espion, qui permit aux Alliés de gagner la "guerre du chiffre", connut une fin tragique. Comment et pourquoi un tel gâchis et une telle réussite ont-ils été possibles ? Placé au coeur de cette affaire d'espionnage militaire, Paul Paillole nous livre ici les faits. Son témoignage, appuyé par une enquête auprès des acteurs clés, reste une contribution majeure à l'histoire de la Seconde Guerre mondiale et des services secrets français.
Léon Bloy. Choix de textes et préface par Albert Béguin.
Fribourg, Egloff, et P., LUF, 1946, in-12, 309 pp, typographie très soignée sur vélin teinté, chronologie, biblio, broché, couv. à rabats, bon état (Coll. Le Cri de la France)
Edition soignée, imprimée sur vélin par Kundig à Genève. Spécialiste reconnu du romantisme allemand et de la poésie, professeur à l’université de Bâle, fondateur pendant la guerre des Cahiers du Rhône, Albert Béguin (1901-1957) a dirigé la revue Esprit après la mort d’Emmanuel Mounier, de 1950 à 1957. Pendant la guerre, Béguin est en relation avec quelques éditeurs suisses, comme Walter Egloff, qui créé une collection d’anthologies au titre explicite « Le Cri de la France » où Béguin publia sa célèbre traduction du Livre du Graal (1944) et des anthologies consacrées à Léon Bloy et saint Bernard de Clairvaux.
Bourgogne Romane.
La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1986, gr. in-8°, 328 pp, 8e édition, 133 héliogravures et 10 pl. en couleurs hors texte, carte, nombreux plans, index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, sous étui carton, bon état (la Nuit des Temps, 1)
Dijon, Tournus, Cluny, Berzé-la-Ville, Paray-le-Monial, Saulieu, Autun, Vézelay, portraits du Brionnais.
Oradour, le verdict final.
Seuil, 2009, in-8°, 332 pp, traduit de l'anglais, 31 pl. de photos hors texte, 3 plans, sources, glossaire, broché, couv. illustrée, bon état, envoi a.s.
Le 10 Juin 1944, une unité de la division Das Reich massacre 642 personnes dans le village d'Oradour-sur-Glane. Grâce aux multiples témoignages qu'il a pu recueillir, Douglas W. Hawes resitue cette tragédie dans le contexte particulier du Limousin et de la période qui suit le débarquement. Il raconte jour par jour, heure par heure, la marche à la tragédie. En 1953, près de neuf ans après les faits, s'ouvre à Bordeaux le procès de vingt et un membres de la SS. Parmi les inculpés, seulement sept Allemands. Les autres, tous Alsaciens, étaient pour la grande majorité des "malgré-nous". Qui ordonna le massacre ? Pourquoi ? Les Alsaciens étaient-ils victimes, tueurs, ou les deux à la fois ? Et que dire de l'absence des officiers SS au tribunal ? Afin de fournir des éléments de réponse à toutes ces questions, l'auteur a pu avoir accès à des archives des services secrets récemment ouvertes aux États-Unis. Cet ouvrage, construit avec beaucoup de rigueur et très solidement documenté, s'interroge sur la responsabilité de chacun et donne un nouvel éclairage à la tragédie d'Oradour. Un travail d'historien pour la mémoire.
Les Pionniers du spiritisme en France. Documents pour la formation d'un livre d'or des sciences psychiques.
P., Librairie des Sciences Psychologiques, 1906, gr. in-8°, 479 pp, avec 62 portraits hors texte, broché, dos abîmé recollé, état correct. Edition originale. Rare
Ouvrage rare, orné de 62 portraits tels que ceux de Alan Kardec, Cahagnet, Guérin, A. de Rochas, Léon Denis, Baraduc, Delanne, Leymarie, René Caillé, etc. — "Cet ouvrage comprend deux parties : 1) La Page des Ainés, où sont représentés, par des extraits de leurs œuvres relatives au spiritisme ou inspirées par lui, tous les grands hommes de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. – 2) Les Contemporains (et c'est la partie la plus importante de l'ouvrage) qui ont bien voulu exposer dans des études, pour la plupart inédites, leur opinion sur le spiritisme et la science psychique. Le spiritisme n'a guère plus d'un demi-siècle d'existence, et déjà son histoire est considérable. Peu de spirites – nous parlons des nouveaux – la connaissent. Mais où trouver cette histoire ? Quel en est l'historien ? Nous croyons que l'ouvrage, si consciencieusement préparé par M. Malgras, sans avoir la prétention d'être cette histoire, sera du moins la première pierre de l'édifice qui sera élevé un jour à la gloire de notre antique doctrine, passagèrement éteinte pendant de longs siècles et qui vient si merveilleusement de ressusciter et de se rajeunir au souffle des temps nouveaux. Une grande lacune sera en partie comblée, au moins en ce qui concerne la France, berceau du fondateur du spiritisme. Ceux qui ignorent encore presque tout de la science psychique trouveront dans ce livre des exposés clairs et précis des principes les plus importants sur lesquels elle est établie et ils y verront que cette science, si décriée de la masse ignorante et pour laquelle la science officielle a jusqu'ici affiché tant de dédains, est pourtant l'étude de prédilection de tout ce qui constitue, en France (comme à l'étranger, d'ailleurs), la Haute Intellectualité." (L'Initiation, publiée sous la direction de Papus, 1906)
Mémoires. I. Avoir toujours raison... c'est un grand tort. – II. Si tel doit être mon destin ce soir...
Plon, 1983-1984, 2 forts vol. gr. in-8°, 691 et 691 pp, brochés, couv. illustrées, bon état
Deux fois président du Conseil sous les septennats de Vincent Auriol et de René Coty, puis ministre de l'Agriculture et de l'Education nationale auprès du général de Gaulle, Edgar Faure est ainsi le seul homme d'Etat qui, après avoir dirigé le gouvernement de la IVe République, ait joué un rôle de tout premier plan au cours de la Ve, alors que le fondateur de celle-ci se trouvait à sa têt. C'est assez dire l'importance que vont revêtir ses Mémoires qu'il se décide enfin à publier. — "C'est le second ministère Edgar Faure (février-décembre 1955) qui constitue la substance du deuxième tome des Mémoires de l'ancien président du Conseil. On y trouve relaté par le menu le bilan, parfois complaisant, mais largement exact d'une œuvre gouvernementale considérable comportant la réintégration de l'Allemagne dans la communauté atlantique, la relance de la construction européenne, l'ouverture à l'Est, le règlement du problème marocain et même, s'il faut en croire l'auteur, l'ébauche d'une restructuration d'ensemble de l'Empire français, qui aurait offert une solution au problème algérien, voire une réforme institutionnelle destinée à assurer la stabilité de l'exécutif. Sans compter cette poursuite de « l'expansion dans la stabilité », inaugurée en 1953 sous le ministère Laniel et qui permet de porter à l'actif d'Edgar Faure la plus belle période économique de la Quatrième République. Un ouvrage foisonnant, riche en détails parfois inédits, au style agréable et scintillant d'un humour qui n'épargne pas son auteur." (Serge Berstein, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1985)
La Révolution c'est l'Orléanisme. Quatrième édition. Revue, corrigée et augmentée de plusieurs nouveaux documents inédits et autographiés.
P., Dentu, et Aux Bureaux de la Gazette de France, 1852, in-12, vi-278 pp, 7 lettres autographes sur 13 feuillets dépliants hors texte (sur 10 lettres : manque la lettre de M. de Rumigny et 2 lettres (sur 3) d'Odilon Barrot ; et il manque un quart (déchirure) du premier fac-similé : lettre de Louis-Philippe à la reine de Naples envoyée de Palerme en juillet 1808), sinon exemplaire dans une jolie reliure demi-veau cerise, dos lisse avec titres dorés, fleurons à froid et triples filets dorés (rel. de l'époque), coins lég. émoussés, bon état
4e édition, en partie originale, parue la même année que l'originale. Journaliste, Lourdoueix (1787-1860) reçut le titre de baron sous la Restauration. Chef du département des belles-lettres auprès du ministère de l'Intérieur en 1821, puis censeur royal en 1827, il fut également collaborateur au Spectateur et au Mercure de France, collaborateur puis directeur de la Gazette de France de 1849 à 1860, et directeur du Défenseur du peuple, journal politique, agricole et industriel de 1850 à 1852. Ami de Genoude, il soutint les ultras à partir de la Révolution de 1830. Partisan des légitimistes qui prétendaient concilier les traditions religieuses et monarchiques aux acquis sociaux et libéraux de l'époque, il finit par rejoindre le camp des Orléanistes en luttant pour la défense de la souveraineté du peuple et du suffrage universel.
Une Amérique française, 1760-1860. Dynamiques du corridor créole.
Les Indes savantes, 2015, gr. in-8°, 316 pp, 4 illustrations dans le texte, broché, couv. illustrée, bon état
La Guerre de Sept Ans (1756-1763) ne peut plus être considérée comme la fin de l’Amérique française. Certes l’État français disparaît du continent nord-américain (excepté pour une brève parenthèse en 1800 et 1803), mais les dynamiques culturelles, sociales, démographiques l’emportent ici sur les événements d’ordre guerrier ou politique. Un vaste « corridor créole », qui court des Grands Lacs au golfe du Mexique le long de la vallée du Mississippi et qui inclut les basses vallées de tous les affluents de la grande rivière, se forme alors et existe jusqu’au milieu du XIXe siècle, jusqu’à ce que d’autres dynamiques mettent fin à son existence. Ce vaste ensemble demeure animé par des migrations francophones, internes ou venues des vallées du Saint-Laurent ou de la rivière Rouge, ou encore depuis la France elle-même. Ce volume collectif témoigne dans leur variété de la vigueur des recherches récentes sur le sujet. De la Louisiane à Détroit en passant par Sainte-Geneviève, Saint-Louis ou Vincennes, ce sont tous les pôles de développement de cette Amérique française qui sont analysés, du temps des révolutions atlantiques à la veille de la Guerre de Sécession quand les États-Unis cherchent encore la meilleure définition d’eux-mêmes et que les francophones doivent trouver leur place dans les évolutions de la jeune République. En croisant l’histoire culturelle et celle des relations internationales, les approches genrées et l’histoire des missionnaires, l’histoire des réseaux migratoires et celle du patrimoine, la question de la langue et celle du métissage, les auteurs espèrent donner à lire une autre Amérique. — 10 études érudites (6 en anglais).
La Révolution française racontée par un diplomate étranger. Correspondance du bailli de Virieu, ministre plénipotentiaire de Parme, 1788-1793.
Flammarion, s.d. (1903), gr. in-8°, xxxi-504 pp, un portrait en frontispice, annexes, broché, couv. lég. salie, bon état
Jean-Loup, bailli de Virieu-Beauvoir (1731-1803) fut d'abord militaire au régiment d'infanterie d'Enghien puis passa au service de Philippe, duc de Parme, dont il devint rapidement lieutenant-général de ses troupes. Il fut fait Commandeur et Bailli de l'Ordre de Malte. En 1788, il succéda au comte d'Argental comme ministre à la Cour de France; en 1789, il remplaça le bailli de Labriane, décédé, avec le titre de chargé d'affaires de Malte. Il resta en poste jusqu'en septembre 1793, date de son départ pour la Suisse, après avoir été emprisonné, puis libéré sur ordre de Danton.
Marie-Louise d'Orléans, reine d'Espagne. [1662-1689].
Plon, 1923, in-12, 248 pp, notice biographique de Sophie Gay par Amélie Carette, cartonnage papier fantaisie (rel. de l'époque), dos lisse, pièce de titre papier avec titres en noir (frottée), bon état (Œuvres des grands romanciers du XIXe siècle adaptés pour la jeunesse par Mme Carette, née Bouvet)
Fille de Philippe Ier, duc d’Orléans, et d'Henriette d'Angleterre, petite-fille de Louis XIII et d'Anne d’Autriche, nièce de Louis XIV, la princesse Marie-Louise d'Orléans, dite « Mademoiselle d'Orléans » ou simplement « Mademoiselle », est née le 26 mars 1662 à Paris et morte le 12 février 1689 à Madrid. Elle fut reine d'Espagne, de Sicile et de Naples, duchesse de Bourgogne, de Milan, de Brabant, de Luxembourg et de Limbourg et comtesse de Flandre et de Hainaut par son mariage avec le dernier roi issu de la branche espagnole de la maison de Habsbourg, Charles II. — Sophie Gay (1776-1852) tint un salon célèbre qui fut fréquenté par tous les écrivains, musiciens, acteurs et peintres distingués de son temps, attirés par sa beauté, sa vivacité et ses nombreuses qualités. Elle est la mère de Delphine de Girardin.
Histoire du Costume en Occident, de l'Antiquité à nos jours.
Flammarion, 1965, in-4°, 448 pp, texte sur 2 colonnes, 817 illustrations en noir et 355 en couleurs, biblio, index, reliure toile éditeur, sans la jaquette, bon état
De la rude vêture préhistorique à l'harmonie étudiée du costume antique, de l'habillement grave du Moyen Age aux modes recherchées et fantaisistes du vêtement des temps modernes, cet ouvrage n'est pas une énième histoire du vêtement mais plutôt une analyse transversale de ce phénomène complexe qu'est le costume, de ses données matérielles à ses motivations psychologiques. Dressant un panorama vaste et complet, l'auteur s'emploie à explorer l'évolution des formes du vêtement en liaison avec l'histoire des mœurs, sa fonction comme signe social ainsi que son rôle taxinomique entre âges, classes, fonctions ou professions mais aussi son statut en tant que reflet de l'expression personnelle de l'individu. Un outil indispensable pour tous ceux souhaitant avoir une connaissance exacte et précise du sujet.
De Gaulle/Pétain. Règlements de comptes.
Perrin, 2008, in-8°, 236 pp, traduit de l'anglais, notes, broché, couv. illustrée, bon état
« En février 1945, François Mauriac confiait à son fils Claude que le sort de Pétain était le “grand souci” du Général. A cette date, une confrontation Pétain/de Gaulle par le verbe faisait même l’objet d’un projet éditorial. Sans rejeter l’idée, le Général estima celui-ci “inopportun”. Et si l’heure était venue de régler ces comptes par le biais de la confrontation historique ? Telle est l’entreprise que nous avons poursuivie dans le livre : éclairer d’un point de vue original les tenants d’une aventure conflictuelle mais jamais interrompue. Notre parcours, sans être strictement biographique, s’apparente aux “vies parallèles”, chères aux auteurs classiques. Sur les choix stratégiques avant et après 1914, sur leurs rapports humains et hiérarchiques, sur leur rôle en mai-juin 1940, en novembre 1942 ou encore en 1945, le lecteur trouvera les pièces du dossier. A lui d’en tirer d’éventuelles leçons. » (H. L.) — "Le mérite d'Herbert Lottman est de donner au lecteur les pièces d'un puzzle complexe sans imposer ses conclusions. On est loin de la légende sulpicienne. Au fil des pages on découvre un Pétain très conscient du rôle de l'aviation dès les années vingt, et un de Gaulle entrant progressivement dans son nouveau rôle en Juin 1940." (Eric Roussel, Le Figaro littéraire, 20 mars 2008)
Ninon de Lanclos. Nouvelle édition remaniée et augmentée de portraits et de documents inédits.
Emile-Paul Frères, 1925, in-12, viii-382 pp, 6 pl. de portraits et gravures hors texte, dont le frontispice, œuvres de Ninon de Lanclos, biblio, index, broché, bon état
"Il faut féliciter M. Émile Magne pour le livre qu'il vient d'écrire sur Ninon de Lenclos, parce que l'ouvrage est fort bien écrit, amusant, attrayant, émaillé d'anecdotes et de faits qui le placent admirablement dans son époque. (...) Avertis par la légende, nous avions considéré jusqu'ici Ninon de Lenclos comme une courtisane, avec tout ce que ce mot comporte de préjugés. La renommée de son esprit et de sa beauté était grande, mais enfin c'était une fille qui vendait ses faveurs aux plus offrants, et ils furent nombreux. Voilà où nous en étions. Eh bien, c'était une erreur, car il paraît que Ninon fut une vertu qui eut simplement de grands besoins d'argent. Son panégyriste est bien forcé d'avouer cependant les trente années de libertinage de la belle, trente années pendant lesquelles un seul amour un peu joli, un peu propre, celui de Villarceau qui lui consacra quatre ans, illumina sa vie mouvementée. Tout le reste ne fut que passade, animalité, intérêt. (...) Oui, sans aucun doute, Ninon a été une femme à la mode : sûrement intelligente, sûrement spirituelle, certainement bonne, dans l'âge mûr surtout, mais aussi une débauchée. (...) Par conséquent, malgré la fin édifiante de Ninon, malgré les opinions de Madame, duchesse d'Orléans, de Mme de la Sablière et de la marquise de Sévigné (en voilà une qui devait être snob) qui était une autorité à cette époque, nous pensons que ce qu'il faut admirer le plus dans ce livre, c'est le talent avec lequel il est fait et la foi de son auteur." (M. Quatrelles l'Epine, Revue des études historiques)
Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution. Tome IV - Deuxième partie : Charles VII, Louis XI et les premières années de Charles VIII (1422-1492). Par Ch. Petit-Dutaillis.
Hachette, s.d. (v. 1930), gr. in-8° carré, 456 pp, 24 pl. de gravures hors texte, reliure demi-maroquin noir, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres dorés (pas de tomaison), couv. conservées (rel. de l'époque), nerfs lég. frottés, bon état
Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution. Tome IV - Première partie : Les premiers Valois et la guerre de Cent ans (1328-1422). Par A. Coville.
Hachette, 1931, gr. in-8° carré, 448 pp, manque la page de titre, soulignés à froid, titres dorés (pas de tomaison), couv. conservées (rel. de l'époque), bon état
Histoire de France depuis les origines jusqu'à la Révolution. Tome II - Deuxième partie : Les Premiers Capétiens (987-1137). Par A. Luchaire.
Hachette, 1932, gr. in-8° carré, 417 pp, 24 pl. de gravures hors texte, reliure demi-maroquin noir, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres dorés (pas de tomaison), couv. conservées (rel. de l'époque), un nerf lég. frotté, bon état
La période couverte par cet ouvrage (987-1137) est celle de l'ascension d'une famille, de la lente, difficile mais irrésistible "remontée" du pouvoir du roi de France assurée par cinq rois seulement : Hugues Capet (987-996), Robert le Pieux (996-1031), Henri Ier (1031-1060), Philippe Ier (1060-1108) et Louis VI (1108-1137) : d'une race vigoureuse, prudente, avisée, ils ont préparé les règnes de Philippe Auguste puis de Saint-Louis, qui assoiront l'hégémonie française sur l'Occident. (...) Cette contribution d'Achille Luchaire est un véritable monument d'une érudition, d'une exactitude et d'une vigueur sans pareilles.
Histoire de France.
Fayard, 1942, in-12, 560 pp, broché, papier lég. jauni, bon état (Coll. Les Grandes études historiques)
"Ce livre a fait du bruit, a été beaucoup lu et l'est encore, non sans raison ; il ne prétend pas être d'érudition, ni bien original ; il se contente de développer cette idée que personne aujourd'hui ne conteste : c'est la monarchie française, ce sont les rois, et surtout les Capétiens, qui ont construit la France dans un travail lent et patient de plus de dix siècles. L'auteur groupe en vingt-deux tableaux les grandes époques de l'histoire de France, depuis la conquête par les Romains, jusqu'à la dernière guerre et ses suites. Après avoir résumé dix siècles en trois chapitres, dans lesquels tout d'abord il montre comment les Carolingiens et les héritiers de Clovis jetèrent les bases ethniques, territoriales et sociales sur lesquelles travaillèrent les vrais fondateurs, les Capétiens, il aborde ceux-ci, raconte dans trois autres chapitres leurs premiers efforts et leurs luttes pour se soustraire au chaos féodal. Enfin, il pénètre au cœur de son programme avec Louis XI, et expose en détail les résultats de ce règne et des suivants, qui aboutissent à organiser de toute pièce la monarchie, c'est-à-dire la nation française. On peut dire qu'avec Louis XIV, et surtout à partir de Louis XV, c'est la Nation qui se forme, pendant que la royauté, surmenée par le grand roi, penche sur son déclin. Nous avons donc dans les dix derniers chapitres la partie vraiment neuve, vivante et instructive de l'ouvrage. (...) Le rôle néfaste des philosophes, l'opposition étroite et obstinée des parlements, la maladresse des ministres qui les rappelèrent, y compris Turgot, l'incapacité de Necker et autres fauteurs de cette Révolution sont suffisamment mis en lumière. L'auteur ne méconnaît ni Napoléon Ier, ni les Bourbons, ni Louis-Philippe, et il souligne leurs fautes comme leurs mérites ; il rend justice à Napoléon III et à la troisième république..." (P. Richard, Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1925) — Quand il était au collège, Jacques Bainville n'aimait pas l'histoire. Que discerner dans ce tissu de drames sans suite, cette mêlée, ce chaos ? Lui voulait savoir "pourquoi les peuples faisaient des guerres et des révolutions, pourquoi les hommes se battaient, se tuaient, se réconciliaient". Déjà célèbre pour son intelligence des relations internationales, il se plongea deux ans dans l'écriture d'une Histoire de France qui paraîtrait en 1924 et serait un immense succès de librairie : 160 000 exemplaires tirés avant 1940. Ce grand ouvrage embrasse d'un seul regard, où l'élégance du style le dispute à la hauteur de l'analyse, le destin de la nation française de la Gaule romaine au premier après-guerre. Livre de chevet d'une génération, il est de ceux où l'intelligence, au-delà des partis pris politiques, vient sans cesse éclairer "l'inerte matière historique".
Auvergne romane. Texte et plans du chanoine Bernard Craplet, photographies inédites de Gérard Franceschi.
La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1958, gr. in-8°, 252 pp, 120 héliogravures sur 80 pl. hors texte, 2 pl. en couleurs hors texte, cartes et plans, reliure toile éditeur, jaquette illustrée (avec pt mque en coin), bon état (la Nuit des temps 2)
L'Auvergne est l'un des hauts lieux de l'art roman français. Cinq églises du Puy-de-Dôme ont ainsi reçu l'appellation d'« églises majeures » car elles constituent des joyaux de l'art roman auvergnat. Toutefois, à côté de ces remarquables manifestations architecturales il existe toute une constellation d'édifices discrets, rustiques qui méritent d'être reconnus. N'est-il pas courant, en effet, de dire que plus de deux cent cinquante édifices romans sont présents en terre auvergnate !
Histoire de la Tour Eiffel.
Plon, 1964, in-8°, 252 pp, 23 gravures et photos sur 16 pl. hors texte, 7 illustrations dans le texte, notes, cart. éditeur, jaquette illustrée par Bernard Buffet, bon état
Les expositions internationales du XIXe siècle ; Gustave Eiffel ; Genèse de la tour ; Combats pour la tour ; Combats autour d'elle ; Description de la tour ; Le 31 mars 1889 ; Du 6 mai au 6 novembre 1889 ; Vie quotidienne de la tour en 1889 ; La tour dans la littérature et dans l'art ; La tour, la science et la guerre. — "La tour Eiffel est en quelque sorte un cadeau d'anniversaire à la Révolution française. Dans l'esprit de ses organisateurs, l'Exposition de 1889 était destinée à consoler nos compatriotes du désastre de 1870, en célébrant dignement les événements de 1789. Lockroy, ministre du commerce et de l'industrie de l'époque, avait décidé que le clou de la manifestation serait une tour de 300 mètres. Ce vœu pouvait paraître une chimère : à deux reprises, en 1833 et en 1874, les Anglais, puis les Américains, avaient songé, mais sans y donner suite, à bâtir "une tour de 1 000 pieds". Un concours fut organisé : parmi sept cents projets, un fut retenu, celui de Gustave Eiffel. Cet ingénieur n'était pas un inconnu, tant s'en faut. Né en 1832, dans la capitale de la moutarde, le jeune Gustave, recalé à l'oral de Polytechnique, entra à Centrale. Son premier ouvrage, il l'accomplit à vingt-six ans, pour la Compagnie des chemins de fer du Midi : ce fut le pont de Bordeaux. Peu avant la guerre de 1870, il s'établit à son compte en fondant à Levallois, les " Ateliers de constructions mécaniques "... Dès sa naissance, la tour Eiffel suscita des passions. "La Ville de Paris va-t-elle donc s'associer plus longtemps aux baroques et mercantiles imaginations d'un constructeur de machines pour s'enlaidir irréparablement et se déshonorer ? Car la tour Eiffel dont la commerciale Amérique elle-même ne voudrait pas, c'est le déshonneur de Paris", déclarait abruptement la pétition des artistes contre "l'inutile et monstrueuse tour Eiffel". Parmi les signataires : Meissonnier, Gounod, Charles Garnier, Victorien Sardou, Alexandre Dumas, François Coppée, Leconte de Lisle, Sully-Prudhomme, Maupassant et Clemenceau... Inutile ? A sa naissance, certes, tour de fer et tour de force, elle n'avait aucun but pratique. Par la suite elle devait être un précieux instrument pour trois découvertes inouïes : la télégraphie sans fil, l'aviation et la télévision. D'autre part, la tour Eiffel est aujourd'hui le monument le plus visité de France..." (Elvire de Brissac, Le Monde, 1964)
Massignon / Abd-el-Jalil – Parrain et filleul, 1926-1962. Correspondance rassemblée et annotée par Françoise Jacquin.
Editions du Cerf, 2007, gr. in-8°, 298 pp, préface par Francis Borrmans, annexes, index des noms propres cités, broché, couv. illustrée, bon état
Trente-six ans d'échange épistolaire (1926-1962) font revivre ici l'émouvant parrainage entre l'illustre islamologue et son étudiant marocain devenu franciscain et prêtre après son baptême en 1928. Louis Massignon, en un premier temps, s'efface devant l'œuvre de la grâce ; mais cette réserve fait vite place à ses confidences d'homme déchiré par de multiples et paradoxales exigences. Décontenancé par ces excès, le jeune Jean-Mohammed minimise ses propres souffrances : la rupture avec les siens, l'incompréhension de ses confrères, sa mauvaise santé, la tension entre une vocation de recherche scientifique et de ministère pastoral, les offenses que son pays d'adoption fait subir à sa terre natale. "Unis par le haut et l'intime de l'âme" confie le filleul à son parrain, ils vont s'engager dans le même combat pour l'islam : spirituel, par la prière, qui n'est pas prosélytisme, et politique, pour l'indépendance du Maroc, dans le respect de la parole donnée. Si cette correspondance reflète plus de souffrance que de sérénité, les témoignages de respect et d'affection mutuels surabondent : "Votre amitié, écrit Massignon en 1951, est arrivée à briser ce mur et je vais pouvoir connaître quelques détours de plus de cette chaîne d'Amour que la grâce divine a passée et nouée à travers toutes les péripéties de ma vie, avec une si déchirante beauté." — In this book, thirty-six years of mutual correspondence (1926-1962) revive the poignant mentoring by the renowned Islamologist of his Moroccan student, who became a Franciscan and a priest after his baptism in 1928. At first, Louis Massignon retreats behind the work of grace; but his reserve soon gives way to the confidences of a man torn by numerous and paradoxical demands. Disconcerted by these excesses, young Jean-Mohammed minimises his own sufferings: the rupture with his family, his colleagues' incomprehension, his poor health, the tension caused by his double vocation as a research scientist and a pastor, the indignities his adopted country is inflicting on his native land. 'United by what is highest and most intimate in the soul,' the godson confides to his godfather, they resolve to engage in the same combat for Islam: spiritual, through prayer, not proselytizing; and politically, for Moroccan independence, in the respect of a promise given. If this correspondence reflects more suffering than serenity, there is also abundant evidence of their mutual respect and affection: 'Your friendship', writes Massignon in 1951, 'has succeeded in breaking down this wall, and I will be able to experience a few more twists and turns in this chain of love upon which Divine Grace has threaded and knotted all the events of my life with such heart-rending beauty.' — "Les publications autour de Louis Massignon sont déjà fort nombreuses. Le recueil de lettres échangées publié sous ce titre "Parrain et filleul" présente toutefois un intérêt réel. D’abord parce que le correspondant de Massignon était une personnalité assez hors du commun. Mohammed Abd-el-Jalil, jeune marocain venu étudier à Paris en 1925, devint catholique en 1928, Massignon étant son parrain. Il entra peu après dans l’ordre des franciscains. Le parcours de sa conversion, si totale, ne l’a pas empêché d’effectuer des travaux d’érudition – notamment sur le mystique martyr ʿAyn al-Qudāt Ḥamadānī (exécuté en 1131). J. M. Abd el-Jalil a en outre écrit des ouvrages et de nombreux articles pour un public plus large, et donné fréquemment des conférences, œuvrant toute sa vie durant pour le dialogue islamo-chrétien à une époque où cela demandait une « foi » certaine. Il quitta ce monde en 1979. Le volume est globalement déséquilibré en faveur de Massignon. Les lettres de Abd-el-Jalil sont malheureusement peu nombreuses (13, contre 155 de Massignon). Elles sont suffisantes cependant pour donner une idée très claire de la ferveur religieuse et de l’amitié mêlée de beaucoup de respect réciproque qui liait les deux personnes. Abd-el-Jalil vouait une admiration sensible à son aîné et professeur. Massignon, qui avait renoncé à contre-cœur à la vie consacrée, voyait en Abd-el-Jalil un homme accompli dans l’engagement chrétien, une manière de modèle en quelque sorte. Quant au contenu même de la correspondance, il est de portée variable. S’agissant d’une édition intégrale des courriers conservés, l’intérêt de chaque lettre évolue beaucoup en fonction des situations personnelles. De nombreux courriers font état de problèmes de documentation universitaire (ces livres arabes, si rares et difficiles à se procurer à cette époque !), ou de nouvelles concernant les familles (le frère de Mohammed Abd-el-Jalil était un dirigeant important du parti Istiqlāl), la santé, les connaissances communes, certains problèmes précis relatifs à l’organisation de l’association islamo-chrétienne Badaliyya fondée par L. Massignon et M. Kahil ; ils intéresseront surtout les lecteurs amis de Massignon et de son école. D’autres présentent un intérêt plus large. Massignon écrivait beaucoup, et avec passion, à propos de questions religieuses fondamentales, touchant notamment les implications théologiques de la reconnaissance par l’Église de la valeur de la spiritualité en islam. On trouve dans l’ouvrage de nombreuses confessions et formules fulgurantes propres à son tempérament à vif. Le ton des lettres est particulièrement passionné au moment de la décolonisation, au Maroc comme en Algérie, ou bien à propos du sort des réfugiés palestiniens. Massignon s’indigne, fulmine contre le cynisme et l’aveuglement des politiciens français et de certains membres du clergé, contre l’exploitation matérielle des populations nord-africaines. Paradoxalement, le ton de Abd-el-Jalil est plus modéré, même si c’est pour exprimer sa douleur et son anxiété devant la gravité des actes répressifs posés : «Les Français finiront par transformer en véritables ennemis leurs meilleurs amis...» (Lettre du 2/5/1951). Au total, nous avons affaire ici à de beaux témoignages, humains comme spirituels, qui prennent tout leur relief de nos jours, où les maladies des systèmes politiques comme des âmes n’ont guère faibli." (Pierre Lory, EPHE)
Comment le peuple juif fut inventé.
Fayard, 2008, gr. in-8°, 446 pp, traduit de l'hébreu, notes, index, broché, bon état
Les Juifs forment-ils un peuple ? A cette question ancienne, un historien israélien apporte une réponse nouvelle. Contrairement à l’idée reçue, la diaspora ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Voilà qui ébranle un des fondements de la pensée sioniste, celui qui voudrait que les Juifs soient les descendants du royaume de David et non – à Dieu ne plaise ! – les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars. — Quand le peuple juif fut-il créé ? Est-ce il y a quatre mille ans, ou bien sous la plume d'historiens juifs du XIXe siècle qui ont reconstitué rétrospectivement un peuple imaginé afin de façonner une nation future ? Dans le sillage de la "contre-histoire" née en Israël dans les années 1990, Shlomo Sand nous entraîne dans une plongée à travers l'histoire "de longue durée" des juifs. Les habitants de la Judée furent-ils exilés après la destruction du Second Temple, en l'an 70 de l'ère chrétienne, ou bien s'agit-il d'un mythe chrétien qui aurait infiltré la tradition juive ? L'auteur montre comment, à partir du XIXe siècle, le temps biblique a commencé à être considéré par les premiers sionistes comme le temps historique, celui de la naissance d'une nation. Ce détour par le passé conduit l'historien à un questionnement beaucoup plus contemporain : à l'heure où certains biologistes israéliens cherchent encore à démontrer que les juifs forment un peuple doté d'un ADN spécifique, que cache aujourd'hui le concept d' "État juif", et pourquoi cette entité n'a-t-elle pas réussi jusqu'à maintenant à se constituer en une république appartenant à l'ensemble de ses citoyens, quelle que soit leur religion ? En dénonçant cette dérogation profonde au principe sur lequel se fonde toute démocratie moderne, Shlomo Sand délaisse le débat historiographique pour proposer une critique de la politique identitaire de son pays. — "L'un des livres les plus fascinants et stimulants publiés depuis longtemps." (Tom Segev)
Les Hommes malades de la paix.
Grasset, 1933, in-12, 376 pp, broché, couv. lég. salie, état correct
Trop de pacifismes pour faire la paix ; La paix d'Aristide Briand ; Locarno selon Briand ; Locarno selon Stresemann ; La politique de Pierre Laval ; La paix selon Herriot ; Le pacte franco-soviétique ; Les partis allemands et la paix ; L'hitlérisme produit démocratique ; L'alliance Hitler-Papen ; Hitler et le casque d'acier ; Les juifs et la paix ; La propagande politique allemande ; Les maîtres de l'Allemagne d'aujourd'hui.
Quand notre monde est devenu chrétien (312-394).
Albin Michel, 2007 pt in-8°, 319 pp, broché, couv. illustrée, bon état
C’est le livre de bonne foi d’un incroyant qui cherche à comprendre comment le christianisme, ce chef-d’oeuvre de création religieuse, a pu, entre l’an 300 et l’an 400, s’imposer à tout l’Occident. Pour Paul Veyne, c’est grâce à la conversion de l’empereur romain, Constantin, le maître du monde occidental : parce qu’à ce grand empereur il faut une grande religion et que, face aux dieux païens, le christianisme, bien qu’il apparaisse comme une secte très minoritaire, est la religion d’avant-garde. Constantin aide les chrétiens à mettre en place leur Église, ce réseau d’évêchés tissé sur l’immense empire romain. Lentement, avec docilité, les foules païennes se font un christianisme à elles, sans que la christianisation de cent millions de personnes fasse un seul martyr… Un livre érudit et impertinent.
Bourgogne Romane.
La Pierre-qui-Vire, Zodiaque, 1962, gr. in-8°, 261 pp, 4e édition, 107 héliogravures et 4 pl. en couleurs hors texte, très nombreux plans, index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée (très lég. abîmée), bon état (la Nuit des Temps, 1)
Tournus, Paray-le-Monial, Saulieu, Autun et Vézelay.
Mémoires de Napoléon, tome I : La Campagne d'Italie, 1796-1797. Edition présentée par Thierry Lentz.
Tallandier, 2010, gr. in-8°, 339 pp, 7 gravures et portraits, une carte, chronologie sommaire, index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
« Quand l'Empereur dictait, il se promenait continuellement de long en large, tenant constamment la tête basse et les mains derrière le dos ; la tension des muscles frontaux était marquée, la bouche légèrement contractée. » Dans les dernières années de sa vie, Napoléon a dicté ses mémoires. Ces textes ne doivent pas être confondus avec les souvenirs de ses compagnons d'exil dont le succès a parfois fait oublier le témoignage direct de l'Empereur sur sa propre carrière. Conscient du caractère exceptionnel de son destin, il ne voulait laisser à personne le soin de le raconter ou de l'interpréter. Et dans cette bataille pour la postérité, il a, comme de coutume, tout organisé, tout contrôlé, tout décidé. Pendant plus de cinq ans, il a été à la tête d'une véritable entreprise ou fabrique de l'histoire. Soigneusement composés, relus et corrigés par Napoléon en personne, ces mémoires constituent, si l'on ose dire, le point de vue du principal acteur de l'épopée sur plusieurs étapes importantes de son parcours. On comprend mal, dès lors, que cet ensemble n'ait pas été réédité depuis plus de cent ans. Les plus grands morceaux des Mémoires de Napoléon sont aujourd'hui reproposés au public en trois volumes, reprenant les textes les plus aboutis et complets : la première campagne d'Italie ; la campagne d'Egypte ; l'île d'Elbe et les Cent-Jours. La version des textes choisie est celle qui a été établie par l'Empereur lui-même. S'il y donne évidemment sa vérité, s'il privilégie la cohérence de son parcours et se donne toujours le beau rôle, il ne modifie pas les faits, leur chronologie et leur déroulement. Quant à ses interprétations, elles ne peuvent être stigmatisées : pourquoi lui refuserait-on de donner son avis et sa version, alors qu'on l'accepte des autres témoins et, plus encore, des historiens de la période ? (Thierry Lentz)
Œuvres. Tome 3 : Philosopher à trente ans. Édition établie par Annick Taburet-Wajngart.
Fayard, 2000, gr. in-8°, 446 pp, broché, bon état
Jaurès philosophe n'est certes pas l'image la mieux connue du personnage. Les mineurs de Carmaux ne s'y intéressaient guère et la plupart des histoires de la philosophie parues au XXe siècle ignorent jusqu'à son nom : le militantisme socialiste fut longtemps de mauvais aloi aux yeux des milieux intellectuels. Ce volume est conçu pour mettre fin à cette injustice et pour souligner l'enracinement philosophique de l'action de Jaurès, sans préjuger ce que lui ont apporté plus tard la défense des travailleurs et la découverte des problèmes du XXe siècle. Les textes reproduits, introduits et annotés ici s'arrêtent en 1891-1892, année où il déposa et soutint ses thèses de doctorat, avant de se définir explicitement comme socialiste engagé dans les luttes politiques et sociales. La thèse principale, « De la réalité du monde sensible », est, au sens propre du terme, une ontologie : l'être y est explicité comme la réalité concrète dans toute sa complexité et sa diversité. Jaurès y expose sa vision du monde en relation avec la tradition philosophique européenne, de Démocrite à Kant. Il dialogue avec son camarade de promotion, Bergson. Ecrite en latin, la thèse complémentaire (dont la version française a été soigneusement revue) n'est pas une étude historique sur « Les origines du socialisme allemand », comme l'a longtemps laissé croire une traduction maladroite du titre, mais un travail de philosophie qui prolonge la grande thèse en renvoyant aux traditions conceptuelles et politiques de la pensée allemande. A travers elle, l'« être en puissance » passe à l'être en acte du socialisme. La philosophie de Jaurès doit désormais intéresser non seulement les philosophes, mais les historiens et les hommes politiques, les acteurs de l'histoire à qui elle propose des fondements théoriques.
Actes du Tribunal révolutionnaire.
Genève, Cercle du Bibliophile, 1972, in-8°, xvi-434 pp, édition revue et corrigée par l'auteur, préface de Frédéric Pottecher, 21 gravures et portraits sur 18 pl. hors texte, reliure skivertex havane de l'éditeur, plats et dos ornés, bon état (Coll. Les causes célèbres)
Nos manuels d'histoire ne nous en citaient qu'une réplique, de loin en loin. On brûlait alors d'en savoir davantage, d'entendre toute la séance, d'y être. Nous y sommes : voici les procès-verbaux authentiques, officiels et intégraux des grandes audiences du Tribunal révolutionnaire. Documents inestimables, ils restituent toute une époque, dans son tragique presque quotidien, dans ses peurs et ses faiblesses, dans sa grandeur aussi. Ils redonnent également vie aux hommes et aux femmes de premier plan de ce temps : Robespierre et Danton, les Girondins et Madame Roland, Marie-Antoinette, Charlotte Corday et d'autres encore. Rien de plus pathétique ici que la froideur sèche du compte rendu : elle nous installe, si l'on peut dire, en direct avec les accusés, comme à la lecture du reportage d'un envoyé spécial sous la Terreur.
Le Sacre et le couronnement de Napoléon.
Albin Michel, 1925, in-8°, xxi-342 pp, notes et renseignements sur l'habillement et les costumes de la cour impériale pp. 293-334, broché, bon état
"M. Frédéric Masson a fini par écrire un gros volume où la haute politique et la philosophie de l'histoire tiennent une large place. Le savant académicien déclare que lorsqu'il avait parlé incidemment du sacre impérial, dans l'un ou l'autre de ses nombreux volumes consacrés à Napoléon et à sa famille, il n'avait encore « vu que les comparses » et « pas assez regardé l'acteur principal ». Il ne s'était pas demandé pourquoi il avait voulu être sacré, ni dans quelles conditions il avait obtenu de l'être, ni de quel prix il avait cru payer la cérémonie, ni de quelle conséquence elle avait été. (...) Ce sous-lieutenant corse a voulu jouer aux Charlemagne ; il a voulu se rendre légitime en se couvrant de la Religion, et il a pensé que Pie VII lui devait bien cela, en échange du Concordat. En même temps il s'est cru obligé de ruser avec lui, pour ne pas avoir trop l'air d'abjurer devant la France ses origines révolutionnaires. Cela suffit pour expliquer la genèse du sacre et les différents incidents qui le précédèrent et l'accompagnèrent et que M. F. Masson nous a racontés avec son talent habituel." (Rod. Reuss, Revue Historique)
Mémoires sur Napoléon, l'impératrice Marie-Louise et la cour des Tuileries, avec des notes critiques faites par le prisonnier de Sainte-Hélène.
P., Ladvocat, 1828 in-8°, 408 pp, index, reliure demi-basane brune, dos lisse orné de filets et fleurons dorés, pièce de titre basane rouge (rel. de l'époque), dos passé et frotté, coiffe sup. lég. abîmée, un mors lég. fendu et recollé, bon exemplaire (Tulard, 479)
Souvenirs qui ne sont pas sans importance, en dépit de leur caractère nécessairement anecdotique (Sophie Cohonset, veuve du général Durand, était Première dame d'honneur au service de l'Impératrice Marie-Louise de 1810 à 1814).
Cartouche et Mandrin, d'après les Livrets de Colportage avec des images populaires.
Firmin-Didot, 1932, in-8°, (8)-218 pp, importante introduction de F. Fleuret (82 pp), 17 pl. de gravures hors texte, bibliographie (10 pp), broché, couv. illustrée, bon état. Edition originale, un des 40 ex. numérotés sur papier Montgolfier pur fil (seul grand papier)
Voleurs de grand chemin, génies de l’évasion et experts dans l’art d’horripiler les forces de police, Cartouche et Mandrin ont défrayé la chronique du début du XVIIIe siècle. Faux-monnayeurs, pilleurs, trafiquants, ils attirèrent dans leur sillage des milliers de malfaiteurs. Cartouche fut le premier à endosser le costume du héros populaire. Sous la régence de Philippe d’Orléans, après la mort de Louis XIV, il s’attaquait aux profiteurs et spéculateurs grouillant dans le royaume. Aucune diligence ne résistait aux “cartouchiens” ; les hôtels particuliers et bijouteries des beaux quartiers de Paris étaient pris d’assaut. Cette nouvelle terreur urbaine ridiculisait les possédants et le peuple était aux anges. Plus tard, “le renard Mandrin”, d’un sang froid à tout épreuve, prit la relève. Lui et ses comparses mirent en place un gigantesque réseau de contrebande. Ils volaient puis revendaient tabac, coton, horloges. Par-dessus tout, Mandrin fut la terreur des fermiers généraux. Comme Cartouche, il fut supplicié en place publique. Et jusqu’à son dernier souffle, il revendiqua son combat contre le pouvoir royal. Fernand Fleuret fait ici revivre à travers les récits de colportage de leur époque ces deux figures de l’histoire populaire.1721 : la foule parisienne assiste au supplice, sur la place de Grève, d'un chef de bande craint et célébré pour le caractère exceptionnel de ses exploits : Louis-Dominique Cartouche. Louis Mandrin, quant à lui, est à la tête d'une imposante équipe de voleurs. En 1755, il est jugé et exécuté à Valence devant 6.000 curieux. Fernand Fleuret, à travers les merveilleux récits de colportage, nous fait découvrir ces deux figures épiques, chevauchant, chacune de leur côté, à travers des aventures plus chimériques les unes que les autres, mais si captivantes.
Wiesbaden 1940-1944.
Berger-Levrault, 1954, in-8°, 315 pp, annexes, broché, bon état (Coll. La Seconde Guerre mondiale - Histoire et souvenirs)
Histoire de la Délégation française auprès de la Commission allemande d'armistice. — "La lumière se fait peu à peu sur la terrible histoire de 1940. Membre de la Délégation française chargée d'appliquer la Convention d'armistice, le général Vernoux raconte comment il fut mêlé aux événements de l'histoire franco-allemande de cette douloureuse époque. Témoignage sincère, écrit clairement et basé sur d'authentiques documents. A verser au dossier de l'Histoire." (B. Simiot, Hommes et mondes, 1954) — "Membre de la Délégation française auprès de la Commission d’armistice allemande siégeant à Wiesbaden, le général Vernoux décrit celle-ci comme nécessaire car assurant le devenir des forces armées françaises et permettant le maintien d'une politique économique visant à servir au mieux les intérêts du pays. D’une veine pétainiste, le récit poursuit ainsi l’œuvre de réhabilitation de cette administration qui, dans les faits, se révèle quasi-inopérante et aux yeux de l’auteur, apte à protéger des juifs français, des otages déportés et nombre d'Alsaciens-Lorrains..." (Manuel Valls-Vicente, « Ecrits de Guerre et d’Occupation » EGO 1939-1945)
Mythologie universelle.
Payot, 1930, in-8°, 455 pp, bibliographies par chapitres, index, broché, bon état (Bibliothèque scientifique)
"L'ouvrage de M. Krappe se compose de quatre parties. L'introduction et les deux premiers chapitres traitent de questions de méthode ; le chapitre III étudie la mythologie indo-européenne. Les trois chapitres qui suivent sont consacrés à des thèmes généraux qui se rencontrent dans les milieux et aux époques les plus diverses (dioscurisme, divinités thériomorphes et anthropomorphes, royauté d'origine divine). L'auteur ne se borne pas à faire un travail d'analyse, mais établit une série de comparaisons d'un grand intérêt entre mythes du même type appartenant à des milieux divers. Par endroits aussi, il propose des explications rationnelles d'un certain nombre de mythes. Malgré quelques réserves, il n'est que juste de reconnaître la très grande richesse des matériaux que M. Krappe a réunis, richesse qui est encore augmentée par l'abondance des indications bibliographiques qui accompagnent chaque chapitre. Son livre est ainsi un instrument de travail très précieux que les historiens des religions ne manqueront pas d'utiliser. Il est en même temps écrit de telle manière qu'il ne manquera pas d'intéresser le grand public." (Maurice Goguel, Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, 1931) — "A la suite de recherches prolongées concernant la mythologie et le folklore comparés, l'auteur de cet excellent manuel est arrivé à cette constatation, que bien d'autres chercheurs ont faite à leurs dépens : avant d'aborder certains problèmes comparatifs, il est nécessaire de posséder des connaissances préalables sur les phénomènes religieux qui ont joué un rôle plus ou moins important dans l'histoire de l'humanité. « Ce qui manque, surtout en France, c'est un coup d'œil synthétique sur les divers systèmes mythologiques ». Cette lacune vient d'être comblée par ce volume d'une érudition sûre. Pour caractériser ce livre, condensant une somme de travail presque surhumaine, il suffit d'en transcrire le sous-titre qui constitue tout un programme, puisqu'il annonce de courtes études ou monographies, suivies de références bibliographiques facilitant le contrôle et les recherches, consacrées successivement aux « Mythologies indienne, iranienne, arménienne, slave, baltique, germanique, celtique, italique, grecque, sémitique, égyptienne, africaine, indonésiennes, océanienne, chinoise, japonaise, finno-ougrienne, sibérienne et américaine ». Cette longue énumération ne promet pas plus que le livre ne donne en réalité, bien au contraire. En effet, nous n'y relevons pas la moindre mention des chapitres introductifs, qui comptent parmi les plus intéressants. Telle est cette « Esquisse historique de la mythologie » qui inaugure le volume, suivie d'une étude comparative sur la « Mythologie et l'ethnographie », à laquelle succède l'examen du « problème de la mythologie indo-européenne » et de la « Question des divinités thériomorphes et dendromorphes », sans oublier le chapitre le plus important, consacré au « Dioscurisme ». Voilà qui donne une vague idée de la matière traitée ; la place me manque pour dire comment elle a été traitée par l'auteur, savant universel à la hauteur de sa lourde tâche. Ce livre est utile et même indispensable à tous ceux qui, de loin ou de près, s'occupent de l'histoire des croyances. Je tiens à ajouter que l'auteur, qui est un étranger, manie le français avec une aisance absolument remarquable, nous offrant ainsi un manuel précieux, d'une lecture aussi attrayante qu'utile ; de plus, d'un maniement aisé, grâce aux tables finales." (Jean Gessler, Revue belge de philologie et d'histoire, 1934)
Figures de proue.
Plon, 1949, pt in-8°, iii-336 pp, broché, papier lég. jauni, bon état
Périclès, incarnation de l'âge d'or athénien ; Alexandre le Grand, bâtisseur d'un empire courant de l'Adriatique à l'Indus ; César, le précurseur de la toute-puissance de Rome ; Charlemagne recueillant l'héritage romain, tout en jetant les bases lointaines de l'Europe ; Frédéric Ier Barberousse, dont la dynastie fonde le Saint-Empire romain germanique ; Frédéric Il de Prusse, Louis XIV, Napoléon et Bismarck, autant de personnages majeurs qui peuvent se targuer d'avoir changé la face du monde. Tout en reconstituant leur histoire avec un souffle incomparable, René Grousset multiplie les éclairages politiques, militaires, artistiques, économiques ou religieux, sur ces "Figures de proue" qui furent en leur temps « le masque même du destin ». Un livre référence devenu un classique.
Une année de Révolution, d'après un journal tenu à Paris en 1848.
Plon, 1860, 2 vol. in-12, 432 et 493 pp, troisième édition avec les préfaces de la première (mars 1858, 13 pp) et de la 2e édition (décembre 1858, 18 pp), index, reliures demi-veau glacé ocre, dos à 5 nerfs soulignés à froid et fleurons dorés, pièces d'auteur et de titre basane carmin et verte, tranches pennées (rel. de l'époque), qqs rousseurs éparses, bon état
Intéressant témoignage de l'ambassadeur de Grande-Bretagne sur la Révolution de 1848 et ses conséquences. Le marquis de Normanby (1797-1863) siégea dès 1818 à la chambre des Communes dans les rangs du parti libéral anglais. Il fut nommé plus tard gouverneur de la Jamaïque et favorisa de tout son pouvoir l'émancipation des esclaves. En 1846, il accepta le poste d'ambassadeur à Paris, où il fut témoin de la révolution de février 1848 et du coup d'état du 2 décembre 1851, auquel les instructions de Palmerston le forcèrent d'adhérer. Son récit fut réfuté par Louis Blanc. (Cf. Larousse du XIXe s.)
Turenne.
Flammarion, 1940, pt in-8°, 258 pp, broché, bon état (Coll. Les Grands Cœurs)
En 1929, le général Weygand contribue à une série d'ouvrages consacrés aux "Grands Cœurs" de l'histoire de France (éditions Flammarion) et ce, en rédigeant un livre sur le maréchal de Turenne. Pour l'auteur, il s'agit d'un chef militaire remarquable qui fait référence pour les officiers du moment, en particulier Foch par qui, si on en croit la dédicace, le général Weygand a appréhendé l'influence majeure de ce contemporain de Louis XIII et de Louis XIV. Dans cet ouvrage, on voit le jeune héritier de la maison de Bouillon rentrer au service du royaume de France dès son plus jeune âge et gravir les échelons au rythme des campagnes, d'abord à la tête d'une compagnie, puis d'un régiment avant de se voir confier une armée. Il deviendra un grand tacticien et participera aux grandes évolutions dans la conduite de la guerre au cours de cette période charnière de l'histoire militaire. — "Depuis les Commentaires de César, on sait que les grands hommes de guerre manient souvent la plume comme l'épée. Ce livre !e prouve une fois de plus. Sans aucune affectation ni recherche de style, sans rien qui vise à l'effet, il se révèle comme l'œuvre d'un maître. Il est difficile de mieux saisir et de mieux présenter Turenne. Le libérateur de Varsovie nous le montre sous tous ses aspects, stratège de premier ordre, dont la réflexion et l'expérience grandissent sans cesse le génie, diplomate, quand il le faut, très grand seigneur, malgré sa gaucherie et sa simplicité d'allure, homme profondément bon et d'une haute valeur morale. Il n'a garde d'oublier le chrétien, et le récit de la conversion du grand homme est un des meilleurs endroits du livre. Louis XIV en eut si grande joie, qu'il voulait dépêcher de suite un coursier pour en porter la nouvelle au pape Clément IX. Le pape, de son côté, songea un instant à faire de Turenne un cardinal. Si le héros s'y fut prêté, la chose était faite. Mais il préféra rester à la tête des armées de. Louis XIV... En véritable historien, le général Weygand s'efface entièrement derrière Turenne et le laisse seul apparaître. Mais, sans qu'il le veuille, quelques réflexions, quelques remarques jetées çà et là, trahissent le grand chef, l'homme qui sait observer, prévoir, commander, le patriote soucieux de l'avenir d'un pays, dont il est lui-même une gloire. Ce n'est pas là un des moindres mérites de son ouvrage." (Th. Malley, Revue d'histoire de l'Église de France, 1929) — "D'une très sûre documentation." (Annales sedanaises)
L'Institut catholique.
P., La Nouvelle Société d'Édition, 1933, in-12, 132 pp, broché, bon état (Coll. Nos Grandes Écoles), envoi a.s.
Professeur à l'Institut catholique de Paris, Alfred Baudrillart (1859-1942) succède à Pierre-Louis Péchenard en 1907 et devient recteur de ce célèbre établissement d’enseignement supérieur catholique.
Dictionnaire politique et critique, établi par les soins de Pierre Chardon.
P., A la Cité des Livres, 1932-1934, 5 vol. gr. in-8°, xii-468, 480, 480, 480 et 471 pp, reliures demi-basane bleu-nuit, dos à 4 nerfs soulignés à froid, auteur, titre, tomaison et un fleuron (fleur de lys) doré, couv. de relais de l'éditeur Arthème Fayard conservées, têtes dorées (rel. de l'époque), bon état. Édition originale sur papier courant, enrichie d'un envoi a.s à pleine page de Charles Maurras ("... très cordial hommage de l'auteur")
Maurras avait développé et souvent plusieurs fois repris, dans des centaines d’articles, tous les éléments nécessaires à ce qui pourrait constituer une volumineuse « Synthèse politique » personnelle, sur le modèle de ce que fit Auguste Comte, ou de ce que faisait son contemporain Henri Bergson. Il sentait certainement que la réalisation d’une telle Synthèse était aussi nécessaire qu’elle était réclamée par ses amis, et il se résolut, après avoir passé la soixantaine, à en confier la réalisation à l’une de ses collaboratrices : madame Jules Stefani, née Rachel Legras, alias Pierre Chardon. Mme Stéfani se mit à l’ouvrage, rassemblant et classant tout ce que Maurras avait composé jusqu’en 1930. Cela donna naissance au monumental “Dictionnaire politique et critique”, organisé selon l’ordre alphabétique. Dans son dictionnaire, Maurras décline les facettes du nationalisme et de l'antilibéralisme sous le double aspect économique et politique. Quatre des volumes portent une étiquette Fayard masquant l'inscription “A la Cité des Livres” sur la page de titre, car cet éditeur racheta une partie du tirage en 1936. — "Charles Maurras est une des plus grandes forces intellectuelles d'aujourd'hui." (André Malraux, préface à Mademoiselle Monk, 1922).
L'Individu, la mort, l'amour. Soi-même et l'autre en Grèce ancienne.
Gallimard, 1989, in-8°, 232 pp, broché, dos passé, bon état (Coll. Bibliothèque des histoires)
Pour un Grec de l'Antiquité, qu'est-ce qu'être soi-même ? Comment se manifeste le caractère singulier des individus au cours de la vie et qu'en subsiste-t-il après la mort ? L'helléniste qui, comme tout autre anthropologue, se pose ces questions, fait un constat paradoxal. La Grèce des cités a largement ouvert la voie au développement de l'individu dans la vie sociale ; pourtant l'être humain n'y apparaît pas encore comme une personne, au sens moderne, une conscience de soi dont le secret reste inaccessible à tout autre que le sujet lui-même. La religion civique n'a pas non plus doté chaque individu d'une âme immortelle qui prolongerait son identité dans l'au-delà. C'est que dans une société de face à face, une culture de la honte et de l'honneur où la compétition pour la gloire laisse peu de place au sens du devoir et ignore celui du péché, l'existence de chacun est sans cesse placée sous le regard d'autrui. Pour se connaître, il faut contempler son image reflétée dans l'œil de son vis-à-vis. En un jeu de miroirs, soi-même et l'autre, identité et altérité se répondent. Parmi les formes diverses que l'autre a revêtues aux yeux des Grecs, il en est trois qu'en raison de leur position extrême dans le champ de l'altérité J.-P. Vernant a retenues pour focaliser sur elles son enquête : la figure des dieux, le masque de la mort, le visage de l'être aimé. Parce qu'ils marquent les frontières à l'intérieur desquelles l'individu humain se trouve enfermé tout en éveillant son désir de les dépasser, ces trois types d'affrontement à l'autre servent comme de révélateurs pour dégager les traits de l'identité telle que les Grecs l'ont conçue et assumée. Par des voies diverses, en variant l'éclairage, ces dix essais gravitent autour d'une même interrogation : comment faire un soi-même avec de l'autre ?
Histoire des relations internationales, VII et VIII : Les Crises du XXe siècle. I. De 1914 à 1929. – II. De 1929 à 1945.
Hachette, 1957-1958, 2 vol. in-8°, 376 et 426 pp, 12 cartes, biblio, index, brochés, bon état (Histoire des relations internationales, VII et VIII)
"Avec ces deux volumes consacrés aux « crises du XXe siècle » se trouve achevée la collection dont M. Renouvin été l'initiateur et le directeur et dont il a rédigé quatre tomes sur huit. L'Histoire des relations internationales constitue désormais une vaste fresque s'étendant du Moyen Age à la fin de la seconde guerre mondiale. Comme pour les volumes précédents le but de l'auteur était de « montrer quelles ont été, dans les relations entre les Etats et entre les peuples, les transformations importantes et d'en déterminer, dans la mesure du possible, les causes ». Il s'agissait de replacer les relations internationales dans le cadre de l'histoire générale, de les expliquer par les conditions géographiques, économiques, démographiques et sociales, par la psychologie collective, sans pour autant négliger le rôle personnel des dirigeants. (...) Ouvrage fondamental, indispensable à quiconque s'intéresse aux relations internationales, “Les Crises du XXe siècle” restent avant tout un livre d'histoire, dans la plus large acceptation du terme..." (Pierre Gerbet, Revue française de science politique, 1959)
La Campagne de 1940. Actes du colloque du 16 au 18 novembre 2000.
Tallandier, 2001, fort in-8°, 585 pp, 27 cartes, index, broché, couv. illustrée, bon état
31 études. — La défaite de l'Armée française en mai-juin 1940 était-elle inéluctable ? Soldats et officiers se sont-ils comportés avec courage ? Qui a pris les décisions qui se sont révélées catastrophiques ? Qu'ont fait nos Alliés, les Anglais mais aussi les Belges, les Néerlandais et les Suisses ? L'armée allemande était-elle mieux préparée que la nôtre ? C'est à toutes ces questions, parmi d'autres, que cet ouvrage souhaite répondre non pas à partir de considérations a posteriori mais en se replongeant dans le contexte de l'époque. Des historiens et des officiers qui souvent ont vécu, dans leur jeunesse, ces journées tragiques expliquent tour à tour, dans ces pages, les raisons de la stratégie d'attente des Alliés, c'est-à-dire la " drôle de guerre ", les opérations sur le terrain, la vie à l'arrière du front et la portée de la défaite dans l'histoire immédiate de la France et dans les mémoires. Le regard de chercheurs belge, anglais, suisse et allemands élargit encore l'analyse de tous les aspects du conflit. Enfin la retranscription de débats animés permet de mieux comprendre la pensée de chacun. Fruit des actes d'un colloque qui a réuni, à la fin de l'année 2000, au musée de l'Armée, plus de trente spécialistes de cette période, cet ouvrage a été réalisé sous la direction de Christine Levisse-Touzé. — "S'il faut lire "L'étrange défaite", l'impérissable et rude témoignage de Marc Bloch, pour bien comprendre la défaite française de 1940, il faut aussi, maintenant et sûrement, lire "La campagne de 1940" qui vient de paraître, sous la direction de Christine Levisse-Touzé. Cet ouvrage est le fruit des actes d'un colloque qui a réuni, à la fin de l'année 2000, les plus grands spécialistes de cette période au musée de l'Armée. Stratégie franco-britannique, plans opérationnels, renseignements, rôle de l'armée belge, bien sûr la "surprise allemande" et la défense française, mais aussi les batailles des plaines belges, de la Somme, de Dunkerque et des Alpes, comme celle de Narvik, tout est analysé, des intentions aux actes. Le rôle de la marine et de l'aviation, les arrières du front, le moral et son évolution parmi la population et les armées, mais aussi les pertes des deux côtés ainsi que les massacres perpétrés par les armées allemandes, sont minutieusement relatés. Enfin le portrait de deux grands témoins de ce désastre est remarquablement tracé, celui du capitaine de Hauteclocque et celui de Jean Moulin, préfet de Chartres. En "six semaines haletantes et tragiques" la campagne de mai 40, "foudroyante et stupéfiante", va entraîner une véritable commotion mentale de la nation, nul n'a anticipé l'événement ; "le monde est frappé de stupeur" par la victoire allemande. Ce sont les rapports du monde avec la France qui sont bouleversés. De ce "trauma" va naître la France Libre – le refus – mais aussi Vichy, on voudra de chaque côté, à sa façon, effacer ce traumatisme : "plus jamais ça !". Echec fondamental de la stratégie défensive et d'attente adoptée par le gouvernement français et par le haut-commandement et son chef, le général Gamelin, "pour se mettre sur le pied de guerre". Echec de la mobilisation industrielle face à une Allemagne dont la montée en puissance sur tous les plans, est supérieure malgré le blocus des Britanniques et des Français. Enfin échec aussi d'une stratégie marquée "par l'incertitude fondamentale, entre d'une part la priorité accordée à la sécurité du front du nord-est et, d'autre part, la volonté de lancer des opérations périphériques vers les Balkans, le Caucase et en Scandinavie". C'est aussi et surtout l'échec pour ces dirigeants, valeureux anciens combattants de la Grande Guerre qui ne comprendront pas la réalité "de ce qu'était la guerre allemande qui était de mener les divisions blindées et motorisées représentant 250 000 jeunes gens fanatisés et entraînés physiquement et moralement depuis 1933", et dont les réflexes sont ceux de 1914-1918... 10 mai 1940, la "drôle de guerre disparaît derrière des chars ferraillant et des sirènes des Stukas", et les phases successives de la bataille de France sont marquées du "sceau de l'initiative allemande". Ce sont deux armées différentes qui s'affrontent, l'une allemande qui progresse de 50 à 60 kilomètres par nuit, l'autre française qui se déplace au pas de ses hommes et de ses chevaux. Tout est dit sur la "surprise" de Sedan et des Ardennes, de l'erreur de Gamelin d'envoyer la 7ème armée – l'armée de réserve – en Hollande ("manoeuvre Bréda"), de la doctrine à contresens d'emploi des blindés, de la "montée" du corps de cavalerie français en Belgique, dans la région de Hannut, où se déroulera la première bataille de chars de l'histoire moderne. Des combats d'infanterie et d'artillerie à Gembloux où les Français feront belle figure, ainsi que des héroïques et derniers combats menés par les tirailleurs et les zouaves dans les faubourgs de Lille encerclée par les Allemands. Tout est dit aussi des batailles de la Somme, où "le rapport de forces" est défavorable aux Français, surtout en blindés, des Alpes où face aux Italiens et aux Allemands, l'armée française fera preuve d'une belle détermination. Dans les combats de juin 40, les soldats français se reprennent ; du 5 au 22 juin les pertes allemandes doublent. Décrites, la campagne de Norvège, l'évacuation du camp retranché de Dunkerque et l'opération "Dynamo" qui ravive les tensions qui existent entre les deux puissances alliées depuis Narvik, que les marins "qui accepteront des responsabilités militaires et politiques dans le régime de Vichy, ne pourront oublier". Plusieurs interventions concernent le rôle de l'aviation paralysée par une désastreuse organisation du commandement qui perdra "la bataille du matériel", les craintes bien exagérées du haut-commandement sur "l'ennemi de l'intérieur et la peur du complot communiste." Il faut lire ce livre de près de 600 pages, dense en exposés, en réflexions sur les causes profondes de ce désastre, en analyses sur la stratégie militaire et politique suivie, fourmillant de détails sur les opérations militaires." (Jean Novosseloff, Fondation de la Résistance)
La Tchécoslovaquie. Étude économique.
Armand Colin, 1935, in-12, 224 pp, 3 cartes, biblio, broché, C. de bibl., état correct
"L'étude économique du professeur Tibal sur la Tchécoslovaquie porte principalement sur l'agriculture et les industries du pays, mais elle traite également des questions éducatives, culturelles et scientifiques. L'ouvrage est surtout remarquable pour son compte rendu de l'influence de la crise économique mondiale sur la vie nationale et des méthodes mises en œuvre pour surmonter la stagnation générale. Il est significatif que les dirigeants industriels et politiques aient demandé l'aide des hommes de science et aient adopté certaines de leurs suggestions pour tenter de surmonter leurs difficultés. Ils rencontrent déjà un certain succès." (Nature, 1935) — "André Tibal dote les lecteurs français d'une excellente introduction à l'étude économique de la Tchécoslovaquie. Cette étude est précédée des données politiques et démographiques essentielles : la nation, la création de l'État, le pays et la population , les minorités ethniques." (Revue des Études Slaves, 1935)
L'Art précolombien.
Mazenod, 1978, fort in-4°, 613 pp, 1052 reproductions, cartes et plans, en noir et en couleurs, biblio, index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, sous EMBOÏTAGE CARTONN2 HAVANE, bon état (Coll. L'Art et les grandes civilisations)
L'art précolombien est sans doute le volume de la collection qui couvre le domaine le plus immense : vaste continent, infinie variété de paysages, innombrables cultures et langues indigènes, et enfin, une dimension temporelle qui commence vers 30.000 avant J.-C. pour s'achever avec l'arrivée de Christophe Colomb... C'est pourquoi le livre de José Alcina Franch a, depuis 1978, une place profondément originale. Sa culture et l'étendue de ses connaissances lui ont permis d'aborder avec brio et sérieux ces civilisations et empires qui eurent pour nom Maya, Toltèque, Aztèque ou Inca. Cette étude n'a pu se faire qu'en tenant compte de trois disciplines interdépendantes : l'art, l'archéologie et l'anthropologie, en étroite relation avec le système écologique, c'est-à-dire le langage, la religion, la climatologie, la biologie. Au fil des pages, l'auteur brosse l'histoire culturelle des peuples amérindiens comme une évolution unique qui, en dépit des divergences de culture, conduit ces peuples du stade de la pêche-chasse-cueillette jusqu'aux grands empires militaristes annihilés par les conquistadores. Désormais L'art précolombien se présente comme l'unique synthèse d'une civilisation qui n'a cessé de fasciner le monde occidental par la puissance de ses créations, la magie de ses ors et la qualité de ses artistes et artisans.
François Ier, 1494-1547.
Payot, 1984, fort in-8°, 510 pp, traduit de l'anglais, broché, couv. illustrée, bon état (Bibliothèque Historique)
"Un ouvrage honnête où on trouvera un récit du règne qui reprend toutes les « légendes » attendues, même si on les gratifie parfois d'un point interrogatif : les rapports incestueux avec Marguerite, la syphilis du roi, l'amour jaloux de Louise de Savoie pour le Connétable. Le livre de Francis Hackett est essentiellement consacré à la jeunesse de François d'Angoulême (141 pages) et à la première partie du règne, avant Pavie (208 pages). Le reste est assez vite expédié : 70 pages pour 1526-1529, 82 pages pour les dix-huit années finales..." (Jean Jacquart, Bulletin de la Société d'histoire moderne, 1986)
Manuel de politique musulmane.
Editions Bossard, 1925, in-12, 189 pp, broché, couv. lég. salie, scotch au dos, état correct
"L'anonymat couvre, ici, sans la dissimuler, la personnalité puissante d'un jeune auteur qui s'est déjà fait remarquer par des ouvrages de critique et de philosophie politique, dans lesquels il a soutenu brillamment l'idée qu'il est nécessaire d'adapter étroitement la politique au réel. Cette thèse est reprise, appliquée à un cas concret, et, autant que faire se peut, illustrée et démontrée dans le Manuel de politique musulmane que l'Africain nous présente, en un bref Avant-propos, dans les termes : « Ce petit ouvrage est un livre de bonne foi ; il résume une expérience de dix années en terre musulmane, vécues au cœur des grandes villes maures du Maghreb ou à travers le rude bled berbère. Son seul prix réside dans son effort de clarté pour être véridique. On connaît mal l'Islam chez nous, et l'on déploie bien peu de soins afin de l'ignorer moins ». Citant et adaptant à la réalité actuelle un passage de Tocqueville, l'auteur, persuadé que la domination paisible et la colonisation rapide de l'Afrique du Nord sont les deux plus grands intérêts que la France ait actuellement dans le monde, émet le souhait que les « quelques chapitres de mise au point qu'on va lire puissent contribuer pour leur faible part à la formation d'un état d'esprit propre à favoriser dans la Métropole l'établissement d'une politique musulmane réaliste, née de l'expérience des faits, pratiquée avec continuité, et qui, seule, pourrait permettre à notre pays de maintenir, au milieu d'un monde bouleversé, son rang de grande puissance africaine et méditerranéenne »..." (Louis Milliot, Revue algérienne, tunisienne et marocaine de législation, 1926) — "L'auteur anonyme de ce petit livre est un homme fort averti des questions islamiques. Dix années de séjour dans l'Afrique du Nord en contact direct avec les indigènes, depuis les caïds jusqu'aux simples paysans, lui ont permis d'étudier l'Islam sur les lieux. Il a tiré de ses remarques ce “Manuel de politique musulmane”. C'est avec justesse qu'il s'indigne contre les idées fausses mises en vogue par les romanciers et les artistes. L'Islam n'est pas un bibelot d'étagère ; c'est un corps de doctrine, une conception de la vie totalement différente de celle que de longs siècles de christianisme nous ont donnée. Il faut donc considérer en face le fait qu'il existe une opposition fondamentale entre notre mentalité d'Européens et celle des musulmans. Pour gouverner ceux-ci, l'autorité doit être ferme et ne pas reculer devant l'emploi de la force, tout en donnant la justice. Il serait par contre extrêmement dangereux d'introduire chez des populations arriérées les méthodes démocratiques dont des peuples plus avancés manifestent de plus en plus leur lassitude..." (R. Janin, Revue des études byzantines, 1926)
Ce que je n'ai pas dit...
Jean Dullis Editeur, 1975, gr. in-8°, 215 pp, lettre-préface de Jean Rostand, 32 pl. de photos et fac-similés hors texte, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
Second volume des souvenirs de l'actrice Mary Marquet (1895-1979) qui fut la maîtresse de Firmin Gémier, l'égérie d'André Tardieu, l'amante de Serge Lifar, etc. Sa carrière, de plus de soixante ans, débutée dans les années 1910, se termine peu avant la fin de sa vie dans les années 1970 : elle est présente au cinéma, à la télévision à partir des années 1960, et surtout au théâtre où elle a notamment été sociétaire de la Comédie-Française pendant dix-sept ans, de 1928 à 1945. — "Avec le quatre-vingtième mille de “Ce que j’ose dire”, Mary Marquet fête ses quatre-vingts ans. Elle a osé dire ce qui se tait le plus souvent. Elle vous livre le second tome de ses mémoires : “Ce que je n’ai pas dit”. Sa franchise lui a conquis tous les cœurs. Aujourd’hui, elle pousse plus loin encore ses aveux. Sans y être forcée, par un souci constant de vérité, elle nous dit ses erreurs et ses faiblesses, ses audaces et ses doutes. Le dernier chapitre est consacré à son fils, François. Le drame pressenti dans son premier tome, éclate dans le second. Mais “Ce que je n’ai pas dit”, c’est aussi le reflet d’une vie exceptionnelle, où le rire fuse et atténue les rigueurs du destin. Il ne se tait que face à la douleur, et cette douleur elle-même s’estompe devant « l’explication finale », où la vie d’une âme rayonne." (4e de couverture) — Durant cinquante ans, Mary Marquer a été l'une des figures de proue de la scène française, passant avec un égal bonheur de Rostand à Géraldy, de Claudel à Giraudoux. Son premier livre de souvenirs, “Ce que j'ose dire”, a dépassé les 80.000 exemplaires. Si franche et hardie que l'on se veuille, quand on parle de soi-même pour la première fois, on garde certains silences, on laisse planer des ombres... En ce second volume. Mary Marquet ose tout dire : le plus piquant, le plus fou, le plus intime, le plus grave... Au fil d'un demi-siècle, la grande comédienne nous entraîne dans le tourbillon de sa carrière, de sa vie – riche en liaisons plus ou moins dangereuses, en amitiés fidèles... Apparaissent ainsi, dans la chaude lumière du souvenir, Gémier, le président Tardieu, Victor Francen – le mari des Années folles –, Anna de Noailles, Courteline, Mermoz... Le livre s'achève sur les images d'un fils, tendre et héroïque, trop tôt disparu. La voix puissante et gaie n'est plus alors qu'un douloureux murmure...
Decazes, ministre du Roi.
Hachette, 1960, in-8°, 303 pp, 4 gravures hors texte, broché, couv. lég. salie, bon état
Bonne biographie de celui qui, de 1815 à 1820, « a été, sous l'autorité de Louis XVIII, le maître de la politique intérieure de la France, et l'organisateur de la monarchie parlementaire », écrit à l'aide de sources de premier ordre (les notes préparées par Decazes en vue de la rédaction de mémoires, la correspondance de Louis XVIII avec son favori, et les souvenirs inédits de la duchesse Decazes). Premier Duc du nom, Elie Decazes a vécu de 1780 à 1860. Il a connu six règnes et trois révolutions. Préfet de Police, puis Ministre de la Police, de l'Intérieur et Président du Conseil, il fut ensuite ambassadeur, duc et Pair de France et enfin Grand Référendaire de la Chambre haute jusqu'à la Révolution de 1848. — "Solidement étayé tant sur les travaux généraux de l'histoire politique de la Restauration que sur les archives privées de la famille qu'il a pu consulter, l'ouvrage de M. R. Langeron apporte des précisions nouvelles sur la carrière d'un homme qui fut incontestablement le représentant le plus en vue d'une tendance politique relativement libérale en même temps que le confident le plus écouté de Louis XVIII. Un premier chapitre retrace les débuts du jeune fonctionnaire impérial, déjà rompu aux intrigues de cour par sa situation un moment délicate auprès de Louis déchu du trône de Hollande – bien que l'explication des circonstances de la naissance du futur Napoléon III, telle que l'enregistrèrent les cahiers de la jeune duchesse Decazes, puissent avoir fait croire à une naïveté qui ne paraît plus dans les actes du préfet de police de la Restauration dont l'œuvre est retracée dans le second chapitre. Et on peut bien dire que les rapports de ce débutant avec Fouché, quelles que fussent les circonstances défavorables au ministre, furent menés de main de maître. L'ascension du préfet, devenu ministre de la Police générale et confident du roi, marquait le début d'une carrière dont les chapitres suivants retracent les progrès à travers les vicissitudes de la politique générale, de la dissolution de la Chambre introuvable jusqu'à cet assassinat du duc de Berry qui devait fournir aux ultras l'occasion de briser l'homme du roi pour le remplacer par celui du comte d'Artois. Un dernier chapitre, dont on regrettera la brièveté, retrace sommairement les longues années de retraite, de l'ambassade de Londres à Decazeville, puis à la Chambre des Pairs de la monarchie de Juillet." (J. Vidalenc, Revue Historique, 1961)
La Prépondérance française : Louis XIV (1661-1715).
PUF, 1944, fort in-8°, 693 pp, 2e édition, refondue et augmentée, biblio, index, broché, bon état (Coll. Peuples et Civilisations)
"S'ouvrant avec la mort de Mazarin (1661) pour se clore avec celle de Louis XIV (1715), l'ouvrage étudie toute la période du gouvernement personnel du Grand roi. (...) De cette remarquable synthèse de l'histoire du monde de 1661 à 1715, je n'ai pu signaler ici que quelques aspects. J'en ai dit assez, je crois, pour qu'on sache en quelle estime elle doit être tenue. Œuvre d'historiens de métier, bien informés, qui sont parvenus à fondre en un tout harmonieux les diverses parties dont ils s'étaient chargés — ce n'est pas un mérite commun — , elle sera un guide précieux pour quiconque voudra s'orienter dans l'étude de ce qu'on a coutume d'appeler le Grand siècle." (Auguste Leman, Revue d'histoire de l'Église de France, 1935)
Les Communistes français pendant la drôle de guerre.
P., Les Iles d'Or, 1951, in-4°, 365 pp, 56 planches hors texte, index, reliure demi-toile grise de l'éditeur, dos lisse avec titres bleus, bon état. Edition originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers
Célèbre étude publiée au tournant des années cinquante par Angelo Tasca, sous le pseudonyme d'A. Rossi, qui posait, pour la première fois, le problème de la stratégie suivie par le PCF entre août 1939 et juin 1941. Le fonds d'archives constitué par Angelo Tasca durant la période 1940-1944 est d'une extrême richesse, dont une collection exceptionnelle de tracts d'origine communiste, qui ont permis à l'auteur de poser, dès le lendemain de la guerre la question de l'attitude du PCF de 1939 à 1941. Les historiens du communisme français retrouveront certaines des sources utilisées dans les Archives de guerre d'Angelo Tasca, conservées à la Fondation Feltrinelli de Milan, un des fonds privés les plus importants sur la France des années de guerre. (Nicole Racine-Furlaud, Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 1988)
Enfance et jeunesse d'un centenaire.
P., Ville de Paris,commission du vieux Paris, 1979, gr. in-8°, 163 pp, 40 portraits, gravures et photos hors texte, index des noms cités, broché, couv. lég. salie, bon état. On joint un article de presse sur Charles Samaran et sa vie par Patrick Chastenet (Le Monde, 5 avril 1981, une demi-page)
Souvenirs de l'historien Charles Samaran (1879-1983). Un ouvrage absolument passionnant et plein d'esprit ! Archiviste paléographe (1901), avec une thèse sur la Maison d'Armagnac, puis membre de l'École française de Rome (1901-1903), Charles Samaran est d'abord archiviste aux Archives nationales. Il donne en 1908 Les diplômes originaux des Mérovingiens, « coup d'éclat d'un jeune paléographe qui allait demeurer jusqu'à son grand âge l'infaillible déchiffreur des textes difficiles » (Jean Favier), recueil qui joua un rôle capital dans l'étude des écritures mérovingiennes... — "Écrit par le plus jeune centenaire de France, voici un livre de souvenirs d'enfance et de jeunesse qui s'arrête à la guerre de 1914 et raconte, après les années de « cage » du lycée d'Auch, la « révélation » de l'École des Chartes puis de l'École des hautes études et, en particulier, de sa IVe section. La Bibliothèque nationale, l'École française de Rome puis les Archives nationales sont également présentées avec les yeux de la découverte, dans leurs caractéristiques d'époque. À chaque étape sont évoquées des silhouettes de professeurs, de responsables, de condisciples ou de collègues qui ont marqué l'élève, l'étudiant puis le jeune archiviste." (Histoire de l'éducation n° 6, 1980)
Histoire de l'Italie, des origines à nos jours.
Roanne, Editions Horvath, 1972, fort gr. in-8° carré, xi-656 pp, traduit de l'italien, préface par Pierre-Roger Gaussin, 32 pl. de gravures et photos hors texte, 6 cartes et une généalogie de la Maison de Savoie hors texte, biblio, index, glossaire historique, reliure toile bordeaux de l'éditeur, jaquette illustrée, bon état (Histoire des Nations Européennes)
"Ce gros livre constitue la traduction française d'un ouvrage classique, la “Storia d'Italia” de Luigi Salvatorelli, qui a longtemps constitué la meilleure synthèse sur l'histoire des pays italiens depuis les Étrusques jusqu'aux lendemains de la seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, ce livre conserve toutes les qualités qui en ont fait naguère le prix : clarté d'expression, bonne connaissance des faits, style agréable. Mais il s'agit d'une histoire presque exclusivement politique, qui ne fait pas leur part aux faits économiques, sociaux et même culturels. Au total, cette traduction n'est pas inutile, s'agissant d'une œuvre de qualité." (André Vauchez, Revue d'histoire de l'Église de France, 1976) — "Assurément, nul n'était mieux qualifié que Luigi Salvatorelli pour composer et écrire cette Histoire d'Italie. Il n'est en effet guère de périodes de l'histoire italienne où ne se décèle son inlassable activité, de l'époque communale à celle contemporaine du fascisme, en passant par le XVIIIe siècle et les temps de la Révolution française et du Risorgimento. Aussi cette fresque que déroule L. Salvatorelli des temps préhistoriques à nos jours bénéficie-t-elle d'une compétence et d'une unité de conception rares dans les grandes compositions de ce temps. L'ampleur de la documentation, soulignée par une bibliographie sélective s'étendant sur plus de 40 pages (p. 577 à 619), et ne comprenant pas moins d'un millier de titres, est un gage de l'honnêteté scrupuleuse avec laquelle L. Salvatorelli a conçu cette œuvre. Soulignons cependant que cette bibliographie s'arrête en fait à 1950, en raison de l'époque à laquelle L. Salvatorelli écrivit sa Storia d'Italia..." (Pierre Racine, Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, 1974)
Histoire des Sciences exactes et naturelles dans l'Antiquité gréco-romaine.
PUF, 1955, in-8°, viii-258 pp, 2e édition revue et complétée, préface de Léon Brunschvicg, 36 figures, biblio, index, broché, couv. illustrée (très lég. salie), bon état
"Ancien professeur à l'Université de Neuchâtel, Arnold Reymond y a, durant de longues années, professé un cours d'histoire des sciences. Léon Brunschvicg, dans la Préface donnée à la première édition, avait raison d'en louer l'auteur, comme il le félicitait d'avoir montré que si le génie grec a bien saisi la méthodologie de la preuve mathématique, la science antique n'en a pas moins marqué « la connexion du mathématique et du physique, du calcul et de l'expérience ». Traduit dès 1927 en anglais, l'ouvrage d'Arnold Reymond reparaît aujourd'hui avec certaines améliorations et refontes dans le texte et l'exécution des figures. Deux chapitres ont été ajoutés : l'un sur la préhistoire, l'autre sur les rapports et les différences existant entre sciences occultes et sciences rationnelles. Voilà donc un livre fort utile, qui a le grand mérite d'être clair et précis." (Albert Delorme, Revue d'histoire des sciences, 1955)
Huguenots et juifs.
P., Honoré Champion, 2008, in-8°, 228 pp, biblio, index, reliure éditeur, bon état (Coll. Vie des Huguenots)
"Un spectre hante le christianisme, le spectre de l’antisémitisme – et la Réforme, en toutes ses Églises, menace à chaque étape de son histoire d’y succomber. Luther avait jugé qu’à la nouvelle religion chrétienne qu’il établissait, les juifs se rallieraient en masse, certains d’y retrouver la pureté et la rigueur de la religion première. Sans doute est-ce l’échec de cette trop parfaite utopie, et la désillusion qui s’ensuivit, qui firent basculer le théologien en un antisémitisme d’extrême violence. Qu’en fut-il du « calvinisme français », le plus représentatif de cette aile de la Réforme, depuis les premiers écrits de Calvin, jusqu’aux défis politiques et culturels de nos temps modernes ? Myriam Yardeni a consacré de nombreux ouvrages et études aux réformés français, et à la question du « refuge protestant ». "Huguenots et juifs" reprend et amplifie plusieurs contributions destinées à préciser les rapports entre la France calviniste et la « question juive », en inscrivant ces relations dans les contextes religieux et politiques à chaque fois spécifiques. Un double constat s’impose. Pour l’essentiel, le modèle calvinien concernant le judaïsme – très accusateur, mais sans verser, sauf exception, dans la haine radicale des juifs – va organiser pour plusieurs siècles l’argumentaire huguenot. À chaque époque, pasteurs et théologiens protestants, en France ou en terres de Refuge, ne cessent d’osciller entre une attitude philosémite et une hostilité sans masque..." (Daniel Vidal, Archives de sciences sociales des religions, 2008) — Dans cet ouvrage, Myriam Yardeni envisage l'antisémitisme (et l'antijudaïsme et la haine d'Israël) comme un creuset dans lequel se déversent, depuis tout temps, des haines, des phobies, des résistances, des antagonismes, des déchaînements de sentiments et d'idéologies. C'est dans cet arsenal que chaque époque puise ce qui convient à ses besoins et verse de nouvelles composantes. Ainsi, ce n'est pas le christianisme qui donne naissance à l'antisémitisme, ni à la haine d'Israël ni à l'antijudaïsme, mais l'exploitation de l'antisémitisme joue un rôle décisif dans l'émergence d'une Europe chrétienne, qui se sert de la haine d'Israël pour se définir plus clairement et pour s'affermir d'une manière décisive. Avec l'apparition de la Réforme, les règles du jeu commencent à changer. Avec le retour aux Écritures Saintes, la sola fida et l'unité chrétienne éclatée, il n'y a pas de vérité absolue et indiscutable dans le domaine de la théologie chrétienne. Les premiers réformateurs, Luther en tête, s'attendent à ce que les juifs s'alignent sans hésitation sur cette nouvelle - et en même temps ancienne - religion chrétienne, épurée et spirituelle. Calvin et ses contemporains, la seconde génération de réformateurs, ne s'attendent plus à la conversion immédiate des juifs. Le rappel des juifs reste pour eux la fin de l'histoire humaine, qui annonce la seconde venue du Messie, mais cette attente est tempérée par une doctrine de la liberté de conscience qui conduira en fin de compte vers la tolérance religieuse.
Mémoires du maréchal Soult : Espagne et Portugal. Texte établi et présenté par Louis et Antoinette de Saint-Pierre.
Hachette, 1955 in-8°, 368 pp, 9 cartes, broché, bon état
Récit inédit de la guerre d'Espagne et de Portugal. Édition originale de cette partie des Mémoires de Soult, qui n'avait jamais été publiée (Tulard, 1354). — "Ses soldats le surnommaient « Bras de fer », tant il exigeait d'eux. C'est sans doute cette opiniâtreté qui permit à Jean de Dieu Soult, duc de Dalmatie, d’être celui des maréchaux de Napoléon qui se maintiendra le plus longtemps dans cette infernale guerre d’Espagne et du Portugal. Quatre longues années retracées dans ces Mémoires qui débutent avec la descente de l’Empereur dans la péninsule à l’automne 1808 afin de reprendre Madrid. Jean de Dieu Soult est à ses côtés et balaie une partie des troupes britanniques qui doivent rembarquer à la Corogne. Nommé major général des armées en Espagne, il s’empare ensuite de l’Andalousie où il va régner en proconsul mais sans céder un pouce de terrain aux armées anglo-espagnoles qui l’entourent. Beaucoup de critiques ont été émises contre cet homme ambitieux mais aussi redoutable organisateur, administrateur hors pair et que Napoléon, après son action décisive à Austerlitz avait sacré « le meilleur manoeuvrier d’Europe » : d’avoir voulu, selon certains, se faire sacrer roi de Portugal, de s’être enrichi, de ne pas avoir porté secours à ses camarades comme Masséna, échoué devant les lignes de Torres Vedras qui ont rendu Lisbonne inexpugnable. Mais comme le dira Napoléon, Soult est la seule « tête militaire » de ce conflit lointain. Les Mémoires du maréchal montrent surtout ce que fut cette guerre cruelle durant laquelle naquit le mot devenu universel de « guérilla » : menée sans moyens, au milieu des intrigues, loin de tout et surtout du regard de l’Empereur qui la méprisait, il fallait effectivement être de fer pour ne pas connaître la défaite. Un texte indispensable pour tous ceux qui s’intéressent à l’épopée impériale et à ce terrible conflit, début de sa chute, qui fit plus 100.000 morts côté français."
De la IIIe à la IVe République.
Grasset, 1957, in-8°, 270 pp, broché, bon état. Edition originale, ex. du SP
"Le lecteur qui voudra saisir rapidement les enchaînements des deux dernières Républiques trouvera les trois régimes sous lesquels la France a successivement vécu depuis 1875 : « La IIIe » (née en même temps que M. Siegfried et dont il ramasse les traits essentiels en une soixantaine de pages), « Vichy et la Résistance » (50 pages), « La IVe » (125 pages). On sait comment M. Siegfried excelle à observer avec intelligence et impartialité, à décrire avec clarté, à comparer avec humour. Mais on aurait tort de se laisser prendre aux apparences d'un certain détachement et d'une plume volontairement discrète : il ne faut pas voir seulement le photographe qui sait bien choisir ses angles de prises de vues, mais aussi le peintre qui apprécie le modèle tout en sachant contenir sa sympathie. Les formules abondent (...) Des nombreux thèmes qui pourraient être retenus comme thèmes centraux de l'ouvrage, l'un des plus fondamentaux nous paraît être l'impossibilité française de gouverner alternativement, mais sans secousses, avec la gauche et avec la droite, parce que notre gauche est révolutionnaire et non réformiste et notre droite réactionnaire et non conservatrice. (...) Par ses dimensions et par sa modestie volontaire, un pareil ouvrage ne se présente que comme une introduction à l'étude de la IVe République, mais sa densité exigerait, pour une pleine assimilation de toutes ses intentions et de ses finesses, qu'il fût repris en conclusion de lectures plus approfondies et plus volumineuses..." (Jacques Chapsal, Revue française de science politique, 1957)
Sommières et son histoire. 1997, n° 5.
Montpellier, Université Paul-Valéry, 1997, in-8°, 234 pp, 24 pl. de croquis et photos hors texte (dont 2 en couleurs), broché, couv. illustrée, bon état
Sommaire : Jacqueline Gaussen Salmon, peintre de Sommières (Frédéric Gaussen) ; Au pays de Sommières (Cendrine Rubio) ; Les archers médiévaux (J.-P. Desaunay, 30 pages, 26 illustrations sur 10 pl. hors texte) ; Jean Venes, Huguenot sommiérois, architecte genevois (Aimé Jeanjean) ; Sommières il y a cent ans (Gaby Auburger) ; Défense de la ville contre les inondations (Ph. Foucher) ; L'apparition des autorail F.N.C. sur les lignes de l'étoile de Sommières (J. Chassefeyre) ; Raoul Gaussen (1886-1953) ou la vie d'un notable gardois (L. Gaussen).
La France des années 30. Tourments et perplexités.
Fayard, 1995, gr. in-8°, 419 pp, traduit de l'anglais, notes, broché, couv. illustrée, bon état
Avec l'éclairage que donne le recul, les années 1920 furent les années vivantes et optimistes de l' "après-guerre". Quant à la décennie suivante, elle fut sans conteste celle d'un "avant-guerre" morose et tourmenté. Il y a bien une atmosphère des années 1930: une humeur, un esprit distinct qui justifie qu'on les traite comme une entité à part. Si une poignée d'esprits clairvoyants semblent avoir vu la guerre venir dès 1919, plus nombreux sont ceux qui la pressentirent lorsque le réarmement de l'Allemagne prit un tour sérieux et que Hitler se mit à bafouer jusqu'aux traités que son pays avait librement signés. De même la paix intérieure fut-elle gravement troublée lorsque les exaltations et les angoisses du Front populaire alimentèrent la rumeur d'une guerre civile qui pourrait dépasser en horreurs la guerre d'Espagne. Lorsque vint l'heure de Munich, tout espoir de paix à l'étranger et de réforme digne de ce nom à l'intérieur s'était effondré. Tel est, entre autres choses et par-dessus tout, le thème de ce livre : l'inexorable marche vers la guerre d'une société qui était, sans l'être encore vraiment, incapable d'infléchir son destin. Dans leur ensemble, les Français des années 1930 ne purent décider. Ils laissèrent à d'autres le soin de forger leur destinée et eurent à payer le prix de cette abdication. C'est dans ces années-là que l'idée de décadence devint une évidence en tous les domaines. Avant que la politique étrangère se mît à tourner de travers, les troubles intérieurs suffisaient à consterner les Français. Lorsque la crise s'abattit vers 1931 – plus tard que dans les autres pays industriels –, elle révéla une économie précaire et des foules d'épargnants ruinés. Tout allait comme par le passé, mais tout allait mal. La crise des années 1930, en France, fut autant économique que diplomatique, autant constitutionnelle qu'économique, elle ne fut pas moins une affaire de morale publique, de confiance et de confiance en soi que d'intérêts économiques, d'emploi et de balance de paiements.
Charles IX.
Fayard, 1995, in-8°, 510 pp, 8 pl. de gravures hors texte, biblio, index, reliure souple illustrée de l'éditeur, bon état
En dépit d'un règne long (dix-sept ans), riche (du début des guerres de Religion à la Saint-Barthélémy, en passant par la réorganisation administrative du royaume), Charles IX n'a jamais suscité d'ouvrage d'ensemble. Sa situation, au regard des trois autres grands Valois (François Ier, Henri II et Henri III), est donc singulière. Elle s'explique sans doute par le fait que, longtemps, ce roi jeune subit l'influence de Catherine de Médicis qui exerce la réalité du pouvoir ou le partage, bon gré mal gré, avec d'autres. Cette particularité ne doit cepndant pas offusquer la personnalité de l'adolescent, qui s'affirme très tôt. Passionné par la chasse et les exercices physiques, conscient cependant de l'importance politique des écrivains et des artistes, Charles IX tentera, dans des conditions bien plus mauvaises, de revivifier les méthodes de son grand-père François Ier. Soumis pendant sa formation à l'influence de précepteurs et d'un entourage où les protestants ne manquent pas, ce roi ne saurait être réduit à l'image d'Epinal, popularisée par Michelet et Mérimée. L'homme est inquiet, tourmenté même. Il souffre jeune de l'oppression exercée par une mère possessive, autoritaire et avide de pouvoir, pour se découvrir ensuite un rival dans la personne de son frère Henri, qu'il verra, sans regret partir pour la Pologne. Ser dernières années annoncent le crépuscule de la dynastie àl aquelle, en dépit d'un enfant naturel, il ne saura pas donner de descendace mâle.
Briand, sa vie, son œuvre, avec son Journal et de nombreux documents inédits. III-IV : Le Pilote dans la tourmente, 1914-1918.
Plon, 1939-1940, 2 vol. in-8°, ii-499 et 396 pp, 16 planches de photos hors texte, biblio, brochés, bon état
Les 2 volumes relatifs à la Première Guerre mondiale de cette monumentale biographie en 6 tomes d'Aristide Briand (1862-1932). — Si on excepte Jaurès, trois hommes dominent la vie politique française durant les trente premières années du XXe siècle : Clemenceau, Poincaré et Briand. — Briand revient au gouvernement fin juillet 1914, d'abord comme ministre de la Justice de René Viviani, puis d'octobre 1915 à mars 1917, comme président du Conseil, détenant le portefeuille des Affaires étrangères. Il joue donc un rôle essentiel dans la première phase de la guerre. Le 25 décembre 1916, au début de son sixième gouvernement, dont le ministre de la Guerre est maintenant Lyautey, Joffre est remplacé comme commandant en chef par Nivelle, favorable à la reprise de la stratégie offensive et qui prépare une grande opération pour le printemps 1917. En février 1917, Briand est confronté aux débuts de la révolution en Russie. Le départ de Lyautey en mars entraîne la chute du ministère, avant que Nivelle ait lancé l'offensive du Chemin des Dames, qui sera d'ailleurs un échec. Combattu depuis des mois avec acharnement par Clemenceau, leader des jusqu'auboutistes, il cesse d'être ministre en mars 1917...
Soldats limousins de la Révolution et de l'Empire.
Tulle, Editions Lemouzi, 1967, gr. in-8°, 140 pp, préface de Robert Joudoux, broché, bon état
"L'histoire militaire de notre pays se confond avec l'histoire de France et c'est sous l'angle national que sont étudiés les soldats et leurs chefs. Mais ici, c'est de combattants nés dans un pays de France, au milieu de leurs camarades de bourgs et de villages que l'histoire nous est contée. Nous ne perdons pas de vue leur petite patrie que nous apprenons ainsi à mieux connaître. Ainsi défilent devant nous avec leurs exploits le fameux général comte Dumoulin et ses camarades de combat limousins, les chefs du 1er bataillon de la Haute-Vienne, les généraux Dupuy de Saint Florent et Léonard Cacatte. Personnages légendaires ainsi que leurs humbles troupiers, soldats exemplaires tout imprégnés des qualités, des travers aussi de leur race, souvent excessifs, mais sans jamais avoir quoi que ce soit de bas ou de mesquin." (Bulletin de l'Association Guillaume Budé, 1968)
Récits de mes souvenirs et campagnes dans l'armée française.
La Vouivre, 1997, in-8° carré, viii-109 pp, édité par Stéphane Le Couëdic, traduction revue et augmentée sur l’original pour les souvenirs, suivi de divers documents sur la famille Tone, 4 cartes et une gravure dans le texte, index, broché, couv. à rabats, bon état
Fils du célèbre héros irlandais, Tone raconte son enfance sous l’Empire et sa carrière militaire (1813-1815). Blessé à Leipzig il est assiégé dans Erfurt et nous livre un témoignage précieux sur la vie dans ces places fortes. Erfurt sera la dernière à se rendre longtemps après l’abdication de Napoléon le 14 avril 1814 ! (traduction revue et augmentée sur l’original). — Sa mère nous conte le récit de son entrevue avec Napoléon, sollicitant une protection pour son fils, et la vie à la cour de Saint-Cloud (p. 79-101).
L'Empire gréco-romain.
Seuil, 2005, fort in-8°, 876 pp, 55 illustrations sur 32 pl. hors texte, index, broché, jaquette illustrée, bon état
La séparation des chaires de grec et de latin au sein de l'Université française perpétue le mythe d'une distinction, voire d'une opposition, entre "la Grèce" et "Rome". Pourtant, l'Empire dit "romain" fut en réalité gréco-romain à plus d'un titre. Et d'abord par la langue. Certes, la langue véhiculaire qu'on pratiquait dans sa moitié occidentale était le latin, mais c'était le grec autour de la Méditerranée orientale et au Proche-Orient. Ensuite, la culture matérielle et morale de Rome est issue d'un processus d'assimilation de cette civilisation hellénique qui reliait l'Afghanistan au Maroc. Enfin, l'Empire était gréco-romain en un troisième sens : la culture y était hellénique et le pouvoir romain ; c'est d'ailleurs pourquoi les Romains hellénisés ont pu continuer à se croire tout aussi romains qu'ils l'avaient toujours été. Le présent volume entend suggérer, à coups d'aperçus partiels et de questions transversales, une vision d'ensemble qui ne soit pas trop incomplète de cette première "mondialisation" qui constitue les assises de l'Europe actuelle.
Le Secret de la Révolution française. Clartés sur l'histoire de France.
Editions littéraires artistiques, 1943, pt in-8°, 333 pp, biblio, broché, bon état. Edition originale
Publié en 1943, un ouvrage entièrement consacré à l'action néfaste des Anglais, des Francs-maçons et des sociétés secrètes pendant la Révolution. — "Cet ouvrage nous change des poncifs habituels sur les « grands ancêtres ». C'est moins une histoire des faits qu'une histoire des origines intellectuelles de la Révolution. Ces pages très objectives et fort bien documentées nous prouvent que les événements qui se déroulèrent à partir de 1789 ont été le résultat d'une action lente et méthodique de l'Angleterre décidée à abattre la seule puissance capable alors de lui tenir tête en Europe et le régime, fondement de cette puissance. L'influence maçonnique de la Grande Loge d'Angleterre fut le moyen employé, et philosophes et encyclopédistes furent les agents plus ou moins conscients de cette désagrégation. Un livre qu'il faut lire." (La Gerbe, rubrique « D'un livre à l'autre » du 16 mars 1944)
Une mémoire française. Entretiens avec Marc Leboucher.
Desclée de Brouwer, 2002, pt in-8°, 231 pp, broché, couv. illustrée, bon état
Comment se forgent la mémoire et l'identité françaises, à un moment où l'on parle tant de la mondialisation, de la construction européenne, où certains extrêmes se réclament aussi d'une conception étroite de la nation ? Comment les événements du XXe siècle en particulier ont-ils constitué la spécificité de ce que nous appelons "la France" ? Tout en mêlant ses souvenirs personnels à sa compétence d'historien et de pédagogue, René Rémond, interrogé par Marc Leboucher, part à la recherche de cette mémoire collective. Après une réflexion générale sur les liens entre mémoire et histoire, il évoque la guerre de 1914-1918 et la montée des périls, l'Occupation et son propre engagement dans la Résistance, le concept de totalitarisme, l'après-guerre et les mutations de l'Eglise catholique avant le Concile... Analysant les crises de société comme des événements fondateurs, en particulier mai 1958 et mai 1968, vécu de près à l'université de Nanterre, il s'interroge sur le destin de la politique au cours des années 1980-1990, marquées par la montée de l'individualisme et la crise du collectif. Il revient enfin sur le débat lancé par Le christianisme en accusation et sur les liens que notre société entretient avec le fait religieux. Traversant les grandes étapes de l'histoire contemporaine, de 1918 à nos jours, René Rémond nous offre à la fois un grand livre de mémoire et une réflexion sur notre histoire commune. — "Historien, politiste, témoin de l'histoire de ce XXe siècle qui l'a vu naître en 1918, René Rémond dresse, à la faveur d'un dialogue bien mené, une manière de bilan – non sans évoquer l'avenir. Adossé à une érudition impressionnante, il défend une vision optimiste et empathique du monde : "Le désir de comprendre les intentions et les motivations profondes l'emporte chez moi sur la volonté de juger ou, plus exactement, il la précède." Encadré par deux chapitres réflexifs – l'un dédié aux jeux de l'histoire et de la mémoire, l'autre aux relations de la France avec le fait religieux –, le récit suit le fil de la chronologie, mêlant analyses historiennes et vécu personnel. Ce n'est pas le moindre intérêt de l'ouvrage que de suivre le militant de la Jeunesse étudiante chrétienne à travers les embûches des années 1930. A bien le lire, on peut dater son souci de tenir fermement ses positions de la conférence de Munich : "Je suis depuis toujours resté antimunichois : par principe je refuse de céder à la pression, d'obtempérer sous la contrainte, de m'incliner devant la menace ou la violence." De fait, le jeune normalien – entré Rue d'Ulm en 1942 – devient résistant. L'homme mûr livre peu de cette expérience. Sollicité il y a quinze ans par Pierre Nora pour Essais d'ego-histoire, il commençait, il est vrai, l'exercice par ces mots : "Les historiens ne se confessent pas." Interpellé par Marc Leboucher sur une "vision trop équilibrée de l'histoire", René Rémond ne nie pas les tensions qui traversent l'histoire. Mais c'est pour souligner qu'elles sont aussi source de progrès et pour mieux récuser les lectures privilégiant rapports de forces et stratégies de pouvoir, puisant ses références chez Albert Thibaudet plutôt que chez Pierre Bourdieu..." (Laurent Douzou, Le Monde)
L'Afrique primitive.
P., Société Continentale d'éditions Modernes illustrées, 1962, gr. in-8°, 357 pp, 64 pl. de photos hors texte reproduites en héliogravure, 8 pl. de photos en couleur hors texte, 22 cartes et croquis dans le texte, reliure toile tabac décorée en noir et or de l'éditeur, bon état (Coll. Connaissance de l'Afrique)
Table : I. Le pays et les hommes. – II. Les populations de la grande forêt : 1. L'univers végétal. 2. Les populations de la forêt. 3. Les petits hommes de la forêt. – III. L'Afrique du Sud, finistère d'un continent : 1. Les populations d'Afrique du Sud. 2. Les Bochimans du désert de Kalahari. – IV. L'Afrique orientale et les éleveurs de bétail : 1. L'Afrique orientale et sa civilisation. 2. Les peuples de la montagne et des lacs. 3. En suivant le cours du Nil. – V. L'Afrique occidentale : 1. Le paysan de la savane. 2. Les civilisations de la savane. – VI. L'Afrique septentrionale : 1. Le pays et les hommes. 2. Les sédentaires.
Lettres à Julie, écrites du Donjon de Vincennes, publiées et commentées d'après les manuscrits originaux et inédits par Dauphin Meunier et Georges Leloir.
Plon-Nourrit, 1903, in-8°, iii-463 pp, copieux dictionnaire des noms cités, avec notices (pp. 341 à 460), broché, bon état
Très bonne édition critique. Contient 96 lettres et un important "Dictionnaire alphabétique de tous les noms cités" et de nombreux appendices. — "Si les amours de Mirabeau conservent encore des secrets pour nous, la faute n'en sera pas à MM. Dauphin Meunier et Georges Leloir. De l'immense correspondance inédite que possède le petit-fils de Lucas de Montigny, ils extraient le dossier d'une victime du fougueux Riquetti. Dans les « lettres à Julie » (octobre 1780 - avril 1784), il est spirituel, étourdissant, prometteur, faussaire, escroc, voleur même, menteur surtout, il y a chez ce Provençal hâbleur du don Juan, du Scapin et du Mascarille. Sa prodigieuse invention des faveurs que lui aurait accordées, ou plutôt qu'il aurait accordées à Mme de Lamballe, dépasse, par la richesse des détails, les fourberies les plus célèbres. Et, au milieu de ce fatras de mensonges, des échappées politiques d'une admirable envergure nous révèlent par instants, sous le fourbum imperator, le futur orateur de la Constituante. Tout cela s'adresse à une femme qu'il n'aime aucunement, mais qu'il sait tenir en haleine par une cour audacieuse, et tout d'abord anonyme. Il s'est servi de l'amour de Sophie pour faire enrager son père. Il joue avec Julie Dauvers la comédie de la passion contenue, parce qu'il en veut à son argent et parce qu'il a besoin d'elle pour ses plans de réconciliation avec le terrible marquis. La petite Dijonnaise réclamait toutes les réalités de l'amour ; l'intrigante parisienne se serait contentée d'une place de lectrice à Turin ; Mirabeau trouva moyen de les duper toutes les deux..." (Henri Hauser, Revue Historique, 1904)
Le Fascisme dans son époque. 1. L'Action française.
Julliard, 1970, in-8°, 407 pp, traduit de l'allemand, cart. éditeur, sans la jaquette, bon état
Ernst Nolte est devenu célèbre, au début des années soixante, grâce à ce livre ambitieux et remarquable où il interprètait le fascisme comme un phénomène européen dont il analysait trois variantes principales – le régime de Mussolini en Italie, le national-socialisme allemand et l'Action française. La thèse de l'auteur, qui voit dans le maurrassisme la première forme du fascisme, a suscité des polémiques en son temps. — "Le fascisme fait l'objet de nombreuses définitions : réaction de classe contre la montée du marxisme, réflexe de peur chez la petite bourgoisie menacée de prolétarisation, fer de lance de l'impérialisme. A travers les trois tomes de son ouvrage, l'historien allemand Ernst Nolte ne se contente pas de donner une analyse historico-économique du phénomène. Il entreprend une étude philosophique éclairant l'essence commune aux doctrines de Maurras, Mussolini et Hitler. Ainsi dévoile-t-il chez eux l'angoisse de certains groupes humains refusant de laisser mettre en cause, par les mutations de la civilisation, le caractère prétendu absolu de leur personnalité et la volonté de sauver celle-ci en figeant l'homme dans un modèle intangible : tel l'Aryen opposé avantageusement au Juif. Mais le fasciste ne se manifeste pas seulement par le racisme ou la xénophobie. Sa haine de l'altérité s'étend à tous ceux dont l'appartenance à un groupe social, ethnique ou religieux autre que le sien, lui fait éprouver le tragique de sa propre relativité. On discerne sans peine un sentiment analogue dans l'Action française. Sans doute, ce mouvement essaya-t-il de substituer dans l'imagination ouvrière l'ennemi racial à l'ennemi de classe. La pensée de Maurras n'en dissimule pas moins une anxiété d'origine esthétique et métaphysique. Epris de la beauté classique, il redoute que la promotion des masses ne défigure la beauté fragile de « la déesse France », beauté inséparable selon lui des positions sociales existantes et qui doit être défendue contre les adversaires de sa pureté : esprit révolutionnaire menaçant la fortune des particuliers et donc celle du pays, « métèques » corrupteurs de l'Unité nationale, romantisme allemand troublant l'harmonie des siècles antiques..." (Jean-Claude Labracherie, revue Esprit, 1972)
Le Fascisme dans son époque. 3. Le National-socialisme.
Julliard, 1970, in-8°, 504 pp, traduit de l'allemand, cart. éditeur, sans la jaquette, bon état
Ernst Nolte est devenu célèbre, au début des années soixante, grâce à ce livre ambitieux et remarquable où il interprètait le fascisme comme un phénomène européen dont il analysait trois variantes principales – le régime de Mussolini en Italie, le national-socialisme allemand et l'Action française. La thèse de l'auteur, qui voit dans le maurrassisme la première forme du fascisme, a suscité des polémiques en son temps. — "Le fascisme fait l'objet de nombreuses définitions : réaction de classe contre la montée du marxisme, réflexe de peur chez la petite bourgoisie menacée de prolétarisation, fer de lance de l'impérialisme. A travers les trois tomes de son ouvrage, l'historien allemand Ernst Nolte ne se contente pas de donner une analyse historico-économique du phénomène. Il entreprend une étude philosophique éclairant l'essence commune aux doctrines de Maurras, Mussolini et Hitler. Ainsi dévoile-t-il chez eux l'angoisse de certains groupes humains refusant de laisser mettre en cause, par les mutations de la civilisation, le caractère prétendu absolu de leur personnalité et la volonté de sauver celle-ci en figeant l'homme dans un modèle intangible : tel l'Aryen opposé avantageusement au Juif. Mais le fasciste ne se manifeste pas seulement par le racisme ou la xénophobie. Sa haine de l'altérité s'étend à tous ceux dont l'appartenance à un groupe social, ethnique ou religieux autre que le sien, lui fait éprouver le tragique de sa propre relativité..." (Jean-Claude Labracherie, revue Esprit, 1972)
De Saint-Pétersbourg à Rome (1888-1956).
Plon, 1969, in-8°, 341 pp, cart. éditeur, jaquette illustrée, bon état
Né à Saint-Pétersbourg le jour où l'empire des Tzars célébrait le 8e centenaire de Saint Wladimir qui christianisa la Russie, Wladimir d'Ormesson – en raison de la carrière de son père – a passé les vingt premières années de sa vie aux quatre coins d'une Europe qui comptait alors beaucoup de rois, très peu d'autos et pas un avion. C'est le tableau de ce « petit monde d'autrefois » que peint d'abord, en touches légères, l'auteur des « Enfances diplomatiques ». L'Europe régnait sur le globe. Ses rivalités, ses routines, son aveuglement la précipitèrent dans la catastrophe de 1914 qui fut la plus absurde des guerres civiles. Davantage même ! Le conflit de 1914-1918 et celui de 1939-1945, son corollaire, engendrèrent, en fait, une révolution mondiale qui est loin d'être achevée... Journaliste de notoriété internationale, Wladimir d'Ormesson fut nommé par le gouvernement Paul Reynaud ambassadeur auprès du Saint-Siège en mai 1940. Il évoque dans ces pages la mission pathétique qu'il accomplit au Vatican pendant le tragique été 1940. La guerre finie, le général de Gaulle le désigna pour rouvrir l'ambassade de France en République Argentine et rétablir le rayonnement de la France libérée dans ce grand pays de l'Amérique latine. En 1948 Wladimir d'Ormesson retourne à Rome comme ambassadeur de France près le Saint-Siège et occupe ce poste pendant huit ans. La profonde connaissance qu'il y acquiert du Vatican lui permet de définir le rôle d'un ambassadeur auprès de la plus grande puissance morale de cette terre et d'exposer le mécanisme de la Curie romaine. L'auteur trace enfin un portrait saisissant de Pie XII qui fut exalté pendant son règne, mal jugé, – voire calomnié – après sa mort. Entre les deux expériences que M. d'Ormesson a faites au cours de sa vie – celle de fils d'ambassadeur et la sienne propre – il semble que deux âges se soient succédé. C'est cet extraordinaire contraste que fait apparaître ce livre de souvenirs et de reflexions. Sur le plan diplomatique, Wladimir d'Ormesson en tire la philosophie.
Sumer.
Gallimard, 1968, in-4°, xlviii-399 pp, préface d'André Malraux, 419 photographies, illustrations, cartes et plans en noir et en couleurs dans le texte et hors texte, cartes dépliantes in-fine, bibliographie, dictionnaire-index, reliure toile rouge éditeur, signet, jaquette illustrée, bon état (Coll. L'Univers des Formes). Riche iconographie
Avec Sumer apparaît, dès la fin du IVe millénaire, dans la basse plaine du Tigre et de l'Euphrate, la première civilisation urbaine. Elle va s'étendre à l'ensemble de la région d'entre les fleuves, cette Mésopotamie dont les cités manifestent, aux IIIe et IIe millénaires, une extraordinaire puissance créatrice, qui se poursuivra au ler millénaire, période que couvre un second volume Assur. Etendard d'Ur, stèle d'Hammurabi, sceaux-cylindres représentant Gilgamesh, céramiques de Samarra, portraits de Sargon, statues de Gudéa, peintures du palais de Mari, vases d'Uruk, ziggurats d'Ur et d'Agarquf... au-delà de la création artistique, c'est l'esprit de l'univers religieux, du monde palatial et des habitants des cités du bassin des Deux Fleuves qui resurgit là. "L'Univers des Formes", collection voulue par André Malraux, est la plus prestigieuse Histoire universelle de l'art.
Voltaire, ou la royauté de l'esprit.
Flammarion, 1966, fort in-8°, 827 pp, 16 pl. de gravures hors texte, chronologie, un tableau généalogique, biblio, index des noms, reliure pleine toile vert clair de l'éditeur, titres en noir et rouge, rhodoïd, sous étui carton, bon état
Tout le monde connaît Voltaire. Chacun a sur lui son idée – pour ou contre ; c'est la même. Quand on s'enfonce dans sa vie, le foisonnement des faits, les pirouettes du personnage, ses contradictions, ses escamotages donnent le vertige. D'Alembert en définissant Voltaire l'a reconnu indéfinissable. Il l'appelait : "M. le Multiforme". En faisant rayonner son génie personnel – et le génie français – à travers toute l'Europe, Voltaire s'embarrassait fort peu des propagandes nationalistes. Pour lui et pour ceux qui l'entendaient, l'Europe a existé : c'était l'Europe des Lumières, la plus civilisée, la plus humaine des patries. Ce sont six années que Jean Orieux a consacrées à Voltaire, six années passées, dit-il, "dans la meilleure compagnie qui ait peut-être jamais existé". Le résultat est cette biographie à la fois tumultueuse, riche, chatoyante, à l'image du fascinant personnage qu'elle met en scène.
Le Costume civil en France du XIIIe au XIXe siècle.
Flammarion, s.d. (1914), in-4°, 380 pp, ouvrage orné de 700 illustrations directes par la photographie, d'après les documents du temps (statues, peintures murales, tapisseries, vitraux, etc.), reproduites sur sur 11 planches hors texte en couleurs (dont le frontispice) et en noir dans le texte et à pleine page, reliure toile ocre décorée de l'éditeur, tranches dorées, reliure lég. défraîchie, charnières recollées, manque la première garde, sinon bon état
"Voici un ouvrage très digne d'attirer l'attention du public qui veut s'instruire en regardant de belles images choisies par un artiste et commentées par un historien. On remarque un souci de faire connaître par le costume toutes les classes de la société, celle des artisans comme celle des gens qui « s'habillent ». On n'y trouvera pas l'illustration banale tirée des livres que tout le monde peut consulter. Si l'on rencontre et là des images connues, comme celle qui est tirée de la Bible de Charles le Chauve (mais pourquoi cette image du IXe siècle dans un livre où l'on déclare ne vouloir commencer qu'au XIIIe ?), la plupart sont peu connues et quelques-unes inédites. Le texte qui les accompagne, sobre et précis, fournit les explications nécessaires pour bien faire comprendre la forme et l'emploi des diverses pièces du costume. Il faut féliciter la maison Flammarion d'avoir conçu l'entreprise et d'en avoir confié l'exécution à un des hommes les mieux qualifiés pour la mener à bien." (Ch. Bémont, Revue Historique)
Une police politique de Vichy : le Service des Sociétés Secrètes.
Klincksieck, 1996, gr. in-8°, 536 pp, broché, couv. illustrée, bon état
Dans ce livre documenté et foisonnant, Lucien Sabah nous dévoile ses recherches sur le rôle de la franc-maçonnerie pendant la guerre entre 1940 et 1944. Le Service des Sociétés Secrètes fut la police politique que Vichy déchaîna contre les Francs-Maçons, mais aussi contre les démocrates qui ne sa résignaient pas à accepter la défaite de 1940. Les coups que ce service de basse police, si tant est qu'il y eut une « haute police » sous Vichy, a porté à Ia Résistance furent assez rudes pour que la Gestapo en fit son allié dans la lutte que les Nazis entreprirent pour imposer leur joug en France. L'organisation de ce service, Issu des plus mauvais groupes de la Cagoule ou de l'Action Française, voire de le Maçonnerie elle-même pour quelques individualités, son fonctionnement, ses résultats, sont un exemple de ce qu'une dictature peut faire faire à des militants qui n'ont plus de mesure politique ou humaine. Surtout on note une concertation entre les polices politiques que Vichy créa : Police des Questions Juives, Police anticommuniste, Police des Sociétés Secrètes, dont les cadres sont issus de la Cagoule. Il y a unité de conception, unité d'emploi, il y a ici l'illustration de ce que Vichy entendait faire supporter aux Français. Ce travail qui commence par un rappel de ce que fut le réaction sous la IIIe République, débouche sur la lutte contre la Maçonnerie proprement dite, mais aussi sur la mort des époux Basch, le Synarchie, la lutte de Vichy contre l'Église, ou du moins certains de ses membres, etc. On trouve encore la jurisprudence que Vichy voulut imposer pour exclure de la communauté nationale des Français qui croyaient dans l'avenir de leur pays et comment, finalement, par un amalgame curieux, Vichy rapprocha gaullistes, maçons, chrétiens, démocrates, juifs et communistes. — "L'anti-maçonnisme est une tradition française, qui a traverse tout le XIXe siècle. Des le mois d'août 1940, elle devint une des composantes de l'idéologie de l'Etat français et un des moyens de la prise en mains des Français. C'est cette histoire que M. Sabah a reconstituée en dépouillant les archives du ministère de l'Intérieur, bribes des papiers du service des Sociétés secrètes de Vichy et surtout procès-verbaux établis par la police, après la Libération. II en résulte un livre, parfois difficile à lire, mais passionnant. 1) Le service des Sociétés secrètes a été institue au cours de l'été 1940, et confié à Bernard Faÿ. (...) L'activité du service ne fut pas négligeable. (...) 2) Ce programme fut doublé d'une véritable opération de police politique, dont la révélation est l'apport le plus original de ce livre. Le service des Sociétés secrètes est doublé, à partir de décembre 1941, d'un service de renseignements maçonniques. Son institution avait été justifiée par la nécessité d'appliquer la loi du 13 août 1940 sur les Sociétés secrètes, en pourchassant les faux déclarants. Ce n'était pas une police parallèle, mais un vrai service de la Préfecture de police, à Paris, qui lui fournit des fonctionnaires, entre 20 et 40 selon le moment. (...) Très vite le dérapage fut sensible. En août 1941, par exemple, Labat transmettait a Vichy des fiches et sur des agents allemands et sur des gaullistes et des communistes (p. 150). Bien des ministres rêvèrent de contrôler un tel appareil, comme Darlan ou Laval. 3) A cet égard, l'apport du livre est important. La politique anti-maçonnique résulte d'une décision volontaire de Pétain : "J'ai créé une police spéciale qui a pour mission de briser la résistance que l'abus des prescriptions légales, la bureaucratie ou l'activité des Sociétés secrètes peuvent faire naître contre la reconstruction nationale", déclara-t-il dans un discours, le 12 août 1941. Quant à Bernard Faÿ, il avait noté ce mot du maréchal: "La Franc-Maçonnerie est le principal responsable de nos malheurs actuels" (p. 56). La marche du service n'échappa point a Pétain. Les fonds secrets venaient du cabinet, remis par le général Laure, la liaison était assurée par le chef du cabinet, Dumoulin de La Barthète, ou par son adjoint Demay. Pétain suivait "personnellement l'exécution de ses instructions concernant les Francs-Maçons" (p. 59). C'était son confident, le Dr Menetrel, qui recevait les dénonciations regroupées par le service anti-maçonnique..." (Jacques Valette, Guerres mondiales et conflits contemporains, 2001) — Lucien Sabah nous dévoile ses recherches sur le rôle de la franc-maçonnerie pendant la guerre entre 1940 et 1944. Il s’était déjà intéressé au rôle de la franc-maçonnerie en Algérie. Après sa thèse d'Etat sur la franc-maçonnerie à Oran, Lucien a poursuivi ses recherches et ses trois ouvrages universitaires forment un tout. Il est également l’auteur d’un ouvrage sur la Synarchie. Pendant la guerre, la franc-maçonnerie est en ligne de mire de la police de Vichy, comme les juifs, les communistes et les résistants. Pétain, avec son double jeu, a trompé les Français, nous dit Lucien Sabah. Il a entraîné le pays dans son sillage jusqu’aux ravages que l’on connaît. En servant l’occupant, il a desservi la défense de la France et détruit une partie de l’âme française... Le général Giraud participe à la fondation de la Cagoule militaire, issue de l’Action Française. Il est arrêté par les Allemands et s’évade avec l’appui du deuxième bureau. Début 1945, il envoie une émissaire négocier avec la Gestapo pour créer des Maquis « gris » afin de lutter contre le rétablissement de la démocratie en France ! Schueller, beau-père de Bettancourt, était le financier de la Cagoule. Michel de Camaret, membre de la cagoule, secrétaire de Méténier – un des responsables du C.I.E (Centre d’Information et d’Etudes, police politique de Vichy) –, voulant se mettre à la disposition de la Gestapo, est poursuivi pour le meurtre du jeune Gazelle au Cendre (village près de Clermont-Ferrand). Il collabore puis deviendra cadre du Front National. Le cousin du Maréchal Leclerc était dans la Milice. Quant au lieutenant-colonel de Lattre de Tassigny, de l’état-major du général Weygand, il était l’agent de liaison du ministre de l’Intérieur, Frot, avec l’Action Française le 6 février 1934 ! Un autre ancien de la Cagoule, Jean Filliol, impliqué dans le massacre d'Oradour sur Glane, mènera une carrière honorable chez L'Oréal-Espagne, après la guerre... Finalement, la République dût au comte François de La Rocque de Severac (1885-1946) d’être sauvée. En effet, le 6 février 1934, les Croix-de-Feu du colonel de la Rocque obliquent de route pour ne pas attaquer le Palais-Bourbon. Militaire (lieutenant-colonel), président des Croix-de-Feu issu des anciens combattants de la Grande Guerre, puis du parti social français, premier parti de masse de la droite française, il entra en résistance et fonda un réseau. Arrêté, déporté, il s’était opposé à l’occupation allemande. Selon son biographe, M. Bourdrel, il aurait appartenu à la franc-maçonnerie. La Cagoule a donné naissance aux polices parallèles de Vichy.
Charles-Quint. Chronique de sa vie intérieure et de sa vie politique, de son abdication et de sa retraite dans le cloître de Yuste.
P., Furne et Cie, 1854, gr. in-8°, xv-560 pp, reliure demi-chagrin carmin, dos à 4 nerfs pointillés soulignés à froid, titres dorés (rel. de l'époque), bon état. Peu courant
Amédée Pichot (1795-1877), directeur de la Revue britannique, prévoyait un second volume (jamais paru) qui devait s'intituler : "Histoire de la lutte de Charles-Quint contre le sultan des Turcs, les papes de Rome et les rois très-chrétiens". Charles-Quint intéressait fort les historiens du XIXe siècle : en 1859, à son tour, Mignet publiait "Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste".