Considérations sur la France. Présenté par Jean Tulard.
Garnier, 1980, in-8°, 135 pp, introduction, notes et bibliographie par Jean Tulard, broché, bon état (Coll. Les Classiques de la Politique)
"La republication des Considérations sur la France se défend d'elle-même, ne serait-ce que par l'écho rencontré par l'ouvrage après la chute de l'empereur (1814). Ce texte fit figure de prophétie tant le scénario de la Restauration se conformait aux prévisions de de Maistre. Ce n'était pas là son seul intérêt, et cette analyse, à chaud, de la Révolution doit être replacée dans la liste des grandes historiographies révolutionnaires, dont son providentialisme par trop passionnel semble l'avoir écartée. Cette réédition s'assortit d'une préface, véritable essai qui parvient à brosser une fresque intellectuelle tout en cernant les contours spécifiques de l'oeuvre ; de notices biographiques et bibliographiques qui guident le lecteur en quête d'informations ; de notes qui savent garder la bonne mesure entre l'érudition et la vulgarisation ; d'un choix de variantes qui renseigne sur le travail de la pensée sans alourdir le texte. Des documents divers, lettres, témoignages etc., joints en annexe contribuent à cet éclairage historique qui semble être le souci majeur de la collection." (Françoise Gaillard, Romantisme, 1982)
Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l'entre-deux-guerres.
PUF, 1994, pt in-8°, 720 pp, sources, index, broché, couv. illustrée, dos insolé, bon état (Coll. Quadrige), envoi a.s. à Jean-François Revel
Les khâgnes et l'École normale supérieure étant, pour leur part, nettement orientées à gauche, la génération qui en est issue n'est donc représentative que d'un rameau de la génération de 1905. Mais pour ce rameau, les classes préparatoires et la rue d'Ulm constituaient assurément un observatoire de premier plan. Ce milieu apparaît, après inventaire, comme vibrant à l'unisson de la fraction de gauche du monde intellectuel français, dreyfusarde à la fin du siècle dernier, puis pacifiste et attachée à la République des professeurs dans les années 1920. Il en épouse les idéologies dominantes successives et sécrète les mêmes engagements et les mêmes parcours politiques. D'autant qu'en même temps, et sans que cela soit contradictoire, le milieu de serre intellectuelle donne peut-être à l'École normale supérieure une densité d'engagements plus forte et ces engagements sont souvent, de surcroît, portés sur le devant de la scène par la notoriété de l'établissement, qui en fait une caisse de résonance. Ce qui nous autorise à noter que l'École normale supérieure constitue incontestablement un bon sismographe – à condition d'en pondérer les indications d'intensité – pour une analyse de certaines des ondes qui ont parcouru le monde intellectuel français depuis l'Affaire Dreyfus. (Jean-François Sirinelli) — Claude Lévi-Strauss, Georges Canguilhem, René Maheu, Paul Nizan, Georges Friedmann, Raymond Aron, Georges Lefranc, Jean-Paul Sartre : vivants ou morts, tous ont marqué la vie intellectuelle depuis 1945, à des degrés divers et selon des voies divergentes. Une trop abondante littérature a ressassé l'exposé de leurs idées, la variété de leurs opinions, la diversité de leurs engagements. Jean-François Sirinelli, en une démarche originale qui déjà fait date dans l'historiographie contemporaine, a, le premier, rattaché les fils de ces destins individuels à la trame collective de leur génération. Les classes d'âge nées vers 1905, adolescentes à l'ombre du premier conflit mondial, s'éveillèrent à la politique dans les années 1920, réagirent de différentes manières à la montée des périls, s'enrôlèrent - ou s'abstinrent -durant la Seconde Guerre mondiale, et certains de leurs représentants qui n'étaient morts ni au champ d'honneur de la Résistance ni devant les pelotons d'exécution de l'Epuration, arguèrent, passé 1945, que l'engagement était consubstantiel à la qualité d'intellectuel. Ce trajet collectif, des dizaines d'itinéraires l'ont tissé à travers des réseaux ou des institutions de sociabilité : cette génération fera ses grands choix - tels le pacifisme ou l'antifascisme – notamment parce que, étudiants en khâgne (classe préparatoire littéraire), à l'Ecole normale supérieure ou à l'Université, certains se seraient proclamés les élèves d'Alain, le maître éveilleur de conscience, d'autres auraient milité en faveur du "Bloc des Gauches" du lycée Louis le Grand, créant ainsi des solidarités qui perdureront jusqu'à l'Occupation, puis au-delà. L'étude pionnière de la constitution des groupes composites qui définirent cette génération intellectuelle et de leurs mécanismes internes permet de comprendre enfin la page d'histoire qu'écrivirent, il n'y a. guère, tant les théoriciens de l'engagement permanent que les praticiens de l'intervention raisonnée par temps de crises.
Un général hollandais sous le Premier Empire. Mémoires du général baron de Dedem de Gelder, 1774-1825.
Plon, 1900, in-8°, vi-414 pp, un portrait en héliogravure en frontispice, reliure demi-basane carmin, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres et fleurons dorés (rel. de l'époque), bon état
"La mission diplomatique en Westphalie et à Naples, l'annexion de la Hollande et l'expédition de Russie, la campagne d'Allemagne. Nombreux détails sur les atrocités françaises en Russie, la retraite, la mort de Duroc, la désertion de Jomini jugée très sévèrement." (Tulard, 1452) — "Ces mémoires, très intéressants et d'ailleurs bien annotés, comprennent en somme trois parties. Dans la première, Dedem, fils de l'ambassadeur des Provinces Unies à Constantinople, retrace ce qu'il a vu en Orient ; le voyage qu'il fit en Egypte avec M. Fauvel est particulièrement attachant. La deuxième partie nous le montre ministre plénipotentiaire du roi Louis de Hollande près du roi de Westphalie et du roi de Naples ; le portrait du roi Jérôme et des personnages qui l'entouraient est vivant ; piquante, la description de la cour de Piombino ; instructive, la peinture de Naples sous Murat. La troisième partie représente Dedem devenant, de général-major au service de Hollande, général de brigade dans les armées de Napoléon et tenant si bien son nouveau rôle qu'il s'étonne et se fâche de n'être pas général de division. Ses jugements sur les hommes de guerre qu'il fréquente alors, ont du prix. Il fait un grand éloge de Davout, bourru, malhonnête, brutal, mais nullement cruel ; « il n'était pas toujours aimable, mais je suis fier d'avoir servi sous ses ordres, d'avoir été chez lui à une école instructive ; avec lui, ou est sûr d'être bien commandé, ce qui est quelque chose et de petits desagréments sont compensés par de grands avantages. » Il voit dans Priant un vrai manœuvrier mais un homme de peu d'esprit. Il trouve que Ney avait le sens droit et jugeait bien sur le champ de bataille, mais « dans les moments difficiles autres que ceux de la guerre, tombait dans le vague et l'incertitude ». Son récit de la campagne de 1812 renferme plus d'un curieux détail : il note, par exemple, que Napoléon était cruellement trompé par les rapports qu'on lui faisait et qu'on osa lui dire officiellement avant Moscou que la division Priant avait des vivres pour dix-sept jours alors qu'elle était réduite aux expédients ; il remarque qu'on eut tort à la Moskowa de ne pas pousser en avant dès le matin l'aile droite de l'armée pour déborder l'ennemi et que la faute est due au manque de bonnes cartes et à l'ignorance complète des localités ; il assure qu'il y avait à Moscou de grands approvisionnements, qu'avec un peu d'ordre on aurait pu distribuer des vivres pour trois mois, mais que la discipline n'existait plus ; lui aussi est d'avis que l'empereur eut mieux fait de rester à Smolensk, d'empêcher ainsi la Porte de faire la paix, de réorganiser les troupes et d'entrer en campagne l'année d'après ; mais l'empereur « ne savait ni négocier ni temporiser ». Dedem l'a observé pendant la retraite : « Il était calme sans colère, mais aussi sans abattement ; c'était l'homme qui voit le désastre et reconnaît tout ce que sa position offre de difficile, mais qui se dit : c'est un échec, il faut s'en aller, mais on me retrouvera. » Durant la campagne de 1813, Dedem appartint à la division Girard. Il loue la bravoure de ses soldats ; presque tous avaient la gale ; mais, disaient-ils, « si nous sommes sales, nous nous battrons bien ». Et, en effet, ces jeunes gens se battirent bien. Mais après la lutte, ils étaient comme « ahuris » et « pétrifiés » : leur coup d'essai avait été trop violent, et s'ils avaient dû recommencer vingt-quatre heures après, ils n'auraient rien valu : « peu à peu ils reprirent de la gaieté, mais il ne fallait point leur donner le loisir de réfléchir, car ils retombaient dans la tristesse, et par la suite ils gagnèrent tout à fait le spleen, » Une courte narration de la seconde journée de Leipzig et des opérations de l'armée d'Italie sur la ligne du Taro termine le volume. Quoi qu'on puisse penser de certaines appréciations de Dedem et bien qu'il nous paraisse un ambitieux qui, bien qu'aristocrate et dédaigneux des « simagrées plébéiennes » accepte de la démocratie honneurs et emplois, il avait, comme il dit lui-même, de la perspicacité et de la finesse ; ses mémoires ne sont pas du tout à dédaigner." (Revue critique d'histoire et de littérature, 1900)
Vivre ensemble. Ordre et désordre en Languedoc (XVIIe-XVIIIe siècles).
Julliard, 1981, gr. in-12, 286 pp, 36 illustrations sur 16 pl. hors texte, sources, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Archives)
Vivre ensemble : maison, famille, parenté, classe d'âge, communauté, territoire tissent les liens de la sociabilité provinciale d'Ancien Régime. Solidarités et hiérarchies, affrontements aussi y sont vécus selon des règles d'autant plus contraignantes qu'elles sont presque toujours tacites : elles fixent les rôles, le rang, les stratégies. Ainsi, au-delà du désordre des jours, un ordre plus profond s'impose à ces hommes dont la vie tout entière se passe sous le regard d'autrui, puisqu'il faut vivre là où l'on naît avec ce que l'on a reçu, avec les autres.
J'étais Z.U./19, agent secret.
Issoudun, Impr. Gaignault, 1970, in-4°, 228 pp, préface de Charles Sadron, 11 illustrations pleine page de Marc-Engel Brault hors texte, 3 grandes cartes dépliantes hors texte, reliure simili-cuir bordeaux de l'éditeur, jaquette, bon état, envoi a.s. Rare
André Plateaux, membre des mouvements de résistance Libération et Combat puis des Mouvements Unis de Résistance, rejoint le réseau Jade-Fitzoy en 1943 ; en septembre 1943, il quitte l’Indre pour devenir responsable du réseau pour le Nord de la France. Il a publié ses souvenirs en 1970 sous le titre J'étais Z.U./19.
Souvenirs et campagnes d'un vieux soldat de l'Empire (1803-1814). Avec une introduction par le capitaine A. Aubier.
P. et Nancy, Berger-Levrault, 1892, in-8°, xxxvi-394 pp, un portrait en frontispice et un tableau dépliant hors texte, index, reliure demi-basane cerise, dos lisse, titres et doubles filets dorés (rel. de l'époque), dos et mors lég. frottés, coiffe inf. arasée, pt mque de cuir au bas du dos, sinon, bon état
Deuxième édition. Mémoires écrits en prison après l'échec de la tentative de Louis-Napoléon Bonaparte à Boulogne. A côté d'aventures galantes et d'exploits individuels, on retiendra le récit de la mort du prince Louis de Prusse à Saafeld, une évocation de la campagne de 1809 et une narration de la bataille de Leipzig. L'ouvrage s'achève en 1814 sur les adieux de Fontainebleau. Charles Parquin (1786-1845) s'engagea volontaire à seize ans au 20e régiment de chasseurs à cheval. Il prit part aux batailles d'Iéna et Eylau avant d'être fait prisonnier à Königsberg le 15 février 1807. Libéré par la paix de Tilsit, il rejoint son régiment en Prusse, puis en opération en Allemagne et en Autriche. Sous-lieutenant en 1809, il combat à Amstetten, Wagram et Znaïm. En 1810, il part pour l'Espagne, où il reste deux ans. Lieutenant en 1813, il entre dans la Garde, obtient la Légion d'honneur. Il participe aux combats à Hanau et Leipzig, et en décembre 1813, devient capitaine. Il fait aussi la campagne de France. En 1815, son régiment de chasseurs ne sera pas à Waterloo, et lui-même ne combat pas avec le 11e cuirassiers. Par la suite, il s'attache à la personne de Louis-Napoléon, est plusieurs fois arrêté, et finalement condamné après l'échec de l'expédition de Boulogne, le 6 août 1840. Emprisonné à Doullens, il y meurt le 19 décembre 1845. Ces "Souvenirs", peu remarqués à leur première parution (1843) furent republiés en 1892 et sont toujours considérés parmi les plus intéressants et agréables des récits sur les guerres napoléoniennes. Utilisés par tous les historiens militaires comme l'archétype des "aventures" d'un officier de cavalerie légère, ils comportent des passages souvent reproduits sur la vie de régiment et la guerre d'Espagne. (Tulard, Dictionnaire Napoléon, 1309) — "Ces mémoires d'un officier de cavalerie légère rédigés avec bonheur méritent leur réputation." (Tulard, 1117)
Le Livre de la déportation. La vie et la mort dans les 18 camps de concentration et d'extermination.
Laffont, 1994, gr. in-8°, 451 pp, 16 pl. de photos hors texte, glossaire des déportés, biblio, chronologie, broché, bon état. Bien complet de la la planche volante en couleurs présentant les principaux signes distinctifs des déportés
Il y a cinquante ans, les troupes alliées, au fur et à mesure de leur avance, libéraient les camps de la mort et révélaient au monde l'horreur du système concentrationnaire nazi. Les camps de concentration – en particulier ceux de Buchenvald, Dachau et Ravensbrück – et les camps d'extermination – surtout Auschwitz – ont fait l'objet de nombreux essais et témoignages. Mais "Le Livre de la deportation" est le premier ouvrage d'ensemble sur les douze camps de concentration et les six camps d'extermination bâtis par l'empire SS. Grâce à lui, nous les découvrons l'un après l'autre, avec leur histoire, leur organisation, la vie et la mort de leurs victimes – un sinistre « bilan » fondé sur des documents irrécusables et des témoignages de première main, illustré par des cartes et des photographies. En décrivant les camps de concentration peuplés notamment de résistants de toute l'Europe, et en confirmant par le texte et l'image la spécificité du génocide condamnant les Juifs à mort uniquement parce qu'ils étaient nés juifs, ce livre rappelle aussi que, pour Hitler, les handicapés, les homosexuels, les Tsiganes étaient également voués à l'anéantissement. Un ouvrage unique qui fait date et deviendra un livre de référence.
Sèvres en Ile-de-France.
Condé-sur-Noireau, Ch. Corlet, 1976, gr. in-8°, 240 pp, 43 pl. de gravures et photos hors texte, cartes, notes et références, biblio, broché, couv. illustrée, non coupé, bon état
Le Développement de l'antisémitisme en Europe aux Temps modernes (1700-1850). (Thèse).
Sans lieu ni nom, Mayenne, impr. Floch, 1968, in-8°, 514 pp, biblio, index, broché, couv. lég. salie, bon état
"Léon Poliakov vient de soutenir en Sorbonne une thèse de doctorat sur “Le développement de l'antisémitisme en Europe aux temps modernes” sous la direction de Raymond Aron, qui lui a valu de vifs éloges et la mention "très honorable". Ce tableau de l'antisémistisme en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles est rehaussé de quantité d'anecdotes, de citations rares ou inédites qui ravivent constamment l'intérêt, tandis que quelques grands thèmes le parcourent en profondeur. Ainsi la transmutation d'un antijudaïsme chrétien – qui faisait jusqu'alors au Juif une condition de "paria privilégié" – en antisémitisme antichrétien, le concept de race succédant à celui de caste ou de secte. Tout se passe, nous dit Poliakov, comme si les Juifs avaient "une fonction psychosociale à remplir", comme si "la chrétienté avait d'une certaine manière besoin des Juifs pour se distinguer avantageusement d'eux". Il n'y a jamais eu d'antisémitisme en Extrême-Orient. Toutefois, les racines de l'antisémitisme ne sont pas seulement religieuses. La persistance d'une "sensibilité archaïque" amène à rechercher une explication psychanalytique pour laquelle Poliakov puise des arguments intéressants dans l'examen des cas de Voltaire et de Wagner. Une autre hypothèse féconde ressort de l'étude des mythes populaires, où chaque nation exprime l'idée qu'elle se fait de ses origines. L'Allemagne seule se réclamait d' "une race supposée pure, une race censée avoir jadis colonisé l'Europe et lui avoir donné ses monarques". Ce fut ainsi un terrain d'élection pour l'antisémitisme..." (F. Reiss, Le Monde, 1968)
Après le changement climatique, penser l’histoire.
Gallimard, 2023, in-8°, 396 pp, traduit de l'anglais, préface par François Hartog, index, broché, bon état (Bibliothèque des Histoires) (Prix Européen de l'Essai)
Ce livre est l'accomplissement d'une réflexion engagée depuis une dizaine d'années sur les effets du changement climatique : changement de la discipline historique elle-même, du rapport de l'homme au temps et au monde, et finalement de la condition humaine. Chakrabarty a bien compris que le "global" (autrement dit ce que nous appelons "mondial") de la mondialisation et le "global" du changement climatique ne sont pas des notions homogènes. Rendre compte du second suppose une approche nouvelle et particulière : rien de moins que l'élaboration d'une anthropologie philosophique. Le problème est que, dès les Temps modernes, nous avons appris à distinguer deux ordres de globalité : le premier relève du temps régi par l'histoire, le deuxième du temps réglé par la nature. Or, nous avons compris depuis une vingtaine d'années que le temps humain agissait sur le temps naturel. Nous savons notamment que notre action sur la Terre a déjà modifié le climat pour peut-être cent mille ans. C'est ce que l'on a nommé "l'Anthropocène" , et que Chakrabarty appelle "l'entrée dans l'âge planétaire" . La difficulté est évidente : nous avons affaire à deux échelles de temps radicalement différentes et qui pourtant, à partir de maintenant, s'entremêlent. L'auteur ne propose pas de solution toute faite ; il se contente d'éclairer la question. En bon humaniste, il ne peut que souhaiter en conclusion qu'Homo sapiens se transforme en Homo prudens.
Les Intellectuels, le peuple et la révolution. Histoire du populisme russe au XIXe siècle. Tome II.
Gallimard, 1972, in-8°, 494 pp, traduit de l'italien, paginé 673-1166, notes bibliographiques, table chronologique, 3 index, reliure toile éditeur, jaquette, bon état (Bibliothèque des Histoires)
Tome II seul (sur 2) — "La Préhistoire de la Russie révolutionnaire au XIXe siècle. La naissance et le développement, en pays sous-développé et autocratique, d'une intelligentsia moderniste qui passe en cinquante ans, à travers la persécution, du nihilisme au populisme puis au marxisme."
La Dame de Maransan, Louise Leclerc du Sablon. Correspondance (1869-1913).
Archives Leclerc-Boyer, 2000, gr. in-8°, 483 pp, choix et présentation de Louis Bachy, éléments de généalogie, 3 cartes, 4 fac-similés, biblio, reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, qqs surlignures stabilo, bon état
Très intéressante correspondance de Louise Leclerc du Sablon (1830-1917), la Madame de Sévigné de Bagnols-sur-Ceze (Gard), qui avait la culture et l'écriture chevillées au corps et qui entretenait des correspondances avec ses enfants. Les lettres de Louise, semaine après semaine, racontent l'histoire d'une famille, certes, mais là n'est pas leur attrait principal : c'est l'abondance de détails et d'anecdotes dont elles regorgent, fruits de la curiosité insatiable de Louise pour tout ce qui la touche, de près comme de loin, qui offre au lecteur d'aujourd'hui, en marge des événements consignés dans les livres d'histoire, une source documentaire quasi inépuisable, dans des domaines aussi nombreux que variés. Elle évoque par exemple les différentes péripéties que vécut le Commandeur Amédée De Pierron. Le 11 juillet 1895, il achète la Pointe de L'Islon et le moulin de Pierre Datuit, situé en amont du vieux Pont, alors grand rival du moulin Magnin, lui, situé en aval, durant la seconde partie du XIXe siècle. Son objectif est de construire des bateaux électriques. Le projet est visionnaire mais, malheureusement, il doit interrompre ses recherches à la suite de graves problèmes financiers...
Considérations sur l'Art de la Guerre.
P., Anselin et Pochard, succ. de Magimel, 1820, in-8°, (50)-xi-608 pp, troisième édition revue par l'auteur, notes sur la milice romaine in fine, broché, tel que paru, avec sa couverture muette d'origine, catalogue de l'éditeur en tête (50 pp), bon état
Si l'on en croit les Mémoires de Montholon, les réactions de Napoléon aux Considérations du général Rogniat, publiées en 1816 et lues à Sainte Hélène, avaient été vives (Barbier IV, 306b). En effet, Rogniat n'hésite pas à relever dans cet ouvrage quelques fautes de tactique commises par l'Empereur. Ces critiques lui valurent une réponse du souverain exilé dictée au général de Montholon ("Notes critiques", dans les mémoires de Montholon). Ce fut ensuite au colonel Marbot, en 1821, de répondre à cette critique. Le général Rogniat publiera un second ouvrage en 1823 intitulé "Réponse aux notes critiques de Napoléon sur l'ouvrage intitulé Considérations sur l'Art de la Guerre."
La Vie quotidienne en Provence au temps de Mistral.
Hachette, 1972, in-8°, 254 pp, biblio, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
Des années 1840 à la guerre de 1914, la Provence est passée d'une tradition pastorale au monde moderne. Cette évolution a eu des effets positifs, d'autres négatifs qui ont accentué le déséquilibre entre une fraction privilégiée du département des Bouches-du-Rhône et le reste de la Provence. Recourant à l'œuvre de Mistral, témoin lucide de cette mutation, l'auteur a entrepris une enquête sur la vie de la Provence. Son analyse réagit vivement contre la réputation d'indolence qu'on a faite aux provençaux ; Pierre Rollet restitue le vrai visage d'hommes tenaces qui ont arraché aux marais les terres d'Arles et de Camargue, maîtrisé le Rhône et fertilisé le terroir Gavot.
Les États Généraux de France (1302-1789). Étude historique, comparative et doctrinale. (Thèse).
UGA, Heule, 1968, gr. in-8°, iv-252-(40) pp, préface de P.-C. Timbal, 5 planches hors texte, annexes, biblio, broché, bon état (Études présentées à la Commission internationale pour l'histoire des assemblées d'États./ Studies presented to the International Commission for the History of representative and parliamentary institutions, 35), envoi a.s.
La Puissance pauvre. Une histoire de la Russie de 1815 à nos jours.
Fayard, 1993, gr. in-8°, 937 pp, 12 cartes, biblio, annexes, chronologie, index, reliure souple illustrée de l'éditeur, bon état
Ce livre ne serait pas une histoire de la Russie si on n'y trouvait pas des personnages hors du commun, de furieux débats d'idées, des calamités terribles et d'innombrables victimes. Ils sont donc là, de Nicolas Ier – le tsar à la "sévérité inquiète" – au secrétaire de charme qu'à été Mikhaïl Gorbatchev ; des prises de bec entre slavophiles et occidentalistes aux récents affrontements entre réformateurs radicaux et patriotes réactionnaires ; des famines aux guerres mondiales ; de la paysannerie martyrisée aux victimes des répressions de masse. Derrière ces débordements épiques, on trouve, constamment présente, une intrigue. Au XVIIIe siècle, on parlait déjà de la Russie comme du colosse aux pieds d'argile. Et ce qui n'a pas cessé de frapper depuis les observateurs – russes comme étrangers – de l'Empire, c'est qu'il n'avait pas les moyens économiques de ses prétentions internationales. Ainsi déséquilibré, le bateau russe a parfois considérablement tangué. Triomphant en 1815, il est en détresse quarante ans plus tard, à l'issue de la petite guerre de Crimée. Brisé en 1920, il croise avec toute la majesté d'une superpuissance globale en 1975. Moins spectaculaire, mais plus éclairant au fond, est ce qui se passe entre ces grands bouleversements. Tsars et secrétaires parviennent à maintenir la Russie en équilibre bien qu'elle soit – paradoxe d'autant plus inexplicable qu'il dure longtemps – un empire sous-développé. Où chercher la clef du mystère ? Sans doute dans l'enchaînement de diverses formes d'exploitation – de l'asservissement tsariste au terrorisme stalinien – qui ont précisément permis de bâtir la gloire de l'Etat sur l'indigence du peuple...
Le Carnaval de Romans. De la Chandeleur au mercredi des Cendres, 1579-1580.
Gallimard, 1979, in-8°, 426 pp, 2 cartes, un plan ancien de Romans sur double page, 8 fac-similés, biblio, reliure éditeur, bon état (Coll. Bibliothèque des Histoires)
Pendant quinze jours, en février 1580, les habitants de la cité de Romans (Drôme actuelle, Dauphiné d'autrefois) se sont déguisés, masqués de toutes les manières. Ils ont dansé à perdre l'âme, joué, couru, concouru, défilé. Ils se sont défiés entre artisans et notables dans le happening quotidien du Carnaval. Un théâtre populaire et spontané opposait rue contre rue, confrérie contre confrérie. Puis, au terme d'une embuscade, montée par le juge Guérin, personnage de Série Noire, les Romanais se sont entre-tués. Un événement aux significations multiples, que décrypte un grand historien. — "C'est au sein d'un monde rural accablé par les déprédations des gens de guerre, travaillé par une sourde animosité contre la noblesse, que se situent la sédition déclenchée par Jean Serve-Paumier contre l'oligarchie romanaise et l'infructueuse visite de Catherine de Médicis. Avant la Chandeleur 1579, révolte des villages ligués dans la région de Montélimar à laquelle se rallie le visénéchal, Jacques Colas, affaire de Chateaudouble et effervescence antiseigneuriale dans le plat-pays romanais. Après le Mardi gras 1580, guerre inexpiable menée par Maugiron, lieutenant général, contre les paysans de la Valloire jusqu'aux massacres de Moirans (26 mars 1580). De là l'intérêt du livre dont les rapports villes-campagnes constituent l'un des thèmes majeurs... En sus des spécialistes d'anthropologie historique ou d'institutions, cet ouvrage savant et nourri comblera les historiens des idées politiques par son dernier chapitre, Les primitifs de l'égalité..." (Vital Chomel, Bibliothèque de l'École des chartes, 1980)
Afrique Noire. Histoire et civilisations.
Hatier-AUPELF, 1994-1995, 2 vol. gr. in-8°, 496 et 576 pp, 60 cartes, 13 illustrations à pleine page, tableaux, documents littéraires ou statistiques, chronologies, bibliographies par chapitre et bibliographie générale, index, reliures plein liège, rhodoïds illustrés, bon état
Tome I : Jusqu'au XVIIIe siècle ; Tome II : XIXe et XXe siècles. — Une tentative ambitieuse et réussie d’histoire globale de l’Afrique Noire. Écrit presque en totalité par l'un des plus éminents spécialistes du continent africain, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences sociales, ce livre est le premier ouvrage à aborder l'histoire de l'Afrique Noire dans sa globalité. Il recense tous les événements importants de la période et donne aussi l'occasion de découvrir, au-delà des faits politiques, l'histoire économique, sociale, intellectuelle, culturelle et religieuse de l'Afrique dans ses différentes civilisations. L'ouvrage est indiscutable. Il contient de nombreux tableaux chronologiques, cartes et documents. — "Un ouvrage aussi volumineux, et surtout aussi ambitieux, n'est pas sans faiblesses ou lacunes, mais elles comptent pour bien peu au regard d'un contenu aussi riche et aussi bien présenté." (André Joyal, Université du Québec, Études internationales, 1993) — "... De précieux « repères chronologiques » prouvent que les auteurs n'ont pas négligé les événements. Des tableaux, statistiques ou autres, des textes judicieusement choisis aident à la compréhension du récit, ainsi qu'une quarantaine de cartes souvent originales. Chaque chapitre est doté de conseils de lecture et l'ouvrage d'une bibliographie générale qui sont autant d'invitations pour le lecteur à enrichir son information. Enfin, un index de près de vingt-cinq pages sera particulièrement apprécié. Cette intelligente synthèse a le mérite d'évoquer d'une manière claire et concise les débats lancés par les historiens il y a une vingtaine d'années et les résultats auxquels ils ont abouti. On retiendra, parmi d'autres, les controverses ouvertes par B. Davidson sur une Afrique secouée par la crise avant le choc colonial, par Boahen sur le déclin général du commerce transsaharien et de Robinson et Gallagher sur les origines et la nature du scramble. Par ailleurs, les auteurs, réagissant avec raison contre une opinion trop souvent reçue, insistent sur la capacité de l'Afrique noire à réagir face à des situations nouvelles et sur les dynamismes qui l'animent, plus ou moins puissants suivant le temps et les lieux. Ainsi apparaissent en pleine lumière les mutations profondes, les évolutions significatives ou les continuités inattendues d'un continent qui se nomme diversité." (Roger Pasquier, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1994, à propos du tome II)
Le Roi de France et la collation plénière (pleno jure) des bénéfices ecclésiastiques. Etude suivie d'un appendice sur les formulaires de la chancellerie royale.
P., Imprimerie Nationale, 1951, in-4°, 180 pp, notes, broché, couv. imprimée, bon état
Extrait des Mémoires présentés à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. — "Au roi de France appartenait jadis la prérogative de conférer un nombre assez important de bénéfices ecclésiastiques. Jusqu'ici on n'a point étudié à fond et dans son ensemble le régime auquel ceux-ci étaient soumis. Je me propose d'élucider aussi complètement que possible les multiples problèmes d'ordre canonique que pose l'exercice du droit de collation bénéficiale par la couronne, spécialement de la fin du XIIe siècle au XVe, d'après des sources en majorité inédites et recueillies principalement aux Archives nationales. Toutefois, je ne m'occuperai ici que des bénéfices auxquels pourvoyait la royauté de plein droit – pleno jure –, en vertu d'un don de joyeux avènement, à la suite d'une faveur exceptionnelle accordée par le Saint-Siège ou à l'occasion d'une circonstance extraordinaire telle que le Grand Schisme d'Occident..."
Les croyances religieuses de la Grèce antique.
Payot, 1955, in-8°, 228 pp, avant-propos de l'auteur, broché, couv. illustrée, bon état
Une vigoureuse synthèse du mouvement de la pensée religieuse dans l'Antiquité depuis les origines helléniques jusqu'à l'avènement officiel du christianisme dans le monde romanisé. — "La traduction française de cet ouvrage, faite sur l'original suédois, porte un titre qui n'exprime pas assez clairement l'intention de l'auteur. “Histoire du sentiment religieux dans le monde grec ancien” eût été préférable. Dans l'introduction, l'auteur rappelle à grands traits le cadre de la religion officielle et les modalités de la religion personnelle, avant d'étudier en un premier chapitre la piété grecque à l'époque archaïque. Partant du culte dionysiaque et de l'orphisme, auxquels s'oppose un légalisme dont les représentants premiers sont Hésiode et Pythagore, il en arrive, par une pente naturelle, à la religion apollinienne et à son influence sur les lois civiles et sur la morale. Mais, au Ve s. av. J.-C., les idées sur les dieux s'altèrent... La troisième et dernière partie de l'ouvrage est de loin la plus importante et la plus originale. Les conquêtes d'Alexandre avaient eu, entre autres conséquences, celle d'élargir l'horizon intellectuel du peuple grec et de créer une image nouvelle de l'Univers. Les conséquences dans le domaine religieux sont immédiates : les progrès de l'astronomie viennent renforcer la distinction d'un monde lunaire (le nôtre) et d'un monde supra-lunaire (éternel et divin) ; la notion physique de dynamis, d'acquisition récente, s'obscurcit vite, parce que qualitative, et, selon les cas, alimente l'occultisme et la superstition ou mène à l'idée d'un dieu transcendant, agissant par des forces intermédiaires. La croyance au déterminisme, qu'entraîne l'astrologie, bénéficiaire des progrès de la science grecque, fait du corps un prisonnier, mais ce même mécanisme ne se conçoit pas, pour bien des esprits, sans une intelligence supérieure ; on aboutira ainsi au monothéisme païen, dont la religion solaire de l'empire romain finissant est le témoignage imparfait. Par contre, d'autres vont superposer à cette astrologie un édifice transcendant, dont le point d'origine est chez Platon, et qui inspire les doctrines d'Hermès Trismégiste et la gnose... Il n'y a que du bien à dire de cette vigoureuse synthèse, aboutissement d'une longue vie d'érudit consacrée à l'étude de la religion grecque." (J. Schwartz, Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses) — Table : Introduction : La Religion nationale de la Grèce. – I. La Piété grecque à l'époque archaïque : Courants extatiques et mystiques ; Le légalisme ; La justice ; La Loi d'Appolon ; Connais-toi toi-même ! ; Hybris et Némésis ; La Divinité. – II. La Désintégration : La Religion patriotique ; Une religion individualiste ; La Critique ; Le Conflit ; La première partie de l'époque hellénistique. – III. La Nouvelle Formation : Les Prémisses ; La Nouvelle Image de l'Univers ; La Doctrine de la puissance ; L'Astrologie ; Le Monothéisme ; Le Transcendantalisme ; Occultisme et Théosophie ; Les Religions à base de Mystères ; Les Croyances populaires ; La « Démonisation » de la religion ; Le côté social. - Conclusion.
La Révolution française dans les Alpes. Dauphiné et Savoie, 1789-1799.
Toulouse, Privat, 1989, gr. in-8°, 380 pp, 99 gravures, fac-similés et cartes, chronologie, biblio, index, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, ex. numéroté sur vélin spécial Lourmarin à l'intention des souscripteurs, bon état (Coll. Histoire provinciale de la Révolution française)
"Un livre intéressant, en ce qu'il efface les frontières – qui d'ailleurs n'avaient pas de caractère absolu pour les paysans des montagnes – pour étudier la Révolution dans le monde alpin du nord. J. Nicolas ne force pas l'opposition, mais constate un contraste entre un Dauphiné « pré-révolutionnaire », illustré par Barnave et Mounier, mais aussi Condorcet, et Condillac et Mably – frères utérins –, une région où l'industrie est plus développée, et une Savoie illustrée par Joseph de Maistre, marquée par une certaine passivité, au moins jusqu'en 1792, et par des villes assoupies. Mais globalement, c'est d'un monde rural et enclavé dont il est question. On trouve dans l'ouvrage un excellent tableau du monde alpin à la veille de la Révolution, et une analyse très pointue de l'année 1788 en Dauphiné. Le décalage entre Dauphiné et Savoie disparaît dès 1792 avec le début de l'intervention française dans les états du roi de Piémont-Sardaigne..." (Jean-Claude Caron, Revue d'Histoire du XIXe siècle - 1848, 1990) — "L'auteur nous propose une étude synthétique de l'ouverture conjointe du Dauphiné et de la Savoie, terres unies dans « l'être alpin », à notre modernité politique. Il porte une attention toute particulière à la trame des événements publics tout au long de la décennie révolutionnaire, mais il s'efforce, dans le même temps, d'étudier les répercussions de la politique dans le vécu quotidien des protagonistes de la Révolution. Une telle démarche, inspirée de l'histoire sociale, est omniprésente tout au long de l'ouvrage. Elle permet de mesurer avec précision les liens et les écarts entre l'action de la paysannerie, numériquement prépondérante, et l'exercice du pouvoir par l'élite dirigeante bourgeoise. L'auteur accorde ainsi une grande place à l'étude des mouvements populaires, dont il est l'un des meilleurs spécialistes. Il consacre dix pages tout à fait remarquables à la Grande Peur dans les Alpes. Il montre, par là même, que « le jeu politique doit tenir compte du groupe social majoritaire, la petite paysannerie » (p. 343). Mais la bourgeoisie conserve constamment les rênes du pouvoir, même en l'an II (l'auteur parle alors de « bourgeoisie montagnarde ») lorsque la scène politique semble dominée par « l'agitation » des clubs. En insistant sur la « permanence élitaire », l'auteur nous renvoie au schéma classique de la « Révolution bourgeoise »." (J. Guilhaumou, Dix-Huitième Siècle, 1990)
Byzance.
Payot, 1949, in-8°, 325 pp, traduit de l'allemand, broché, couv. illustrée, bon état (Bibliothèque Historique)
Empereurs et impératrices. L'Acropole du monde. La Grande Babylone. Anges et eunuques. Les Bleus et les Verts. Les Iconoclastes. Les Hérésies. Grandeur et décadence. — Par la journaliste et historienne autrichienne Bertha Eckstein-Diener (1874-1948), dont les œuvres les plus célèbres furent publiées sous pseudonyme de Sir Galahad, en référence au chevalier de la légende arthurienne. “Byzance” est le seul de ses ouvrages à avoir été traduit en français.
La Fin de l'Histoire et le dernier homme.
Flammarion, 1992 gr. in-8°, 452 pp, biblio, index, broché, bon état. Edition originale en français
Depuis sa première parution en 1992, ce livre a suscité de multiples polémiques. On a cru le réfuter, avec facilité. N'annonçait-il pas la "fin de l'Histoire", et le triomphe mondial de la démocratie libérale ? Or, si l'on a vu s'effondrer les derniers totalitarismes, la victoire idéologique, géopolitique et historique de l'Occident que semblait prophétiser Fukuyama n'a pas eu lieu. Sans doute, et Fukuyama le sait bien. Son propos est autre : sa perspective est mondialiste. Nous savons que la révolution est terminée, qu'un cycle s'est achevé, et que le nouveau n'est peut-être que le retour du pire ou l'extension de ce qui existe. Le devenir de la démocratie mérite qu'on médite les réflexions de Fukuyama, elles ne se réfutent pas aussi aisément qu'on le croit.
Histoire de l'Espagne franquiste.
Laffont, 1975, gr. in-8°, 503 pp, 48 pl. de photos hors texte, chronologie, biblio, filmographie, index, broché, couv. illustrée, bon état
"Premier ouvrage de langue française consacré à l'histoire du régime franquiste, le livre de M. G. constitue à la fois une excellente introduction et un instrument de référence indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à la situation politique de l'Espagne. Se fondant sur une documentation abondante, parfois de première main, M. G. dresse un tableau minutieux des événements survenus de 1936 à 1964, dans ce pays. Il n'approfondit guère, en revanche, l'explication des mécanismes politiques et l'interprétation de la masse des informations offertes au lecteur. Il est vrai que le caractère purement chronologique du plan suivi, qui distingue dix-huit périodes successives, ferait à lui seul obstacle à une telle tentative." (Revue française de science politique, 1970)
Christophe Colomb (1447-1506).
Payot, 1935, in-8°, 334 pp, traduit de l'allemand, broché, couv. illustrée, bon état (Bibliothèque Historique)
A peu d'êtres il était réservé d'opérer dans le destin de leurs semblables des transformations aussi profondes et d'une portée aussi illimitée qu'à Christophe Colomb, qui découvrit un monde nouveau et détermina la plus fabuleuse migration de tous les temps. Esprit inquiet et bizarre, à la fois aventurier et mystique, le grand navigateur génois était déjà une énigme pour ses contemporains. Était-ce un saint ? Un savant ? Un marin ignorant mais hardi ? Un marchand d'esclaves avide de gains ? Enfin, il est un aspect peu connu du génie de Colomb que Heinrich H. Houben met ici en valeur, c'est le grand talent littéraire de ce marin. Colomb se révèle un poète et le premier en date des peintres de la nature exotique.
Hitler et les Allemands.
Editions Sociales, 1982, in-8°, 400 pp, annexes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
"Dans une remarquable synthèse, M. Pierre Angel présente les rapports de Hitler et des Allemands avant et pendant le Troisième Reich. Près de la moitié du livre est consacrée à la République de Weimar, c'est-à-dire au terrain économique, social, politique et idéologique sur lequel germa et grandit l'hitlérisme. (...) Un riche volume qui nous donne une image complète de la politique et de la société allemandes de 1900 à 1945." (Andre Meyer, Revue d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale et des conflits contemporains, 1985) — "Sortie de la défaite de 1918, la République de Weimar était un régime démocratique avec ses faiblesses, ses erreurs. Hitler parvint grâce à l'appui des classes dirigeantes, des milieux d'affaires et de l'armée, à instaurer un régime de terreur basé sur l'oppression, la délation, l'extermination. Comment une nation aussi riche, aussi civilisée, dotée d'une économie, habitée par un peuple évolué, fut -elle asservie par un personnage si commun et insignifiant ? Ecrivain d'engagement communiste, l'auteur explique avec beaucoup de talent, de passion, mais sans haine ni vengeance, que le succès d'Hitler est le résultat d'une multitude de causes. Il développe aussi la responsabilité collective du peuple allemand dans le désastre du Troisième Reich." (Lectures n° 14, juillet-août 1983)
L'Église et la vie religieuse dans la France moderne, XVIe-XVIIIe siècle.
PUF, 2000, in-8°, xii-384 pp, glossaire, biblio, broché, couv. illustrée, soulignures crayon sur 25 pp, bon état (Coll. Premier Cycle)
La religion a constitué une structure fondamentale de la vie individuelle, de la vie sociale et de la vie politique durant les trois siècles de la période moderne. L'Eglise fut au cœur du processus de civilisation qui a forgé l'homme moderne, elle est demeurée intimement liée au pouvoir et à sa représentation, elle a participé largement à l'encadrement des groupes sociaux. Mais, entre l'avènement de la réforme protestante au début du XVIe siècle et les mutations de l'Eglise issue de la réforme catholique, la vie religieuse a connu des évolutions en profondeur, à la mesure du processus inexorable qui a conduit au désenchantement du monde encore inachevé lorsqu'éclate la Révolution Française. Ce livre tente d'en retracer les grandes étapes en essayant de ne négliger aucun des aspects de la vie religieuse des Français de l'époque moderne. Un glossaire aidera le lecteur à mieux maîtriser des notions dont le sens s'est souvent perdu tandis qu'une bibliographie à la fin de chaque chapitre lui permettra d'approfondir sa lecture. — "Disons d’emblée tout le bien qu’on pense de ce livre. La présentation est claire, le style lisible, les réalités quelquefois complexes sont expliquées simplement, sans jargon, un glossaire, en fin de volume, donne des définitions courtes des principaux termes techniques, une bibliographie, à la fin de chaque chapitre, permet de prolonger l’étude, quelques cartes, classiques mais utiles, illustrent le propos. Six chapitres découpent les trois siècles envisagés de manière à peu près égale. Le christianisme est considéré dans son ensemble : catholicisme, protestantisme, avec même une allusion au piétisme (p. 330). Cette présentation classique n’empêche pas les problématiques les plus contemporaines de structurer le livre. La chronologie est plus large que ne l’indique le titre. Le premier chapitre et le début du second plongent en effet largement dans le XVe siècle. La Réforme apparaît ainsi autant comme l’aboutissement d’une fermentation spirituelle ancienne que comme une nouveauté fondatrice des temps modernes. Les « Déchirures » du XVIe siècle sont évoquées en faisant une large place aux interprétations très neuves de Th. Wanegffelen et de D. Crouzet. La Réforme catholique, dont il est bien marqué que l’apogée se situe dans la première moitié du XVIIIe siècle, est étudiée avec précision, de même que la vie des églises réformées. Le XVIIIe siècle est pris en compte jusqu’à la Constitution civile du clergé, qui marque la fin de l’ Église gallicane du Concordat de Bologne de 1516. Cette période est difficile à interpréter ; on l’envisage souvent sous l’aspect d’une « déchristianisation ». B. Hours donne fort honnêtement les arguments qui vont en ce sens, mais n’apparaît pas convaincu... On l’aura compris : ce livre n’hésite pas à interroger l’anthropologie ou à s’intéresser aux liens entre politique et religion, permettant ainsi de sortir complètement des traditionnelles histoires de l'Église closes sur elles-mêmes. De nombreux paragraphes consacrés à la théologie politique figurent d’ailleurs parmi les aspects originaux de ce manuel." (Yves Krumenacker, Chrétiens et sociétés, 2000)
L'Empire romain. 1. Le Haut-Empire de la bataille d'Actium à la mort de Sévère Alexandre (31 av. - 235 ap. J.-C.).
PUF, 1987, in-8°, 673 pp, une carte, généalogies, biblio, index, reliure toile verte éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Peuples et Civilisations)
L'Occident n'a jamais connu une paix aussi profonde et pendant aussi longtemps ; elle lui a permis de développer des institutions, un droit, une langue, un art, une civilisation aux origines diverses. — "Cette refonte de l'ouvrage d'Eugène Albertini, datant de 1927, écrit par J. Le Gall et M. Le Glay, s'arrête en 235.. Elle se distingue par la grande clarté du plan et du récit, par une sobriété d'expression qui n'exclut pas le souci du détail ; on admire en effet, pour prendre un exemple, la manière dont est exposée la genèse du régime augustéen." (André Chastagnol, Revue Historique, 1988) — "Les auteurs constatent, dans leur préface, que les lecteurs actuels, auxquels s'adresse en premier lieu leur essai de synthèse, n'ont plus guère qu'une connaissance imparfaite de l'histoire événementielle. Aussi leur ouvrage accorde-t-il la préséance aux événements de l'histoire impériale, qui leur apparaît avant tout comme une succession de règnes absolutistes..." (Lectures, juin 1988)
Le Destin de l'Europe.
Payot, 1958, in-8°, 408 pp, broché, bon état (Bibliothèque Historique)
"Historien qui se situe dans le droit fil d'une belle tradition familiale, on comprend que le petit-fils de l'auteur de "L'Europe et la Révolution" ait été tenté par la fresque qu'il nous propose et dont les différents volets conduisent le lecteur de l'Europe romaine et carolingienne à la dernière guerre mondiale. Pour Jean Albert-Sorel, Rome a créé une première unité européenne avec l'empire d'occident dont l'Italie et la Gaule sont la cellule mère. De là, il fait partir un fil conducteur qu'il déroule de siècle en siècle, à travers les cahots de l'histoire, les rivalités sanglantes, l'anarchie, les grandes batailles, où il semble bien que son fil va se rompre, mais c'est précisément de ces vicissitudes qu'il tire tout le bien fondé de sa thèse. A partir du traité de Verdun (843), une double évolution se produit, en effet, en Europe. Sur le plan politique, la formation de grands États va provoquer des rivalités qui établiront sur le continent une anarchie endémique ; mais dans le même moment, sur le plan intellectuel et morale la civilisation romano-chrétienne créera au-dessus et par delà cette anarchie une unité spirituelle à laquelle participeront tous les peuples, même ceux qui paraissent être les plus ennemis. Tous contribueront, à toutes les époques, à faire mûrir ce fruit brillant qu'on appela la civilisation européenne et qui se répandit sur la terre entière. Sans doute, la Révolution aura pour conséquences immédiates le développement et le durcissement des nationalités, mais elle implantera les nouveaux principes d'où naîtra l'Europe du XIXe siècle, celle de l'apogée. On pourrait objecter à la thèse soutenue par M. Albert-Sorel qu'elle repose sur un parti pris systématique, mais cette idée d'union a toujours hanté les philosophes et même les politiques : de Sully à l'abbé de Saint Pierre, de Sieyès à Napoléon, de la Sainte-Alliance à Briand et au Conseil de l'Europe. L'auteur estime que tous ces projets échouèrent parce que l'Europe n'était prête ni politiquement, ni psychologiquement à les accueillir..." (B. Simiot, Revue des Deux Mondes, 1959)
Mosaïque du récit de guerre. Essai.
Les Indes savantes, 2023, gr. in-8°, 282 pp, index, broché, couv. illustrée, bon état
L'histoire ne serait qu'une succession de sanguinaires folies guerrières. S'il est différentes manières de rendre compte du fait ou de le déplorer, depuis une trentaine d'années, les sciences sociales, les historiens, ont ramené la guerre au premier plan des préoccupations scientifiques, provoquant un renouvellement du questionnement sur l'activité guerrière, des réalités des combats à leurs représentations. Dans la même perspective, pour débusquer les rationalités de la guerre, ce volume reprend des expériences militaires, des "témoins", des récits de guerre, des batailles. Ils ont été enrôlés pour les besoins de la cause. L'entreprise fait partie du renouvellement de l'histoire des guerres. Un constat préliminaire s'impose : il n'existe pas de discours de la méthode spécifique aux thèmes militaires. Le seul recours, la fabrication empirique considérée comme intrinsèque au métier d'historien, peut le cas échéant ouvrir sur d'autres disciplines comme l'économie ou l'anthropologie. Dans ce volume, le point de départ est la notion de "récit de guerre", croisée avec des interrogations sur "l'événement" guerrier, sur "l'histoire-batailles", sur le "guerrier", sur le volontariat militaire, sur la nature du combat, sur la mémoire des guerres. L'axe de recherche suivi reste l'articulation des faits militaires et d'une histoire englobante qu'on définira, faute de mieux, comme "culturelle". Une histoire où on s'attache à revisiter les lieux communs du récit de guerre, le questionnement du témoignage de guerre et, par voie de conséquence, la fabrication de l'histoire militaire. Un des buts de ce livre est de reprendre la question du "récit de guerre" comme élément structurant du récit des historiens.
L'Économie rurale et la vie des campagnes dans l'Occident médiéval (France, Angleterre, Empire, IXe-XVe siècles). Essai de synthèse et perspectives de recherches.
Aubier, 1962, 2 vol. pt in-8°, 822 pp, pagination continue, 10 pl. de photos hors texte, 5 cartes, biblio, index, brochés, jaquettes illustrées, tome 2 lég. gondolé, bon état. Édition originale
Peu de civilisations apparaissent si foncièrement rustiques que la civilisation médiévale. Formée sur l'effondrement du décor urbain que Rome avait un moment planté sur un fond de campagnes, de pâtures et de forêts, elle a grandi avec la ruralisation de la société et de la culture citadines. Même si elle se désintègre par la suite, en fonction de l'expansion des villes, de cet univers, on connaissait paradoxalement mieux les moines et les prêtres, les guerriers et les marchands que le monde des campagnes. Georges Duby établit dans cet ouvrage la première grande synthèse de notre connaissance du monde rural au Moyen Age : "vivante, stimulante, attachante", telles sont les épithètes qu'un critique choisissait pour caractériser cet ouvrage devenu depuis lors, de par ses qualités, un classique. Le premier volume est consacré à l'occupation de la terre, aux travaux des champs et à l'économie "seigneuriale", tels qu'ils se définissent dans la société carolingienne (IXe-Xe siècle), et il s'attache ensuite à l'époque suivante de régression et d'expansion qui culmine avec l'apogée du XIIIe siècle. Dans le second volume, Georges Duby se focalise sur la seigneurie et l'économie rurale (XI-XIIIe siècles), analyse la formation de la puissance seigneuriale et l'évolution des rapports des paysans avec cette puissance. Le livre s'achève sur la mutation du XIVe siècle, siècle de crise, de famine et d'épidémie, entraînant une détérioration de la condition des paysans qui ne prendra fin qu'au milieu du XVe siècle. — "La collection historique que dirige Paul Lemerle vient de s'enrichir d'une synthèse d'histoire des campagnes médiévales par Georges Duby ; ce travail continue, dépasse, amplifie les « Caractères originaux » de Marc Bloch : il devrait être assuré d'une même audience. Il est bon que des louanges sans feinte saluent l'apparition de ce livre, dans l'organe de la communauté chartiste, et que notre admiration soit hautement exprimée envers un livre tel qu'il n'en paraît que tous les dix ans, et qui porte comme l'écrit joliment Robert Boutruche « la griffe des Seigneurs de l'Histoire »." (Robert Fossier, Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1963)
Normandie 1944. Le débarquement, la bataille, la vie quotidienne.
Editions Ouest-France/Mémorial de Caen, 1993, in-4°, 236 pp, 240 photos dans le texte et à pleine page (13 en couleurs), 6 cartes et plans, reliure cartonnée illustrée de l'éditeur, bon état
Dans la longue histoire de la Seconde Guerre mondiale, Overlord, nom de code du Débarquement en Normandie, occupe une place particulière. Pour les militaires, l’entreprise alliée demeure un chef-d’œuvre de planification, d’organisation et de coordination. Pour les populations civiles soumises depuis quatre années à la dure loi de l’occupation allemande, l’offensive du 6 juin est inscrite dans les mémoires comme synonyme de fin du cauchemar, de délivrance et de retour de la liberté. A la fois exploit stratégique alliant la surprise à l’audace et événement porteur d’une immense espérance, telle est la place qu’occupe le Débarquement de Normandie dans l’histoire du XXe siècle.
Fouquet.
Fayard, 2002, in-8°, 404 pp, biblio, index, reliure souple illustrée de l'éditeur, bon état
Vaincu politique, Fouquet est surtout un vaincu de l'Histoire. L'image du ministre léger et prodigue s'est imposée comme une évidence. Pourtant, au terme de cette enquête, la personnalité du surintendant apparaît bien différente de ce poncif. Par son attitude et son caractère, il a certes renforcé l'équivoque. Mais il a perdu son bien, celui de sa famille, joué le destin de son clan, hypothéqué l'avenir de ses enfants avant de perdre sa liberté et son honneur. Vingt ans de prison pour huit année de vertige, mais aussi de bons et loyaux services : un homme capable de tout sacrifier à ses chimères et à son devoir mérite qu'on lui rende justice avant de le condamner si cela est nécessaire. Ni séducteur ni concussionnaire ni factieux, Nicolas représente en réalité l'archétype du financier virtuose, du politique efficace, de l'ami fidèle et du chrétien militant. A la croisée de tous les grands courants de l'Ancien Régime, il en assume les contradictions et les grandeurs.
Etude sur Préneste, ville du Latium. (Thèse).
P., Ernest Thorin, 1880, gr. in-8°, (4)-222 pp, notes, catalogue des antiquités prénestines, broché, bon état (Bibliothèque des Écoles d’Athènes et de Rome 17)
A l'époque où Rome était gouvernée par ses premiers rois, Préneste tenait déjà une place importante dans la confédération latine. Plus tard, elle prit part à de longues luttes contre Rome et obtint d'elle le titre de ville alliée, qu'elle garda jusqu'à la guerre sociale. Emmanuel Fernique, membre de l’École française de Rome de 1876 à 1878, est un des pionniers de la recherche archéologique de terrain au sein de cette institution. Lors de son séjour romain, il a pu s’intéresser tour à tour aux antiquités de Capoue, du pays des Marses et de Préneste en ayant à cœur de prendre en compte à chaque fois l’ensemble de la documentation disponible et de recueillir les plus infimes indices auprès des populations locales. Les membres de l’École sont invités à consulter et à ramener le plus de données possible, en particulier des inscriptions que l’on considère alors comme la clé de compréhension de tous les vestiges. E. Fernique va donc parcourir dans ce but le Latium, la Campanie et les Abruzzes et consacrer à ses découvertes des mémoires remis à l’Institut, ainsi que ses thèses, latine et française. Depuis longtemps, les vestiges de Préneste avaient attiré l’attention. Les ruines du sanctuaire de Fortuna Primigenia étaient d’ailleurs toujours restées partiellement en vue, même si le village de Palestrina, le Palais Barberini et divers jardins en recouvraient une partie. L’exploration des nécropoles commence en 1738, avec la découverte de la ciste Ficoroni, et les premiers objets mis au jour enrichissent les collections du prince Barberini ou sont revendus par les propriétaires des terrains et inondent tous les musées européens. Les découvertes de la tombe Barberini en 1855, puis de la tombe Castellani en 1861 et de la tombe Bernardini en 1876 ne font que renforcer la frénésie des propriétaires. Ces fouilles, plus ou moins contrôlées, se poursuivent durant tout le 19e siècle. Entre novembre 1877 et janvier 1878, Fiorentini découvre encore 125 à 130 sarcophages à la Colombella, ainsi que 25 inscriptions et plusieurs cistes. Fernique choisit alors de rendre compte des travaux les plus récents et l’École française de Rome lui confie en outre le soin d’effectuer à son tour une campagne de fouille dans la nécropole. De retour à Paris, tout en enseignant au Collège Stanislas et en participant à plusieurs grandes entreprises éditoriales, Fernique continue de suivre les dossiers qu’il avait ouverts lors de son séjour romain, tout en prenant part activement aux grands débats scientifiques de son temps, jusqu’à sa disparition précoce le 22 juin 1885, à l’âge de 31 ans. (Stéphane Bourdin)
Staline-Trotsky. Le Pouvoir et la Révolution.
Julliard, 1979, in-8°, 249 pp, 16 pl. de photos hors texte, annexes, broché, couv. illustrée, bon état
Ce livre retrace l'affrontement de Staline et de Trotsky, appuyé par l'« opposition ». Ainsi appelait-on les bolcheviques qui, de la mort de Lénine en 1924 à leur défaite en 1927, luttèrent contre Staline au nom de la collégialité de la direction du parti et du combat contre la bureaucratie. On suit durant l'année 1927, pratiquement à partir de juillet 1927, les différentes étapes qui conduisent l'opposition soit à capituler, soit à être éliminée et déportée. C'est l'année où Staline a vraiment pris le pouvoir et s'est débarrassé de ses adversaires, et en particulier de Trotsky, son adversaire le plus redoutable. Jusqu'alors, Staline était maître de l'appareil du parti, mais il devait composer avec d'autres membres du comité central, comme Zinoviev, Kamenev, et même Trotsky, puisque Trotsky est resté commissaire du peuple à la guerre jusqu'en 1925.
De la Révolution à la Chouannerie. Paysans en Bretagne, 1788-1794.
Flammarion, 1988, in-8°, 363 pp, notes, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
Comment est née la Chouannerie ? Pourquoi la Bretagne a-t-elle vu s'insurger une partie d'elle-même contre la Révolution ? L'événement a longtemps divisé les historiens. Deux thèses, dès les origines, se sont longuement affrontées. Pour les républicains, dont Michelet, le soulèvement était dû à un "complot aristocratique" appuyé sur les prêtres et manipulant le fanatisme et l'ignorance des paysans. Pour les légitimistes, le peuple de Bretagne s'était soulevé spontanément pour défendre son Église et son Roi. Deux thèses qui ne faisaient que prolonger les conflits qu'elles étaient censées expliquer. Récemment, en 1960, Charles Tilly et Paul Bois ont proposé un autre type d'explication, en mettant en avant l'antagonisme des villes, bourgeoises, éclairées, et des campagnes, traditionnalistes. La multiplication des études régionales, et une patiente recherche permettent aujourd'hui à Roger Dupuy de montrer toute la complexité du problème et l'inadéquation des réponses précédentes. Phénomène tardif (il ne commence vraiment qu'en 1794), la Chouannerie doit être comprise en essayant d'analyser le rapport du monde paysan au politique, à la fin du XVIIIe siècle, et ses conséquences pour l'époque suivante. Au-delà du Chouan à la peau de bique et aux longs cheveux, tapi derrière sa haie, égrenant un chapelet, avant de "canarder" les bleus, stéréotype qui a sa part de vérité, il y a une réalité plus complexe. — "Comme le titre l'indique, il s'agit bien de la présentation du processus qui conduisit les paysans bretons de l'acceptation de la Révolution à la chouannerie, et non d'une étude sur la chouannerie elle-même qui n'apparaît qu'en un ultime chapitre : la genèse vaut explication. Comme le dit R. Dupuy, le recours à l'événement permet de comprendre la naissance d'un mouvement qui fit – et fait encore – couler beaucoup d'encre au XIXe et au XXe siècle, après avoir fait beaucoup couler de sang. Par ce livre, qui reprend et résume sa thèse d'État, R. Dupuy illustre la notion de résistance à la Révolution, qu'il a contribué à populariser, avec F. Lebrun, montrant comment des populations sont passées, sous le coup des faits, d'une position favorable à la Révolution, à une résistance de plus en plus ouverte, jusqu'à l'opposition armée." (J.-C. Martin, Annales ESC, 1989) — "On connaît les positions antagonistes sur la chouannerie, cette guérilla diffuse qui a régné à partir de 1794 au nord de la Loire, du Morbihan au Mans. La version « bleue » dénonce le complot des aristocrates et du clergé abusant de l'ignorance et du fanatisme des paysans. A l'opposé prévaut la thèse du soulèvement spontané pour défendre les vraies valeurs de la religion et de la monarchie. En 1960, les ouvrages de Paul Bois et de Charles Tilly, à partir de démarches différentes, renouvelèrent la problématique et aboutirent à une conclusion commune : l'antagonisme des villes et des campagnes était la cause essentielle de la révolte, l'agression foncière des bourgeois urbains reléguant à l'arrière-plan le rôle des prêtres et des nobles. Le grand mérite du présent ouvrage est de démontrer l'insuffisance de toute explication unilatérale qui gommerait tel événement ou telle période pour mieux conforter son point de vue. Au début de 1789, ce qui est déterminant, c'est l'alliance des ruraux et des urbains contre des nobles rivés au statu quo ; à la fin de l'année, les élites paysannes, car elles existent, continuent de faire confiance à la Constituante, même si l'activisme des villes commence à inquiéter. En 1790, la violence se déchaîne contre les châteaux ; mais dès la Constitution civile, le bas-clergé, jusque là sourd aux appels des évêques, commence à regimber. En 1791, l'affaire du serment dramatise le débat, les prêtres passent dans le camp de la résistance, soutenus par les femmes. En 1792, les rébellions se multiplient pour s'opposer aux levées des recrues tandis que les nobles non émigrés se concertent. La mise à feu a donc été progressive, atteignant successivement toutes les composantes de la société bretonne. Les paysans qui luttaient en 89 contre les abus du « féodalisme » ont parfaitement pu, 4 ans plus tard, se muer en contre-révolutionnaires, qu'ils soient des pauvres qui voient disparaître le système charitable d'antan, ou des riches mécontents des exigences fiscales de la Nation. Les recteurs, prolongement naturel et pléthorique de l'élite paysanne, exercent un magistère incontesté et ne sont pas de simples figurants, pas plus que les nobles. Bref, une société rurale isolée dans une région sous-urbanisée, majoritairement pauvre, très religieuse et bien encadrée par un clergé d'origine rurale, une noblesse active et parfois très riche, voilà les ingrédients pour un modèle de contre-révolution où se mêlent anti-révolution paysanne et contre-révolution nobiliaire." (C. Michaud, Dix-Huitième Siècle, 1989)
La fin d'une race. Raoul de Coucy-Vervins, seigneur de Poilcourt.
P., Auguste Picard, 1914, gr. in-8°, vii-140 pp, pièces justificatives, index des noms, broché, bon état
"Dans cette notice, M. de Finfe de Bussy a raconté la vie d'un puîné des seigneurs de Vervins, cadets de la maison de Coucy. Ce personnage, Raoul de Coucy, né vers 1500, mort en 1562, servit d'abord les Guises, puis le roi et devint fauconnier de François Ier. L'auteur s'est attaché surtout à démontrer que Raoul de Coucy n'avait pas laissé de postérité légitime. Il pense que Louis de Coucy, fils de Raoul et auteur d'une branche qui a subsisté jusqu'au commencement du XIXe siècle, était un bâtard. Le principal des arguments invoqués en faveur de cette thèse se tire du fait que Louis n'a pas recueilli l'héritage paternel, qui est allé à des collatéraux. S'il a tenu, après Raoul, la seigneurie de Poilcourt, c'est en vertu d'une donation “propter nuptias”. Le raisonnement paraît convaincant. Il est vrai qu'un fils légitime pouvait être déshérité par son père ; mais l'exhérédation n'était permise que dans des cas exceptionnels." (Max Prinet, Bibliothèque de l'École des chartes, 1916)
Chasseurs Alpins. Historique du 13e Bataillon de Chasseurs Alpins de Chambéry (Savoie) 1914-1948.
Editions A. & P. Jarach, 1950, in-4°, 275 pp, préface des généraux Serdet, Cornier, introduction du colonel Vergezac, nombreuses photographies et cartes (dont 2 cartes contrecollées), broché, couv. rempliées (2e plat lég. taché), bon état. Edition originale, un des 400 ex. numérotés sur vélin de chiffon des Papeteries de Lana
Ouvrage de référence sur les chasseurs alpins à Chambéry, cette histoire du 13e B.C.A. depuis août 1914 a été écrite au jour le jour durant la Grande Guerre (pp 17-182) ; elle est suivie d'une relation très complète de la guerre de 1939 à 1945 (par le commandant Ponet) (pp 183-254) et d'annexes (pp 257-274). Le 13e bataillon de chasseurs alpins (13e BCA) est une unité spécialisée dans le combat en montagne. Il fait aujourd'hui partie de la 27e brigade d'infanterie de montagne et est stationné au Quartier Roc Noir à Barby en Savoie. Le titre au 1er plat de couverture est "Chasseurs Alpins 13e B.C.A. 1914 1948".
La France et son armée.
Plon, 1944, in-12, 277 pp, mention de 23e mille au 1er plat de couverture, jolie reliure bradel demi-papier bleu-nuit à coins, dos lisse avec pièce de titre et fleuron basane vermillon, couv. conservées, bon état (Coll. Présences)
Publié en 1938, “La France et son armée” retrace magistralement la genèse de l'armée française depuis ses origines jusqu'en 1918. Dans ce livre, érudit et vivant, Charles de Gaulle développe l'idée que l'histoire de France est étroitement liée à celle de son armée. Il retrace avec verve l'histoire de nos armées et de nos héros, de nos victoires et de nos revers, toujours soucieux, également, de dégager la signification humaine de tant de faits guerriers. Un livre méconnu, qui a scellé la rupture avec Pétain.
La Pologne, des origines à nos jours.
Seuil, 2010, gr. in-8°, 531 pp, index, broché,
La Pologne a connu une histoire glorieuse, à l'époque des Jagellons, quand, Etat multinational et multiconfessionnel, elle accueillait Juifs et protestants. Une histoire unique en Europe aussi, puisque la grande noblesse élisait le roi et qu'elle mit le souverain sous sa tutelle. Les rivalités entre les tout-puissants magnats faisaient le jeu des puissances voisines qui finirent par se partager le pays : en 1795, l'Etat polonais était rayé de la carte. La république polonaise ne ressuscita toutefois qu'au lendemain de la Première Guerre mondiale. Le pays fut alors soumis à la poigne du maréchal Pilsudski, avant de connaître les heures les plus tragiques de son histoire : l'invasion nazie et les horreurs de l'Holocauste, puis la mainmise de Staline. Les grèves de 1956 marquèrent le début de la lutte contre le communisme. La Pologne rejoint la famille européenne en 2003. Quel rôle y joue-t-elle aujourd'hui ?
Napoléon II. Roi de Rome, Prince de Parme, Duc de Reichstadt, 1811-1832.
Payot, 1935, in-8°, 326 pp, traduit de l'allemand, broché, couv. illustrée, qqs rares soulignures stylo, bon état (Bibliothèque Historique)
"La vie brève et malheureuse du fils de l'empereur Napoléon et de l'archiduchesse Marie-Louise soulève toujours un grand intérêt. De nouvelles informations ont été trouvées par Viktor Bibl." (Revue d’Histoire moderne et contemporaine)
Contribution à l'histoire de la nation malgache.
P., Editions Sociales ; Antananarivo, Ministère de la culture et de l'art, 1982, in-8°, 445 pp, qqs cartes, annexes, broché, couv. illustrée, bon état
La période Vazimba. Formation des royaumes féodaux et évolution vers l'état malgache unifié. L'apogée de la monarchie malgache (1810-1863). Fin de l'indépendance. La mainmise impérialiste. Le mouvement national malgache. Annexes. — "Depuis la tentative de R. W. Rabemananjara (Histoire de la Nation malgache, Paris 1952), aucun livre d'envergure à notre connaissance n'est venu apporter sa contribution à l'histoire de Madagascar. Il appartenait à M. Pierre Boiteau de combler ce vide et de donner, dans un livre dense et intelligent, une vision nouvelle de l'histoire des Malgaches. L'apport de cet ouvrage est considérable, et son analyse constitue à elle seule un ensemble de critiques que l'on peut adresser aux livres traitant de l'histoire malgache : on est frappé de constater le souci constant de Pierre Boiteau « d'intégrer » l'histoire malgache, de ne pas la restreindre aux horizons de l'Imerina ou aux rivages de l'île, mais de l'élargir par une étude consciencieuse des événements européens, des phénomènes économiques qui ont précédé, accompagné ou déterminé les faits marquants de l'histoire malgache..." (Henri Raharijaona, Présence Africaine)
Les Vosges pendant la Révolution, 1789-1795-1800. Etude historique.
Berger-Levrault, 1885, in-8°, xvi-520 pp, 4 pl. hors texte dont 3 portraits, annexes, reliure demi-maroquin brun, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres dorés, tête dorée, couv. conservées, bon état. Edition originale. Bel exemplaire finement relié
Importante étude régionale, peu courante : état physique et moral des Vosges en 1789, l'Assemblée provinciale de 1788, la formation territoriale du département des Vosges (districts et cantons), la création des sociétés populaires, les premiers bataillons de volontaires (Nicolas Haxo), la levée en masse, les représentants du peuple en mission dans les Vosges. — "... Il serait assez curieux de faire la statistique exacte par département des victimes sacrifiées par la Révolution. On verrait qu'il y en eut un certain nombre où même pendant la Terreur on jouit d'un calme relatif et ou l'on s'occupa avant tout et avec patriotisme de réorganiser l'Etat et de défendre le pays. Ce fut le cas pour le département des Vosges, dont M. F. Bouvier a retracé l'histoire de 1789 à 1800. Il y eut en tout neuf exécutions capitales à Mirecourt, toutes motivées par la violation des lois contre les prêtres insermentés." (G. Monod, Revue Historique, 1885) — "... Le mérite de l'ouvrage de M. Bouvier est précisément d'être conçu et exécuté d'un point de vue véritablement scientifique et impartial, que permet enfin la connaissance des documents contemporains. C'est avec les archives du département des Vosges et celles des principales communes de ce département que M. Bouvier a composé son travail. Il a tout vu, tout noté , tout raconté , avec les pièces à l'appui, avec simplicité et sincérité, sans déclamations d'aucune espèce, et quand, après avoir exposé les événements, il arrive à les juger, c'est avec une impartialité qui lui permet, tout en exaltant les vertus militaires dont les habitants des Vosges ont fait preuve pendant la Révolution, de flétrir les crimes auxquels un bien petit nombre d'entre eux a été mêlé. Du reste le département des Vosges a eu une attitude généralement calme et modérée pendant la Révolution. Nulle part les tribunaux criminels n'ont prononcé un aussi petit nombre de condamnations. Nulle part il ne s'est produit moins d'émotions populaires, et le seul mouvement qui ait entraîné la mort violente de quelques citoyens a été le fait d'une bande organisée de pillards et d'assassins plutôt que des sociétés populaires. Le grand mouvement des esprits vosgiens pendant la période révolutionnaire a été surtout tourné vers la frontière, vers la défense du sol français; c'est le département qui a fourni, eu égard à sa population, le plus grand nombre de volontaires à l'armée du Rhin..." (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1888)
Histoire de l'Armée Française en Afrique 1830-1962.
Albin Michel, 1994, gr. in-8°, 551 pp, traduit de l'anglais, notes, index, broché, couv. illustrée, bon état
Ce livre retrace pour la première fois la grande histoire de l'armée française en Afrique, des premiers pas de la conquête de l'Algérie en 1830 jusqu'au terme de la présence française en 1962, des premières heures de la colonisation jusqu'à l'indépendance des pays d'Afrique noire. Une histoire des campagnes militaires et de leurs implications politiques, une histoire des hommes aussi, des figures coloniales célèbres et des peuples mobilisés au service de l'Empire. Anthony Clayton, sans rien cacher de la rigueur de certaines entreprises coloniales, montre que la présence militaire française ne se réduit pas à la conquête et à la répression. Elle a aussi participé au développement des futurs États d'Afrique. Les divers corps d'armée, tirailleurs, goumiers, harkis, spahis, zouaves, légionnaires, mafias et célèbres Bat'd'Af' qui ont combattu ou travaillé en Afrique sont minutieusement évoqués dans cette vaste fresque qui retrace leurs engagements de la Restauration jusqu'aux interventions récentes au Tchad, en passant par les deux guerres mondiales. Ce livre est une contribution unique à l'histoire militaire de la France. — "Professeur à l'académie militaire de Sandhurst, Anthony Clayton connaît très bien l'histoire militaire française. En 1988, il publiait “France, Soldiers and Africa”, à présent traduit. Un index précieux, car trop rare dans nos publications françaises, une table des sigles et des notes rendent la lecture agréable. L'enquête débute à Alger en 1830 pour s'y achever en 1962. Elle repose sur une recherche systématique de témoignages publiés. L'auteur évite le piège des livres d'or. Son souci replace à sa juste valeur le rôle fondamental de la Légion étrangère dans notre histoire coloniale en démontrant les raisons de son emploi systématique : solidité au feu, mais aussi économie, sachant qu'un légionnaire mort ne coûte aucune pension et ne représente aucun poids politique. Anthony Clayton sait également débusquer les souvenirs gênants, comme la lutte souterraine entre troupes des Forces françaises libres et régiments de l'armée d'Afrique au moment du difficile amalgame de 1943-1944. Distinguant les conceptions impériales britanniques et françaises, Anthony Clayton montre l'importance du centralisme romain dans notre politique coloniale. D'où la formation d'unités indigènes et étrangères, fortement encadrées par l'élément métropolitain, distinguées entre troupes de l'armée d'Afrique et régiments de la Coloniale. Deux grandes parties articulent l'ouvrage entre l'emploi du système militaire français en Afrique et l'analyse thématique de l'armée d'Afrique et de la coloniale. La première partie apporte beaucoup, des circonstances de l'invention du sulfate de quinine, en 1883, aux méthodes de la guerre psychologique en Indochine et en Algérie. L'importance des troupes d'outre-mer lors des deux conflits est soulignée fort à propos, tout comme leur dérive politique sous la IVe République. (...) Il convient de souligner la grande qualité de cet effort de synthèse. La vision de « l'autre » due à un éminent historien britannique souligne l'originalité de l'œuvre coloniale française. En bref, une analyse lucide qui retient, en conclusion, la rudesse des moyens de conquête et de pacification, mais rappelle l'œuvre administrative coloniale accomplie." (Jean-Charles Jauffret, Revue française d'histoire d'Outre-Mer, 1995)
Révolution de Février 1848 : revue critique de quelques-uns des ouvrages publiés récemment sur l'histoire de cette époque. Départ de Louis-Philippe au 24 février. Relation authentique de ce qui est arrivé au roi et à sa famille, depuis leur départ des Tuileries jusqu'à leur débarquement en Angleterre.
P., Au Bureau de la Revue Britannique, 1850, gr. in-8°, 86 pp, broché, état correct
Article du Quarterly Review reproduit par la Revue Britannique, traduit de l'anglais de Croker, par Amédée Pichot. John Wilson Crocker (1780-1857), ex-secrétaire de l'Amirauté, était un des rédacteurs les plus anciens de la grande revue des Tories, la "Quarterly Review", Tory exalté lui-même et se déclarant légitimiste.
Histoire des idéologies. 3. Savoir et Pouvoir du XVIIIe au XXe siècle.
Hachette, 1978, in-8°, 446 pp, tableau synoptique, index des thèmes, broché, bon état
Tome 3 seul (sur 3) – Ont collaboré a ce volume : François Châtelet, Hélène Clastres, Christian Descamps, André Glucksmann, Michel Korinman, Gérard Mairet, Pierre-François Moreau, Evelyne Pisier-Kouchner, Raphaël Pividal, Maurice Ronai. — Les Temps modernes voient le politique et l'économique prendre leur autonomie pratique et conceptuelle. L'homme devient le centre de l'univers, et place son avènement sous le signe de la conquête : la Science, le Progrès, la Richesse déterminent de nouvelles conceptions de l'ordre. Au nom de l'avenir et du bonheur, l'Occident impose au-dehors son modèle, tandis que l'État achève de s'emparer de la vie des sociétés et des individus. Ce troisième et dernier volume introduit ainsi aux grands débats de notre temps. — Après le succès de « l'Histoire de la Philosophie », cette « Histoire des Idéologies » était attendue. Cette entreprise se propose de mettre en évidence la constitution et les fonctions de l'idéologie dans les sociétés, de l'Antiquité jusqu'aujourd'hui, en Asie et en pays d'Islam comme en Occident. L'histoire des idéologies montre donc les idées en action dans l'histoire. Par idéologie il faut entendre la façon dont les hommes, depuis toujours, se sont représentés le monde – tant le cosmos que Dieu ou la science –, comment ces conceptions se sont inscrites dans la vie sociale et culturelle, et ont servi à la définition et à la pratique du pouvoir. Cette histoire des idéologies est ainsi une tentative pour relier les mouvements de surface traversant la vie des sociétés aux conceptions profondes qui les constituent et qui les animent. Par là, elle est aussi notre histoire. — "Cette Histoire des Idéologies est une réussite. François Châtelet a réuni, avec Gérard Mairet, une équipe de chercheurs qui n'ont pas seulement vulgarisé les résultats de leur recherche mais qui ont apporté des contributions originales." (Philippe Soulez, L'Homme et la société, 1979)
Doctrine d'action contrerévolutionnaire.
Chiré-en-Montreuil, Diffusion de la Pensée française, 1972, in-8°, 348 pp, index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état. Edition originale
Un exposé méthodique des façons d’agir concrètement pour lutter contre la Révolution sous toutes ses formes, chacun dans son milieu social et professionnel naturel. — Comment agir ? C'est la question que se posent la plupart des hommes et à laquelle répond Doctrine d'action contrerévolutionnaire. Cet exposé étonnera l' "activiste" qui y trouvera – enfin ! – la raison d'agir qui lui a toujours manqué. Il étonnera la femme qui se rendra compte qu'elle aussi a son rôle à tenir pour participer à la défense des intérêts de sa famille. Il pourra également étonner l'intellectuel qui ne se croit pas un "homme d'action". Combien d'hommes – et de femmes –, s'imaginent qu'ils ne peuvent rien pour contribuer à une évolution de la société ! Cette évolution, ils la souhaiteraient dans le sens des véritables intérêts des hommes et non dans le sens d'une emprise de plus en plus grande de la société sur leurs libertés et leurs droits les plus légitimes. Ils peuvent constater, cependant, que leurs adversaires – des marxistes aux technocrates – mobilisent aisément leurs énergies humaines et savent appliquer les méthodes les plus simples pour agir avec efficacité. Faut-il, de notre côté, s'avouer vaincu ? Sûrement pas ! Faut-il adopter les moyens et procédés que nous condamnons chez les autres ? Sûrement pas ! Nous avons à notre disposition tous les moyens légitimes suffisants, et notre Doctrine d'action dépasse – et de loin – les techniques de l'adversaire. Agir est un devoir si l'on ne veut pas, par passivité, se faire le complice de ceux qui se comportent en ennemis à notre égard. (4e de couverture)
Un général hollandais sous le Premier Empire. Mémoires du général baron de Dedem de Gelder, 1774-1825.
Plon, 1900, in-8°, vi-414 pp, un portrait en héliogravure en frontispice, broché, bon état. Edition originale (Tulard, 1452)
"La mission diplomatique en Westphalie et à Naples, l'annexion de la Hollande et l'expédition de Russie, la campagne d'Allemagne. Nombreux détails sur les atrocités françaises en Russie, la retraite, la mort de Duroc, la désertion de Jomini jugée très sévèrement." (Tulard, 1452) — "Ces mémoires, très intéressants et d'ailleurs bien annotés, comprennent en somme trois parties. Dans la première, Dedem, fils de l'ambassadeur des Provinces Unies à Constantinople, retrace ce qu'il a vu en Orient ; le voyage qu'il fit en Egypte avec M. Fauvel est particulièrement attachant. La deuxième partie nous le montre ministre plénipotentiaire du roi Louis de Hollande près du roi de Westphalie et du roi de Naples ; le portrait du roi Jérôme et des personnages qui l'entouraient est vivant ; piquante, la description de la cour de Piombino ; instructive, la peinture de Naples sous Murat. La troisième partie représente Dedem devenant, de général-major au service de Hollande, général de brigade dans les armées de Napoléon et tenant si bien son nouveau rôle qu'il s'étonne et se fâche de n'être pas général de division. Ses jugements sur les hommes de guerre qu'il fréquente alors, ont du prix. Il fait un grand éloge de Davout, bourru, malhonnête, brutal, mais nullement cruel ; « il n'était pas toujours aimable, mais je suis fier d'avoir servi sous ses ordres, d'avoir été chez lui à une école instructive ; avec lui, on est sûr d'être bien commandé, ce qui est quelque chose et de petits desagréments sont compensés par de grands avantages. » Il voit dans Priant un vrai manœuvrier mais un homme de peu d'esprit. Il trouve que Ney avait le sens droit et jugeait bien sur le champ de bataille, mais « dans les moments difficiles autres que ceux de la guerre, tombait dans le vague et l'incertitude ». Son récit de la campagne de 1812 renferme plus d'un curieux détail : il note, par exemple, que Napoléon était cruellement trompé par les rapports qu'on lui faisait et qu'on osa lui dire officiellement avant Moscou que la division Priant avait des vivres pour dix-sept jours alors qu'elle était réduite aux expédients ; il remarque qu'on eut tort à la Moskowa de ne pas pousser en avant dès le matin l'aile droite de l'armée pour déborder l'ennemi et que la faute est due au manque de bonnes cartes et à l'ignorance complète des localités ; il assure qu'il y avait à Moscou de grands approvisionnements, qu'avec un peu d'ordre on aurait pu distribuer des vivres pour trois mois, mais que la discipline n'existait plus ; lui aussi est d'avis que l'empereur eut mieux fait de rester à Smolensk, d'empêcher ainsi la Porte de faire la paix, de réorganiser les troupes et d'entrer en campagne l'année d'après ; mais l'empereur « ne savait ni négocier ni temporiser ». Dedem l'a observé pendant la retraite : « Il était calme sans colère, mais aussi sans abattement ; c'était l'homme qui voit le désastre et reconnaît tout ce que sa position offre de difficile, mais qui se dit : c'est un échec, il faut s'en aller, mais on me retrouvera. » Durant la campagne de 1813, Dedem appartint à la division Girard. Il loue la bravoure de ses soldats ; presque tous avaient la gale ; mais, disaient-ils, « si nous sommes sales, nous nous battrons bien ». Et, en effet, ces jeunes gens se battirent bien. Mais après la lutte, ils étaient comme « ahuris » et « pétrifiés » : leur coup d'essai avait été trop violent, et s'ils avaient dû recommencer vingt-quatre heures après, ils n'auraient rien valu : « peu à peu ils reprirent de la gaieté, mais il ne fallait point leur donner le loisir de réfléchir, car ils retombaient dans la tristesse, et par la suite ils gagnèrent tout à fait le spleen, » Une courte narration de la seconde journée de Leipzig et des opérations de l'armée d'Italie sur la ligne du Taro termine le volume. Quoi qu'on puisse penser de certaines appréciations de Dedem et bien qu'il nous paraisse un ambitieux qui, bien qu'aristocrate et dédaigneux des « simagrées plébéiennes » accepte de la démocratie honneurs et emplois, il avait, comme il dit lui-même, de la perspicacité et de la finesse ; ses mémoires ne sont pas du tout à dédaigner." (Revue critique d'histoire et de littérature, 1900)
Le Front secret.
P., Les Iles d'Or, 1952, in-8°, 419 pp, traduit de l'allemand, index, broché, bon état
Histoire du Service secret allemand en Europe pendant la Deuxième Guerre mondiale. Walter Hagen était le chef de la section "Sud-Est" du Service secret allemand. — "L'auteur, catholique autrichien diplômé en philosophie à un très jeune âge, chef de la section sud-est des services secrets allemands pendant la dernière guerre, est à double titre un témoin qualifié et objectif de toute l'aventure hitlérienne de 1933 à 1945. D'abord, Hägen, doté d'une grande indépendance d'esprit, ne s'est jamais laissé contaminer par la doctrine nazie, ni n'a pris la peine - et c'est important - de cacher ses sentiments à son égard. Deuxièmement, s'étant retrouvé, grâce à sa seule intelligence et à son habileté, à la tête d'un des départements les plus délicats de l'organisation étatique allemande, il est en mesure de nous fournir aujourd'hui des données intéressantes et absolument inédites sur les coulisses, les désaccords et les rivalités, les luttes féroces et acharnées qui ont eu lieu entre les plus hautes sphères du régime ; en même temps, il nous offre un tableau documenté et détaillé de la politique étrangère de l'Allemagne dans les pays d'Europe centrale : Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie et Italie pendant le conflit jusqu'à la victoire soviétique et l'assassinat de Mussolini en Italie. Ce que nous voudrions souligner à propos de l'ouvrage de Hägen, c'est qu'il ne s'agit pas, cette fois-ci, des mémoires habituels. En raison de son objectivité, l'ouvrage a un caractère historique précis, puisque dans aucun chapitre l'auteur n'oublie qu'il était lui-même historien avant de devenir l'un des acteurs de l'histoire." (Francesco Mirabile, Rivista di Studi Politici Internazionali, 1956) — "Le livre le plus valable sur la guerre européenne et les services secrets allemands." (L'Editeur)
Histoire des Salons de Paris. Tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI, le Directoire, le Consulat et l'Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier.
P., Garnier Frères, s.d. [1893], 4 vol. in-12, 460, 499, 440 et 475 pp, reliures demi-basane carmin, dos à 5 nerfs, couv. conservées (rel. de l'époque), dos lég. frottés, bon état
Nouvelle édition de cette histoire des salons de Paris, parue en six volumes chez Ladvocat en 1837-1838 : du salon de Madame Necker au salon de Madame la duchesse de Luynes. Laure Junot d'Abrantès commença une carrière littéraire pour pallier ses multiples revers de fortune, avec la collaboration d’un jeune écrivain encore méconnu : Honoré de Balzac. Elle devient la maîtresse de l'écrivain vers 1828. L’auteur de la Comédie humaine lui sert d’abord de conseiller, de correcteur et d’homme à tout faire. C’est lui qui la pousse à rédiger ses célèbres Mémoires sur la Révolution et l'Empire, qu’il corrigera inlassablement et dont, le succès acquis, elle niera impudemment qu’il y eût mis la main.
Avant d'oublier, 1918-1931.
Fayard, 1976 in-8°, 301 pp, broché, couv. à rabats, bon état
Dans ces mémoires, le peintre Jean Hugo, arrière-petit fils du grand poète, se révèle un témoin inestimable des « années folles » dans ce qu'elles eurent de plus créateur. C'est une chronique familière, vivante et très personnelle, précieuse par la connaissance des lettres et des arts de l'époque dont elle traite. — "Jean Hugo, peintre doué était l'arrière-petit-fils de Victor Hugo. Dans l'entre-deux-guerres, il s'était lié d'amitié avec tous les artistes de son temps. Jean Cocteau et Erik Satie avaient été les témoins de son premier mariage avec Valentine Gross (qui gardera son nom par la suite). Paul Éluard, Max Jacob, Georges Auric, Blaise Cendrars, Christian Bérard étaient ses intimes. Il était un peintre et un décorateur de talent mais avait mené une carrière si discrète qu'on le connaissait davantage à l'étranger que chez lui. « Tu ne fais rien pour ta gloire ! », lui reprochait souvent son ami Pablo Picasso (qui, lui, faisait beaucoup pour la sienne). Jean Hugo a publié à la fin de sa vie deux délicieux recueils de souvenirs, "Avant d'oublier" et "le Regard de la mémoire". Invité sur le plateau d'« Apostrophes » en 1984, quelques mois avant sa mort, il avait crevé l'écran..." (Pauline Dreyfus, Revue des Deux Mondes, 2017)
L'Amiral de Grasse, vainqueur à la Chesapeake.
P., Editions Maritimes et d'Outre-Mer, 1971, in-8°, 253 pp, illustrations de Philippe Ledoux, broché, couv. illustrée, bon état
Dans l’histoire de la Marine française, des noms claquent comme des pavillons : Tourville , Duquesne, Suffren. Mais aucun marin français n’eut autant d’influence bénéfique décisive que l’amiral de Grasse qui, à la tête de l’armée navale française, remporta le 5 septembre 1781 la victoire de la Chesapeake, rendant possible la victoire de Yorktown et l’indépendance des Etats-Unis. « Le sort de l’Europe est entre vos mains », lui écrivit alors le maréchal de Castries, ministre de la Marine ; et Georges Washington : « La manière triomphante avec laquelle Votre Excellence est restée maîtresse des mers d’Amérique conduit nos deux nations à voir en vous l’arbitre de la guerre. » Après sa victoire, une série de malheurs devait cependant accabler le vainqueur et obscurcir sa mémoire en France, mais non aux Etats-Unis, dont le président du Congrès avait prédit : « Votre nom restera à jamais cher au bon peuple de ces Etats. » C’est cette existence hors série, depuis le petit page provençal du grand maitre des chevaliers de Malte jusqu’au chef de l’armée navale, que relate ici l’historien maritime Jean-Jacques Antier. Cette fresque magistrale, débordante de vie dans une ambiance de conquêtes et une odeur de poudre, relate l’une des dernières épopées de la grande marine à voile et révèle le rôle décisif et peu connu de la Marine française dans l’événement le plus important de notre époque : l’indépendance américaine.
Vie de saint Etienne d'Obazine, texte établi et traduit.
Clermont-Ferrand, Faculté des Lettres, 1970, gr. in-8°, 256 pp, texte établi et traduit par Michel Aubrun, 2 cartes, biblio, index, broché, bon état (Publications de l'Institut d'Études du Massif central, fasc. VI)
"Obazine (mieux que Aubazine), situé à une quinzaine de kilomètres à l'est de Brive, sur un promontoire boisé qui domine les gorges du Coiroux, conserve les restes d'une ancienne abbaye cistercienne et de son église. M. Aubrun publie dans ce volume une édition critique, accompagnée d'une traduction française, du texte latin de la vie de saint Etienne, le fondateur de cette abbaye, d'abord modeste hermitage, agrégé ensuite à l'ordre de Cîteaux. C'est un document historique d'une réelle valeur, contenant des indications concrètes sur la société rurale de l'époque, le XIIe siècle, et sur Etienne lui-même qui, de façon spontanée, refit en ces lieux une expérience qui fut celle des premiers moines de Gaule et d'Egypte. En plus des notes, soit critiques soit historiques, l'éditeur, dont le travail est particulièrement soigné, a dressé des index des noms de personnes, de lieux et de termes techniques." (A. Guillaumont, Revue de l'histoire des religions, 1973) — "En 1922, J. de Ribier attirait l'attention sur l'intérêt de l'histoire de l'abbaye d'Obazine et de ses origines {L'abbaye d'Obazine en Bas-Limousin. Étude historique et archéologique. Positions des thèses de l'École des Chartes). Mais la vie du fondateur, saint Etienne, méritait une édition critique, qui n'existait pas encore. Aussi faut-il saluer avec reconnaissance l'actuelle publication de la Vita Stephani, pourvue de variantes de manuscrits, d'une traduction française, de notes, d'une introduction et de glossaires, car la Vita apporte une contribution importante à l'histoire de la vie monastique au XIIe s. Etienne d'Obazine est mort en 1159. Sa biographie a été écrite en deux fois (par un même moine) : le livre I vers 1166, pendant l'abbatiat de Géraud, successeur d'Etienne ; les livres II et III « quatorze ans plus tard » au dire de l'auteur, donc vers 1180. Le biographe a été disciple du saint homme. Petit enfant, il avait été confié par ses parents au monastère de Port-Dieu (dépendant de La Chaise-Dieu) ; puis, revenu dans le monde, il avait suivi Etienne « qui avait attiré à lui presque tous mes parents ». Il prit l'habit religieux à Cîteaux même, des mains de l'abbé Rainard ; deux ans plus tard, Etienne le rappela à Obazine et lui conféra la bénédiction monastique. Depuis lors, il ne quitta plus les lieux. Il fait donc appel à ses souvenirs personnels pour parler du fondateur. Quand ceux-ci font défaut, il a recours à des témoins directs. L,e portrait qui est fait du saint ne manque pas d'un certain talent : contraste entre la petite taille et la physionomie chétive d'Etienne et son rayonnement spirituel. Au total, cet ouvrage sera un excellent instrument de travail." (Marianne Mahn-Lot, Cahiers de Civilisation Médiévale, 1972)
La Perse, la Chaldée et la Susiane. Relation de voyage contenant 336 gravures sur bois d'après les photographies de l'auteur et deux cartes.
Téhéran (Iran), Sahab Geographic and Drafting Institute, 1989, gr. in-4°, (16)-739-(1) pp, 336 gravures dans le texte et à pleine page, 2 cartes hors texte in fine, reliure décorée de l'éditeur, bon état. Réimpression de l'édition Hachette de 1887
Importante relation de voyage où Jane Dieulafoy (1851-1916) raconte les étapes et les péripéties de son expédition à travers le Proche-Orient en 1881-1882. — Dès les premières années de son mariage, Jane Dieulafoy avait eu l’occasion de développer son attirance pour les voyages et son intérêt pour l’Orient en particulier. Avec son mari qui avait étudié les monuments antiques en Algérie où il avait débuté sa carrière d’ingénieur, elle avait voyagé, entre 1873 et 1878, en Égypte et au Maroc, partageant ainsi avec lui son goût pour l’Orient et l’archéologie. De retour en France, tout en poursuivant sa carrière, notamment au service des Monuments Historiques où il travaille sous les ordres de Viollet-le-Duc, Marcel Dieulafoy développe ses idées sur les rapports de l’art oriental et de l’art occidental et ses théories sur les origines de l’art gothique et les influences de l’art oriental sur l’architecture. Au sujet de l’origine de l’architecture musulmane, il est convaincu du rôle prépondérant de la Perse sassanide et juge essentielle l’étude de ses monuments. Ainsi s’était formé son projet d’un voyage en Perse qu’il concrétise, après bien des difficultés, au début de l’année 1881. Malgré les dangers prévisibles, Jane l’accompagne dans cette expédition de quatorze mois (février 1881 à avril 1882) pendant laquelle les deux voyageurs parcourent, jusqu’aux limites de leurs forces, près de 6000 kilomètres. Pendant ce périple, tandis que Marcel se consacre à l’étude des monuments – principalement achéménides, perses et sassanides –, Jane se charge de relater leur voyage et assume également le rôle de photographe. Après avoir traversé la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, les deux voyageurs ont pour projet de gagner Téhéran et de poursuivre à travers la Perse en passant par Qom, Kashan, Ispahan, Persépolis, Shiraz... Ils se proposent également de pénétrer par le sud en Mésopotamie, alors province de l’Empire ottoman, pour remonter la vallée du Tigre et de l’Euphrate jusqu’à Bagdad afin d’explorer les ruines de Ctésiphon, Séleucie et Babylone… Surtout, Marcel Dieulafoy veut rejoindre la Susiane, une région dangereuse livrée aux exactions de nombreuses tribus, et qu’aucun voyageur français n’avait pu jusque-là visiter... (Nicole Chevalier) — "Nous sommes heureux d’avoir l’occasion de présenter le magnifique ouvrage que Madame Dieulafoy vient d’écrire sur des pays qu’elle a explorés avec une intrépidité rare et qu’elle a su en compagnie de M. Dieulafoy, observer et apprécier avec une expérience et une sagacité qu’on voudrait rencontrer toujours chez les explorateurs. Ce volume, sans doute, n’est pas consacré exclusivement à l’archéologie et à la description des ruines et des fouilles : il est rempli d’anecdotes pittoresques, de scènes de mœurs originales ; c’est en un mot le récit au jour le jour, d’un voyage des plus périlleux, des plus mouvementés et des plus intéressants. (...) En résumé, l’ouvrage de Mme Dieulafoy, en dehors de l’intérêt pittoresque qu’il offre à tous ceux qui aiment les récits de voyage, est d’une importance exceptionnelle pour l’histoire archéologique et artistique de l’Iran." (Ernest Babelon, Gazette archéologique, 1886)
Napoléon ou le mythe du sauveur.
Fayard, 1977, in-8°, 496 pp, une carte, notes, index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
"Jean Tulard est notre grand spécialiste de Napoléon, il connaît l'histoire de cette période dans tous ses détails et recoins, il a tout lu, tout exploré : aussi ce monumental Napoléon est la synthèse de multiples travaux, une synthèse réfléchie, menée avec rigueur et méthode ; rien n'est négligé, tout remis à sa juste place. Ce Napoléon se lit fort agréablement et on doit louer hautement J. Tulard d'avoir méthodiquement fait suivre chaque chapitre d'un « état des questions » où il donne le dernier état des recherches, fait le point des débats : c'est une innovation importante – communément on croit que tout est connu, et certain, pour l'histoire de cette période. Ouvrage à lire." (La Revue administrative, 1977) — Après le coup d'Etat de Brumaire, Bonaparte affirme : "Je suis la Révolution", pour ajouter "La Révolution est finie". Trois voies sont alors offertes : le retour au système monarchique, la consolidation des conquêtes bourgeoises et paysannes ou la satisfaction des aspirations des sans-culottes parisiens. Biographie traditionnelle mais aussi ouvrage de référence, ce Napoléon ou le mythe du sauveur est devenu au fil des ans un véritable classique dont nul ne saurait se passer.
Mémoires sur les Cent-Jours. Préface, notes et commentaires de O. Pozzo di Borgo.
Jean-Jacques Pauvert, 1961, in-8°, lii-284 pp, un portrait en frontispice, autographe hors texte, index, broché, bon état
Essai historique majeur sur les Cent-Jours. — "Excellente édition critique qui éclaire tous les problèmes posés par cette œuvre fondamentale pour la compréhension de « l'empire libéral ». Il faut voir naturellement dans ces mémoires présentés sous forme de lettres une justification de l'attitude de Benjamin Constant en 1815, justification au demeurant prudente en raison de la réaction qui suivit l'assassinat du duc de Berry." (Tulard, 350)
La Vie quotidienne au Japon à l'époque des Samouraï, 1185-1603.
Hachette, 1968, in-8°, 264 pp, une carte, biblio, avec in fine la liste des Shôgun, régents et dictateurs, les périodes historiques du Japon, la table des mesures et des monnaies, cart. éditeur, jaquette illustrée, bon état, envoi a.s. à Jean-François Revel
A partir du Xe siècle, le pouvoir échappe peu à peu à l'Empereur du Japon. Les seigneurs locaux ou chefs des clans guerroient sans cesse les uns contre les autres, entretenant un climat de guerre civile, tandis que la cour, tout imprégnée de culture chinoise, semble se désintéresser des affaires du pays. En 1191, le clan des Minamoto se rend maître des désordres et finit par s'imposer. A la mollesse et au luxe de la période précédente va succéder une ère rude et passionnée, empreinte d'idéal chevaleresque et de fidélité aux traditions. Travail, respect de la hiérarchie, culte de l'esprit national, sens du sacrifice et du devoir, tel est le nouveau cours. Tout Samouraï peut sabrer sur place, sans avertissement, quiconque ne s'y conforme pas... Le peuple trouve là une raison de vivre et d'espérer, perce qu'il peut ainsi se libérer de l'influence chinoise et se forger une âme. En outre, la doctrine bouddhique du Zen apparaît. Elle va donner à l'organisation des Samouraï un soutien mystique: dès lors, l'esprit japonais tend vers un ascétisme politique et religieux qui influencera très fortement les manifestations de l'art, de la pensée et de la vie quotidienne. Parfait connaisseur de cette époque "classique", Louis Frédéric montre quelle fut la vie du peuple japonais pendant ces cinq siècles, et comment les sentiments et les esprits se transformèrent jusqu'à établir une civilisation aussi originale que profonde.
La Bataille du Vercors, 1943-1944.
France Loisirs, 1993, gr. in-8°, 303 pp, 16 pl. de photos hors texte, 2 cartes, sources, cart. éditeur, jaquette illustrée, bon état
Cet ouvrage retrace, de 1943 à 1944, la véritable histoire de la bataille du Vercors, reconstituée grâce à des témoignages et des documents inédits à ce jour. 21 juillet 1944. Alarmés par la présence, dans le massif du Vercors, d'une importante force française, les Allemands passent brusquement à l'attaque. Ils ont rassemblé d'importants moyens et feront même acheminer des SS par planeurs. A Valchevrière, le combat s'engage, d'une sauvagerie inouïe. Dépourvus d'armes lourdes, les Français font face. Chasseurs du 6 BCA, reconstitué dans la clandestinité, réfractaires au STO, maquisards dauphinois, résisteront, au coude à coude, jusqu'au bout. Leur sacrifice fera entrer le nom du Vercors dans l'Histoire. Un récit haletant, puisé aux meilleures sources par un historien rigoureux.
Charles Péguy. Biographie.
P., François Bourin, 1993, in-8°, 251 pp, 12 pl. de photos hors texte, index, broché, couv. illustrée, bon état
La Vie de la France sous l'Occupation (1940-1944).
Plon, 1957, 3 vol. gr. in-8°, 1797 pp, pagination continue, préface d'Easton Rothwell, reliures cartonnées bleu foncées de l'éditeur, titres en blanc sur les plats et aux dos, bon état
Très intéressant ensemble de 312 témoignages de personnages officiels de cette période, réunis et rassemblés par Mme de Chambrun, fille de Pierre Laval, et son époux et remis au Hoover Institute de Stanford. — Tome I : Vie économique. Vie politique (616 pp). Tome II : Vie politique (suite). Questions militaires. Vie sociale et culturelle ; Le Maréchal Pétain ; Pierre Laval (pp. 620 à 1174). Tome III : Pierre Laval (suite). Le Maréchal Pétain et Pierre Laval ; Documents divers (pp. 1177 à 1797). — "Cette massive publication de 312 témoignages a provoqué déjà des mouvements divers plutôt vifs. Comme l'a suggéré dans Le Monde, M. Robert Aron, orfèvre impartial, l'événement ne mérite ni cet excès d'honneur ni cette indignité. Certes, la liste des témoins est impressionnante : ministres et hauts fonctionnaires, généraux et amiraux, diplomates et gouverneurs, journalistes, membres des cabinets du maréchal Pétain et de Pierre Laval, etc. Mais le lecteur qui cherche à déterminer la contribution de ces textes à l'histoire de France est contraint de faire des réserves sérieuses sur l'entreprise telle qu'elle a été menée. D'abord, le titre est choquant, car il ne s'agit certes pas d'un tableau complet de la vie de la France sous l'Occupation. L'autre côté de l'histoire – la Résistance – n'apparaît guère que dans les injures des uns ou, sous la plume des autres, comme une aventure dont Pierre Laval a sauvé beaucoup de téméraires participants. Du côté de la France « officielle », bien des aspects importants sont à peine esquissés : du collaborationisme parisien ou milicien, on ne signale à peu près que les heurts avec les pouvoirs publics. Le Vichy de Pétain tient infiniment moins de place que celui de Laval, pour reprendre la juste distinction d'André Siegfried. Les querelles intérieures de Vichy, entre 1940 et la fin de 1943, sont rarement évoquées : il est vrai qu'il suffit de quelques textes pour les rappeler de façon inoubliable : ainsi la lettre de Mme de Chambrun à Paul Baudouin, ou les témoignages de MM. Jardin, Tracou et de Sardan. (...) sur le fond, nous sommes loin de l'histoire « objective, impartiale et vraie » qu'annonçait M. de Chambrun dans une conférence. D'une part, les textes relatifs à Laval sont des hommages plutôt que des témoignages : ce sont les pièces d'un dossier de réhabilitation. Il eût été plus juste et plus utile de présenter l'ouvrage comme une contribution à la révision d'un procès scandaleux, plutôt que de le décrire comme la révélation de l'entière vérité. Car on sent que les témoignages ont été non seulement suscités, mais guidés : certains points sont traités à de multiples reprises, en particulier la fameuse phrase « Je souhaite la victoire de l'Allemagne », l'affaire des entretiens Laval-Herriot en août 1944 (devenue ténébreuse à force de témoignages). la résistance de Laval à Sauckel, la protection des victimes des Allemands par Laval et son entourage. Il s'agit, semble-t-il, d'imposer au lecteur l'image d'un Laval parangon des vertus paysannes, martyr volontaire et prophète (...) Ces réserves faites, l'intérêt de l'ouvrage est loin d'être négligeable. La partie proprement politique contient quelques inédits remarquables, tels les textes de MM. Gabolde, Bousquet et Benoist-Méchin, et quelques confirmations ou controverses troublantes : ainsi, divers renseignements sur l'appui donné à la Milice par Laval d'abord, puis par le maréchal au moment où Laval cherchait à la freiner ; ou la contradiction éclatante entre ceux qui, pour mieux peindre un Laval « républicain », attribuent le coup du 13 décembre 1940 à un conflit de politique intérieure, et M. Bouthillier qui, dans un texte bref mais pénétrant, soutient la thèse inverse, jette ainsi le doute sur une grande partie de l'ouvrage et attire l'attention sur le peu de place qu'y tient le Laval de 1940... En vérité, c'est la partie administrative (essentiellement le tome I) qui est la plus captivante. Tout n'y est pas inédit (ainsi les textes de M. Cathala) : mais les contributions de MM. Belin, Caziot, Hilaire, et les témoignages des préfets sont d'un intérêt capital. La thèse de Lüthy selon laquelle Vichy fut l'armature administrative de la République fonctionnant pour ainsi dire à nu s'en trouve confirmée : il est juste de reconnaître que Laval avait fort bien compris l'importance du rôle que pouvait jouer l'appareil de l'Etat, que les efforts doctrinaires des révolutionnaires amateurs dans l'entourage du maréchal risquaient d'endommager. (...) L'historien ou le sociologue trouveront encore à cet ouvrage une autre sorte d'intérêt. Il constitue un vaste témoignage au second degré : sur les témoins. (...) Pendant longtemps encore, il y aura au moins autant de façons d'écrire l'histoire de cette période qu'il y a de clans." (Stanley Hoffmann, Revue française de science politique, 1958) — "... Ces trois volumes avaient été interdits par la Résistance lors de leur parution en 1957." (René de Chambrun, juin 1991)
Au service du Parti. Le parti communiste, les intellectuels et la culture (1944-1956). (Thèse).
P., Fayard/Editions de Minuit, 1983, fort in-8°, 585 pp, notes, biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état
"Il s'agit, pour l'essentiel, de la thèse soutenue par l'auteur à la Sorbonne le 16 avril 1983, thèse dans laquelle elle s'est efforcée d'analyser les productions des intellectuels membres ou « compagnons de route » du Parti Communiste français, qui s'étaient mis « au service de la classe ouvrière » ; elle a voulu comprendre et expliquer comment ces intellectuels ont accompli les tâches que leur fixait la direction du parti : trouver des arguments, créer des œuvres justifiant ou exaltant la ligne politique et les mots d'ordre du parti français – ou du parti soviétique – en cette période de guerre froide. Jeannine Verdès-Leroux a raison de distinguer plusieurs catégories dans l'intelligentsia communiste : 1) les « grands intellectuels », intellectuels autonomes, qui ont pu ainsi « sauvegarder une certaine autonomie au niveau de leur production » ; 2) les « intellectuels-de-parti », opposés aux premiers « dans des luttes souvent âpres, attisées et arbitrées par la direction » et qui « recevaient leur position, leur pouvoir, leurs privilèges uniquement du parti » ; elle fait un sort à la génération issue de la Résistance, qui subit une rupture dans ses études et fut sollicitée par le parti pour devenir des « permanents », spécialement dans la presse. Ces « intellectuels prolétaroïdes » (selon l'expression de Max Weber) ont été souvent des agents d'exécution de la direction. « Cette intelligentsia ne s'est pas contentée d'être alignée sur tous les aspects de politique générale ; elle a été massivement « jdanovienne » en matière culturelle, par ignorance, par inexpérience. Elle a donné une direction typique à la période, par l'étendue de son fanatisme, intervenant dans tous les domaines alors que les intellectuels autonomes gardaient des zones de quant-à-soi, faisaient des restrictions mentales et exprimaient leurs réserves par leurs silences » ; 3) l'auteur y associe « l'intelligentsia autodidacte des couches négativement privilégiées » (Max Weber), en clair les militants d'origine ouvrière, paysanne ou petite bourgeoise sur lesquels elle porte cette appréciation : « A ces permanents privés de capital scolaire et de capital culturel, le parti apportait, à travers ses écoles, non des connaissances, mais une saisie unitaire du monde social, une nouvelle façon de se conduire et de se percevoir dans ce monde et tout un ensemble de croyances et de certitudes. Après une sélection dont ils ignoraient les critères, ils recevaient des responsabilités, inespérées à leurs yeux, qui les remplissaient d'émerveillement. Ces positions étaient toujours plus valorisantes que ce qu'ils s'attendaient à vivre mais il convient de noter que l'étroitesse de leur connaissance du monde extérieur les conduisait à surestimer grandement la fonction de permanent ». Jeannine Verdès-Leroux décrit assez bien la mise en condition de ces intellectuels qui « étaient entrés au parti communiste pour faire l'Histoire ». Ils participaient aux combats de la classe ouvrière mais non pas à l'élaboration de la politique du parti (privilège réservé au groupe dirigeant). La plupart, accaparés par les tâches pratiques, la multiplicité des réunions, n'avaient pas le temps de réfléchir, de se documenter sérieusement ailleurs que dans les publications du parti, de se former une opinion personnelle ; il faut dire que même au niveau du Comité central, des élus et permanents la sous-information, voire la désinformation était la règle. Les intellectuels, comme les autres, avaient foi dans les dirigeants et avaient tendance à accepter et à défendre leurs analyses politiques puis, par entraînement progressif, leurs opinions sur les sujets les plus divers – sauf dans leur discipline, là où ils se sentaient compétents. Les nécessités de la lutte et « l'esprit de parti » faisaient le reste..." (Robert Brécy, Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1985) — "Contre le lieu-commun qu'entretiennent aussi bien la direction du parti communiste que les "ex", ce livre établit d'abord que l'essentiel des intellectuels dont les oeuvres dominèrent l'après-guerre n'étaient pas communistes. Quelques grandes figures, Picasso ou Joliot-Curie, que la direction met sans cesse en avant, avaient déjà construit leur oeuvre en première personne. Quant à la production que la direction a encouragée, celle des intellectuels-de-parti, par exemple la peinture et le roman réalistes-socialistes, elle ne put jamais s'imposer en dehors des cercles du parti en raison de son caractère de propagande. Cet "art" satisfaisait trop bien à la recommandation de Jdanov : "l'art doit être tendancieux". Plus qu'à la caution apportée par quelques "grands" intellectuels, et plus qu'à leurs silences, on s'est attaché à analyser ici les productions "artistiques" et "scientifiques" des intellectuels-de-parti et les conditions de cette production. Les caractéristiques, les dispositions et la trajectoire de ces intellectuels les rattachent à cette intelligentsia paria dont Max Weber a montré le rôle dans les Eglises. Renonçant à l'autonomie propre aux intellectuels professionnels pour se mettre "au service de la classe ouvrière", ils se transforment en rhéteurs, prêts à toutes les "tâches" que leur désigne la direction du parti : "théoriser" l'existence d'une science prolétarienne opposée à la science bourgeoise, ou approuver l'arrestation des "Blouses blanches", médecins accusés par Staline de comploter l'assassinat de dirigeants soviétiques. Pour rendre intelligibles des oeuvres et des conduites que Sartre se contenta de qualifier de monstrueuses, il a fallu accomplir un va-et-vient entre les productions de l'époque et ceux qui les ont produites ou les ont contrôlées. L'enquête, menée au long de cinq années, s'appuyant sur une mémoire involontaire des acteurs, a permis d'aller bien au-delà de ce que les écrits, utilisant la mémoire volontaire, prétendent imposer et, plus encore, au-delà de la façade monolithique présentée alors par le parti communiste." (J. V.-L.)
Les Idées politiques et sociales de la Résistance. Documents clandestins, 1940-1944.
PUF, 1954, in-8°, xi-410 pp, préface de Georges Bidault, avant-propos de Lucien Febvre, broché, bon état (Coll. Esprit de la Résistance)
"Un livre important, dû à Henri Michel, le très actif et excellent secrétaire général du Comité d'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale et Boris Mirkine-Guetzevitch, juriste de haute qualité, spécialiste des problèmes constitutionnels contemporains, dont l'action aux Etats-Unis, pendant les années 40-45 fut si remarquable et si importante en faveur de la France résistante." (Lucien Febvre, Annales ESC, 1955)
La Vie turbulente de Camille Desmoulins.
Plon, 1928, in-12, 296 pp, biblio, broché, bon état (Coll. Le Roman des grandes existences)
"Camille Desmoulins, dont Raoul Arnaud, l'historien de la Princesse de Lamballe et de Cambon. nous narre la Vie turbulente, fut-il un grand homme, comme on voulut, un temps, nous le faire croire ? Raoul Arnaud ne le pense pas une seconde, et nous lui devons un portrait enfin vrai de ce brouillon, de cet intrigant, de ce diffamateur auquel, on doit pour une bonne part, les infâmes calomnies contre la Reine. Ce qui rachète la mémoire de l'affreux pamphlétaire de la France libre et des Révolutions du procureur de la lanterne, de l'instigateur des massacres, c'est l'appel à la pitié, à la clémence, qu'il finit par lancer dans le Vieux Cordelier. Cet appel, d'ailleurs, devait lui coûter la vie. Robespierre ne devait plus l'oublier. Ce qui nous incline encore à nous montrer indulgents envers ce néfaste Camille, c'est l'amour héroïque que lui porta la tendre et charmante Lucile..." (Raymond Escholier, La Gazette de Paris, 1928) — "Après avoir hurlé aux quatre vents avec la meute sanguinaire, après avoir même suscité ses pires débordements et mérité le titre de procureur de la lanterne, Camille Desmoulins pris conscience de la folie qui animait la Terreur, et, sous couvert d’érudition et de retour aux éternelles tragédies grecques, il osa ces deux brûlots que sont les numéros 3 et 4 du “Vieux Cordelier”, les dérobant avant édition à la vigilante censure de Rosbespierre… et ça lui vaudra une grande balafre en travers du col le 5 avril 1794 !" (La Carène)
Perceval, le pêcheur et le Graal.
Imago, 2004, in-8°, 260 pp, biblio, broché, bon état
Jeune « naîf » ébloui par la rencontre de beaux chevaliers, Perceval abandonne sa mère et se rend chez le roi Arthur pour se faire adouber. Là, il tue le chevalier Vermeil qui terrorise la cour et, après de multiples aventures, se retrouve au château du Roi Pêcheur à la terre stérile. Voyant défiler d'étranges objets, dont le Graal, Perceval ne pose aucune question et reste muet. Mutisme fatal qui l'éloignera à tout jamais du précieux "plat" et de ses révélations. Le Conte du Graal de Chrétien de Troyes fonde le mythe le plus important du Moyen Age. De ce texte énigmatique et fascinant va procéder, en effet, toute une moisson de chefs-d'œuvre, de représentations et de questions qui continuent d'inspirer l'imaginaire de l'Occident. Eminent spécialiste de littérature médiévale, Philippe Walter entreprend de répondre aux nombreuses interrogations suscitées par ce livre que l'on dit souvent, à tort, inachevé. Grand connaisseur du monde celtique, s'appuyant également sur les recherches de Claude Lévi-Strauss et de Georges Dumézil, il montre que le roman du poète champenois constitue un ensemble parfait recelant bel et bien un contenu initiatique : les mythologies de la pêche et du poisson sacré éclairent une part du mystère. Au terme de cette magistrale étude, le Conte du Graal revêt alors sa véritable dimension, celle d'une authentique méditation spirituelle. Philippe Walter est professeur émérite de littérature française du Moyen Age à l'Université de Grenoble III. Il dirige l'édition et les traductions des romans en prose du Graal dans la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard). — "Un livre fort stimulant pour l’esprit surtout si le lecteur, comme c’est notre cas, aspire depuis longtemps à toujours mieux percer le mystère qui entoure le roman arthurien et la quête du Graal. Livre captivant aussi, car, à notre connaissance, il va plus loin que tous ses prédécesseurs et en prenant plus de risques, ce dont nous ne saurions blâmer l’auteur, tout au contraire ! Enfin un livre, pourra-t-on dire, qui ose s’aventurer dans ce labyrinthe romanesque en tentant de donner des clés, de fournir des instruments de connaissance appropriés ! Car, avec la quête du Graal de Chrétien de Troyes, il s’agit bien d’un roman, et Ph. Walter a parfaitement raison de le souligner dès son premier chapitre, comme de rappeler qu’il n’en existe pas un mais plusieurs, parmi ceux qui sont parvenus jusqu’à nous. Nombreuses sont les informations qu’offre cet ouvrage qui se lit comme un roman policier, tant l’intrigue est riche et passionnante ! Et de nous apprendre, par exemple, que le roman du Graal s’éclaire d’autant mieux si on le replace dans une tradition de légende royale, avec une recherche de talismans royaux initiée par un chevalier, dernier enfant d’une lignée ou d’une famille en quête de légitimité. Ou que le plat désigné comme « Graal » peut contenir aussi bien le symbole d’une tête coupée que celui d’un saumon, poisson de connaissance initiatique dans la mythologie celtique. Ou encore, que la quête de Perceval le mène, par les chemins mystérieux de l’Au-delà, vers les Iles au Nord du Monde, dont le Roi pêcheur serait à la fois le gardien et l’initiateur. Enfin, que la mélancolie de ce dernier, qui touche aussi bien notre chevalier, est une maladie placée sous le signe de Saturne, et donc symptomatique de ceux qui cherchent à atteindre les secrets du Graal, ou de ceux qui détiennent certaines connaissances essentielles. Il y a comme cela, tout au long de ce livre, des intuitions et des perspectives qui éclairent le lecteur dans sa propre quête et le font avancer toujours plus loin, ce dont il peut être d’ailleurs particulièrement reconnaissant à l’auteur. En effet, trop nombreux sont les livres écrits sur ce sujet qui sont soit superficiels et redondants, soit inutilement compliqués, ou qui complexifient inutilement une matière déjà trop riche et difficilement cernable. Non que l’interprétation de Ph. Walter soit abusivement simplificatrice ou réductrice, mais elle donne, en dix chapitres denses et concis, des pistes que l’on a plaisir à parcourir et qui donnent envie d’aller encore au-delà..." (Bruno Delorme, Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2008)
Les Balkans face à l'Italie.
Delagrave, 1928, in-12, 126 pp, une carte, broché, couv. lég. salie, bon état (Bibliothèque d'histoire et de politique). Edition originale, prière d'insérer, envoi a.s.
"Jacques Ancel est à bien des égards un personnage à part dans la géographie française. Il est le seul à faire de la géographie politique sa préoccupation centrale. Il fut un élève fidèle de Vidal de La Blache auquel il n’a cessé de rendre des hommages appuyés, et aux idées duquel il s’est toujours efforcé de se rattacher. La Première Guerre mondiale fut l’occasion de sa rencontre avec les Balkans. Envoyé à Salonique en 1916, il y devint le responsable du département politique de l’état-major de Franchet d’Esperey. Il était donc fort bien situé à la fois pour collecter de l’information et pour la traiter. Dans le champ balkanique, nous lui devons à la fois une sorte de livre de souvenirs, “Les Travaux et les jours de l’Armée d’Orient”, et des livres d’histoire, tels “Unité de la politique bulgare (1870-1919)”, “Manuel historique de la question d’Orient” et aussi “Les Balkans face à l’Italie”. Nous lui sommes redevables de deux ouvrages de géographie politique : “Peuples et nations des Balkans, étude de géographie politique” et “La Macédoine, son évolution contemporaine”." (Michel Sivignon, Le politique dans la géographie des Balkans : Reclus et ses successeurs, 2005)
La Crète, tombeau des paras allemands.
Presses de la Cité, 1985, in-8°, 374 pp, 16 pl. de photos hors texte, 6 cartes, annexes, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
Winston Churchill a écrit dans ses Mémoires : "A bien des égards, la bataille de Crète était quelque chose de nouveau. Jamais auparavant, le monde n'avait assisté à un spectacle de guerre de ce genre. Ces parachutistes courageux étaient la fleur de la jeune génération allemande. Leur destin a voulu qu'ils se heurtent à d'autres soldats qui avaient fait le tour de la moitié de la terre, afin de combattre comme volontaires pour la patrie." Le 20 mai 1941, les hommes du générai Student sautent sur la Crète. Leurs adversaires, prévenus, sont en alerte depuis deux jours. Mitraillés en plein ciel, poursuivis sous les oliviers et dans les vignobles, abattus par des tireurs d'élite dès qu'ils quittent leurs trous, perdus dans une campagne hostile où rôdent les terribles francs-tireurs crétois, les paras vont connaître une semaine d'épouvante et de misère. Le premier soir, ils n'ont atteint aucun de leurs objectifs, malgré des pertes effroyables. Et pourtant, sept jours plus tard, les paras, renforcés par des alpins, arrivés par avion sous le feu de l'ennemi, parviennent à enlever la capitale de l'île et à gagner la bataille. Sur les six mille paras qui ont sauté sur la Crète, on comptera plus de la moitié de blessés, disparus ou tués.
Le Coup de tonnerre de Cuba. Histoire d'une crise internationale. 22 octobre 1962.
Laffont, 1963, in-8°, 251 pp, traduit de américain, 24 pl. de photos hors texte, une carte, broché, couv. illustrée à rabats, bon état (Coll. Ce jour-là)
"En septembre 1962, des missiles soviétiques à moyenne portée sont installés à Cuba, à la demande, semble-t-il, des dirigeants cubains. Comment les Américains s'en aperçurent et comment le 22 octobre 1962 le président Kennedy proclama la « quarantaine », ce que fut la réaction de l'Union Soviétique le lendemain et les jours suivants, James Daniel et John Hubbell le racontent en détail dans leur récit du “Coup de tonnerre de Cuba”. Ils se montrent sévères pour « l'entêtement » et « l'inintelligence » de Washington au cours des semaines précédentes..." (Manuela Semidei, Revue française de science politique, 1964)
La Police parisienne de Napoléon. La préfecture de police.
Tallandier, 1990, in-8°, 498 pp, préface de Jean Tulard, sources et biblio, index, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Bibliothèque napoléonienne)
A travers les trois préfets de police de Napoléon : Dubois, l’homme de l’ombre (dix ans de service), Pasquier, l’homme de l’Ancien Régime (quatre ans), et Réal, l’ancien jacobin devenu l’homme des Cent-jours, cette étude fait revivre la vie quotidienne des Parisiens dans ces années charnière que sont la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe, comme « la vie intérieure » de la « Grande Maison » et ses rapports avec... les autres (pouvoir ou citoyens). Les grandes affaires politiques qu’eurent à connaître et à résoudre les trois préfets de police dans ce poste redoutable (attentat de la rue Saint Nicaise, affaire Cadoudal, conspiration Malet de 1812, chute de l’Empire et occupation de Paris en 1814, retour de l’Aigle en 1815), comme celles d'administration pure (lutte contre la criminalité, reconversion de Vidocq, inondations catastrophiques de l’hiver 1802-1803), situation cruciale de la capitale après Waterloo et difficultés d'approvisionnement, permettent de les saisir dans l’action, de les cerner en pleine lumière...
Rescapé. Récit recueilli par Max Roth.
P., Del Duca, 1958, in-8°, 256 pp, dos lég. abîmé avec pt manques, sans la jaquette,
Mémoires d'un Français, arrêté à Toulouse en décembre 1942, puis déporté en Allemagne. Il s'évade et rejoint la résistance polonaise, pour être finalement arrêté par les Soviétiques et envoyé dans un camp au Kazakhstan. Il ne rentrera en France qu'en 1957.
De Gaulle dictateur.
P., La Défense républicaine, 1948, in-12, 322 pp, broché, couv. illustrée d'une photo de De Gaulle, bon état
Etonnant réquisitoire contre le gaullisme politicard de la fin de la guerre par un ancien député de la Seine, propagandiste gaulliste exilé à New York. Un livre fort qui brosse un portrait assassin du De Gaulle des années de guerre. Héros de la Grande Guerre, journaliste à “L'Echo de Paris”, Henri de Kerillis se lance en politique dans les années vingt pour combattre le cartel des gauches. Il fait campagne à droite et prône l'alliance avec l'URSS, seul rempart contre l'Allemagne, puis avec l'Italie après l'accession de Hitler au pouvoir. Redoutable tribun, éternel Cassandre, il n'a de cesse d'alerter ses compatriotes sur le péril allemand qu'il juge imminent, écrivant notamment “Français ! Voici la guerre” en 1936. Farouche opposant aux accords de Munich, lui qui est désormais député de Neuilly est le seul au centre et à droite à voter contre, ce qui lui vaut des procès et même des provocations en duel ! Las, les événements lui donnent vite raison. A Londres dès le 15 juin 1940, il est de ceux qui entendent l'appel du général de Gaulle le 18. Il rejoint alors le Général et les rangs de la France libre. Très vite, cependant, il apparaît que les deux hommes ne pourront s'entendre : de Gaulle ne souhaite pas s'entourer de cet homme marqué à droite et entend le restreindre à son rôle de journaliste. Kerillis, quant à lui, perçoit de Gaulle comme un homme guidé par la politique plus que par les intérêts de la France et lui fait un procès en dictature avec cet ouvrage rédigé à l'été de 1945. Ce livre, qui fut aussitôt en proie à la loi du silence, nous présente un autre de Gaulle dont Kerillis s'est progressivement mais inexorablement séparé tout au long des années de guerre. L'accusation principale n'est pas mince : Kerillis voulait un chef "menant la guerre à outrance et non pas la politique à outrance". Livre dramatique, confesse son auteur, car "il n'attaque pas seulement un homme mais une grande légende". Un ouvrage iconoclaste.
Une éducation pour la démocratie. Textes et projets de l'époque révolutionnaire.
Garnier, 1982, in-8°, 526 pp, repères chronologiques, notes, biblio, broché, bon état (Coll. Les Classiques de la Politique)
"Cet ouvrage est l'édition de seize grands projets relatifs à l'éducation présentés aux différentes assemblées révolutionnaires entre 1791 et 1795 : de Mirabeau et Talleyrand à Lakanal et Daunou, en passant par Condorcet, Lepeletier et Barère, nous avons là une précieuse anthologie de textes soigneusement annotés et introduits par une notice qui situe précisément chaque discours au sein des débats dans lesquels il s'insère. Cette publication in extenso des textes (à l'exception du Rapport de Talleyrand pour lequel l'éditeur a dû procéder, en raison de son ampleur, à quelques coupures) ne peut que réjouir tous les historiens qui ne disposaient d'aucun recueil récent (...). Dans une dense introduction générale, Bronislaw Baczko retrace avec vigueur les enjeux du projet pédagogique de la Révolution française." (Dominique Julia, Histoire de l'éducation, 1983)
Du Tchad au Danube : l'armée française dans la guerre.
P., Editions G.P., 1948, in-4°, 340 pp, illustré de très nombreuses photos dans le texte et à pleine page reproduites en héliogravure, reliure simili chagrin vert à la Bradel de l'éditeur, dos orné d'un fleuron central doré et de filets dorés, plats ornés de motifs floraux frappés à froid et d'un char d'assaut doré, coins émoussés, bon état
Réédition revue et augmentée et réunie en un seul volume des 4 tomes parus au lendemain de la Libération, achevée d'imprimer en février 1948 sur les presses de Draeger frères. — "Il suffit d’ouvrir, au hasard, ce magnifique ouvrage pour se trouver en pleine épopée, celle d’un passé encore tout récent mais qui, déjà, appartient à l’Histoire, ou à cette forme de l’Histoire qui est le plus assurée de survivre dans la mémoire des hommes : la légende. Épopée d’efforts surhumains, de sang et de gloire, à laquelle nous devons d’être restés des Français et d’être redevenus libres. Il y aura bientôt six ans, le général de Gaulle lançait, de Londres, son appel à la résistance et, quelques mois plus tard, commençait l’étonnante aventure des Forces françaises libres, qui, à travers les déserts d’Afrique, la Tunisie, l’Italie, la terre de France, ne devait finir qu’au-delà du Rhin, à Berchtesgaden, dans l’apothéose du rêve devenu réalité : la revanche française et l’écrasement de l’Allemagne hitlérienne. Cette épopée revit sous nos yeux, dans cet album en quatre parties : « Fezzan, Tripolitaine, Tunisie » ; « Le Corps expéditionnaire français dans la campagne d’Italie » ; « La libération du territoire » ; « Du Rhin au Danube ». Le grand et double mérite de cette œuvre, consacrée à la reproduction, particulièrement soignée, de documents photographiques authentiques empruntés au Service cinématographique de l’armée et aux services anglais et américain d’information – consiste d’une part, dans le choix judicieux des clichés qui donnent une connaissance exacte du cadre dans lequel se sont déroulées les opérations, des hommes – soldats et chefs – qui y ont participé, de leur armement, de leur équipement, en un mot de leur vie à la fois obscure et héroïque : et, d’autre part, dans une remarquable synthèse de ces quatre années de campagnes qui suffiraient à établir la valeur militaire d’une nation : des textes brefs, clairs, précis, alertes, qui permettent de suivre le déroulement, l’enchaînement des épisodes de cette lutte farouche incessante pour l’honneur, la liberté et la grandeur de la patrie. Il faut savoir gré à la Direction des services de presse du ministère de la Guerre d’avoir mené à si bonne fin cette belle et nécessaire réalisation." (Henry Freydenberg, Revue Défense Nationale, 1946)
La Crise européenne et la Première Guerre mondiale.
PUF, 1962, fort in-8°, 779 pp, 4e édition revue et augmentée, biblio, index, broché, bon état (Coll. Peuples et Civilisations)
"Un ouvrage dont l'éloge n'est plus à faire. Historiens et étudiants apprécieront que les facteurs militaires, diplomatiques, économiques et sociaux, qui influencèrent le cours des événements de 1904 à 1919, soient présentes ici avec la clarté qui distingue le professeur et le souci des nuances qui révèle le spécialiste parfaitement informé." (Revue française de science politique)
La Sainte Ligue, le juge et la potence. L'assassinat du président Brisson (15 novembre 1591).
Hachette, 1985, in-8°, 331 pp, préface de Denis Richet, annexes, biblio, index, broché, couv. illustrée, tranche lég. salie, bon état
L'affaire Barnabé Brisson, président au Parlement de Paris, familier d'Henri III, pendu en 1591. — La Sainte Ligue, le juge et la potence, c'est d'abord l'histoire de Barnabé Brisson, président au Parlement de Paris, juriste de grande renommée et familier d'Henri III, qui eut une fin singulière pour un magistrat de son rang : arrêté au petit matin du 15 novembre 1591, il fut pendu le jour même après un simulacre de procès et son corps exposé au gibet en place de Grève pour l'édification du peuple. Ses bourreaux ? Les Seize – l'aile marchante de la ligue parisienne – décidés coûte que coûte à empêcher le huguenot Henri IV de monter sur le trône de Saint Louis. Son crime ? Trop peu "catholique zélé" à leur gré, il aurait favorisé en sous-main les menées du Béarnais. Parvenu sur le tard au faîte des honneurs, Brisson, fils d'un modeste magistrat poitevin, cristallise les haines corporatives, religieuses et partisanes. Ses choix politiques résument les contradictions de sa personnalité, mais aussi celles de son milieu social et du parti auquel il a voulu, pour son malheur s'identifier. Son assassinat permettra la mise au pas des extrémistes et assurera le triomphe d'Henri IV. C'est ainsi que, bien malgré lui, Brisson fit à la royauté le don de sa personne. Les royalistes victorieux feront du magistrat félon un martyr de leur cause. Et cette légende servira puissamment la monarchie absolue de droit divin. L'aventure de cet homme, celle qu'il a réellement vécue comme celle qu'on lui a inventée, méritait une histoire critique. A travers le calvaire du malheureux magistrat, ce livre refait l'histoire tumultueuse de la Sainte Ligue.
La Mosaïque France. Histoire des étrangers et de l'immigration en France.
Larousse, 1988, pt in-4°, 479 pp, préface de Pierre Goubert, nombreuses illustrations dans le texte et hors texte en noir et en couleurs, 13 cartes et schémas, biblio, index, reliure simili-cuir éditeur, jaquette illustrée, bon état (Coll. Mentalités : vécus et représentations)
Par Noël Coulet, Maurice Garden, Jean Gaudemet, Yves Lequin, Frances Malino, Jean-Pierre Poly, Jean-Pierre Poussou, Pierre Riché, Dominique Schnapper, Georges Tapinos. — "Indéniablement, l'immigration est en passe de devenir un élément légitime de la mémoire nationale. En témoigne le beau livre publié sous la direction de Y. Lequin, avec la collaboration de plusieurs des meilleurs spécialistes de la question, qui propose une histoire du phénomène des origines à nos jours, agrémentée d'un grand nombre d'illustrations, gravures, cartes, tableaux." (Gérard Noiriel, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1989) — "De La mosaïque France, commençons par dire qu'elle est bien composée : elle s'ouvre, après une préface généreuse de Pierre Goubert, par un inventaire d'idées générales sur l'étranger, son image et son statut. Elle se clôt par un double essai de démographie actuelle et prospective et de philosophie de l'histoire de l'étrangeté. Une vision globale, indispensable à l'intelligence de l'histoire de l'immigration en elle-même, est ainsi proposée. De ce beau livre, poursuivons le commentaire en saluant l'ampleur des investigations historiques qu'il suggère plus qu'il ne les accomplit vraiment ; c'est que l'histoire longue des migrations qui ont irrigué la France reste à faire, et ce n'est pas un mince mérite que de l'avoir inaugurée par une recherche obstinée des mouvements de fond qui l'ont caractérisée, peut-on dire, dès les origines : extraordinaire diversité des flux et des provenances, vivacité des « petites patries » ainsi constituées, mais non moindre permanence des réactions xénophobes qui, depuis le bas Moyen-Age, ont dans la figure du Juif et celle du Maure deux représentations de prédilection. L'histoire des communautés juives en France fait à elle seule l'objet de développements nombreux : à très juste raison. L'époque contemporaine (1815-1945), dont Yves Lequin et Dominique Schnapper se sont réservés le traitement, est l'illustration d'un exercice pleinement réussi d'application de l'analyse historique à l'intelligence de durables phénomènes de société..." (André-Clément Decouflé, Revue européenne de migrations internationales, 1990)
La Geste de Cûchulainn, le héros de l'Ulster. D'après les anciens textes irlandais.
L'Edition d'Art, H. Piazza, 1977, pt in-8°, xii-175 pp, ornementation dessinée par Paul de Pidoll, broché, couv. illustrée, bon état (Coll. Épopées et légendes)
Les aventures du plus célèbre des héros irlandais : le terrible Cuchulainn. Témoins d'une immense tradition orale celtique, les mythes irlandais ouvrent une fenêtre passionnante sur les croyances, la société et la culture des Celtes protohistoriques. — "Quand les filles de Calatin, sous la figure de trois corbeaux, reparurent à Emania, le héros en était parti (...) Alors les horribles femelles virèrent au-dessus du vallon (...) une grande terreur s’empara de tous ceux qui entendaient le hourvari ; les chiens se mirent à hurler. (...) Alors le courroux poignit Babb, la plus acharnée des trois monstres..." — Fondée en 1920 par l'éditeur d'origine italienne Henri Piazza installé à Paris au 19 rue Bonaparte, active durant plus d'un demi-siècle, la collection « Épopées et légendes » proposa un important fonds de grands textes fondateurs de toutes les civilisations (épopée, chanson de geste, mythe fondateur, matière de Bretagne et de France, saga, etc.). Chaque texte était dit renouvelé, c'est-à-dire réécrit, adapté en français moderne, et présenté par un spécialiste.
Péguy et les Cahiers de la Quinzaine.
Grasset, 1943, in-12, 393 pp, broché, bon état, envoi a.s. à Fernand Aubier
"Ce livre offre un grand intérêt au regard de l'histoire de la IIIe République. (...) Ce qui parait le plus extraordinaire dans la vie de Péguy, c'est précisément l'effort tenté par tant de cénacles de la bourgeoisie de s'annexer, en quelque sorte, le fils de la rempailleuse de chaises du faubourg orléanais, l'homme que je revois toujours, à travers tant d'années, le corps enveloppé dans sa longue cape, les lourds souliers aux pieds, la tête osseuse, avec la barbe frisottante et des yeux magnifiques d'audace et de candeur maligne. C'est à travers cet homme, – cet homme petit par la taille, dont le talent est peut-être plus discutable que ne pense M. Daniel Halévy, mais dont la force de volonté fut extraordinaire, – c'est à travers lui que nous pouvons apercevoir, grâce à M. Daniel Halévy, tout un pan de l'histoire de la IIIe République. A coup sûr, M. Daniel Halévy n'est pas tendre à l'égard de celle-ci, mais peu nous importe, et il nous suffit qu'il introduise honnêtement le témoignage de Péguy lui-même pour que nous lui sachions gré de son effort, en vue de faire revivre les milieux humains où a vécu son héros. La politicaillerie dont Péguy s'est dégagé et qui l'a fait souffrir dans son âme et dans son corps, les milieux universitaires, l'école, – si l'on peut dire, – de Georges Sorel, les mouvements littéraires personnifiés par MM. P. Claudel et Romain Rolland, l'École normale du temps de Perrot et de Lucien Herr, la Sorbonne historique et sociologique, et, avant encore, le collège Sainte-Barbe et les milieux populaires d'Orléans, – comme, au terme du livre, et de la vie de Péguy, – l'attente de la guerre de 1914 et ses premières réalités, – jusqu'à la mort de Péguy, le 5 septembre 1914, tout cela défile dans le livre de M. Daniel Halévy, avec les précisions, les références, les discussions utiles. Ainsi ce livre, qui est l'hommage d'un admirateur et d'un ami, est aussi une contribution historique de premier ordre." (Georges Bourgin, Revue Historique, 1943) — "La jeune floraison des Cahiers dura dix ans. De 1910 à 1914, il y aura Péguy et sa grandeur solitaire portée par les Cahiers, mais dressée plus haut qu’eux. De 1900 à 1910, il y eut les Cahiers, c’est-à-dire Péguy dans un entourage, en plein travail et entrain de jeunesse fraternelle. Après avoir quelques mois campé dans la chambre de Jérôme Tharaud, il transporta ses dossiers rue de la Sorbonne, dans une École de Journalisme qu’une agitée du dreyfusisme, Mme Dick May, avait installée là. Les Cahiers eurent une table, un espace réservé au premier étage. À côté des paperasses de Péguy, il y avait celles de Guieysse et de ses Pages libres. L’École de Dick May commença un voisinage qui dura longtemps. En octobre 1901, les Cahiers et les Pages libres, se déplaçant ensemble, s’installèrent, à vingt pas de l’École, dans une boutique dont une inscription rappelle aujourd’hui l’ancien emploi. La boutique, étroite et longue, fut divisée et cloisonnée. On ouvrait la porte : un couloir (plutôt un boyau) menait vers l’arrière boutique, où se tenait Guieysse : à gauche, une porte, et, franchie cette porte, il restait un petit espace qui était le domaine de Péguy. Sa boutique." (p. 102-103)
Bonaparte, gouverneur d'Egypte.
Plon, 1936, in-8°, 383 pp, 25 gravures et une grande carte dépliante hors texte, broché, bon état
L'ouvrage n'est pas seulement un ouvrage de référence sur la campagne d'Egypte. En effet l'auteur s'intéresse à l'administration du futur empereur. Pour lui cette période d'apprentissage permit à Bonaparte de développer des idées qu'il devait employer plus tard. — "Excellent sur l'œuvre intérieure." (Jean Tulard, Napoléon) — "Un très remarquable ouvrage." (Georges Spillmann, Revue du Souvenir Napoléonien, 1979) — "M. François Charles-Roux, ancien ministre de France à Prague, nous propose un nouvel ouvrage extrêmement précieux pour les historiens de la colonisation française et aussi pour le grand public qui sera heureux d'y trouver exposé avec une objectivité remarquable, un sens historique aïgu et, ce qui ne nuit point, beaucoup d'agrément, un chapitre peu connu de l'histoire de Napoléon et une étude des principes d'une méthode de colonisation. L'auteur définit tout de suite les caractères de l'expédition d'Egypte, qui ne fut pas seulement décidée pour des motifs politiques d'intérêt immédiat temporaire, mais en considération d'un établissement définitif. A cet égard l'organisation de cette grande mission de 165 savants et spécialistes que le général Bonaparte s'adjoignit (astronomes, géomètres, chimistes, physiciens, ingénieurs, géographes, architectes, zoologistes, botanistes, minéralogistes, artistes, compositeurs, littérateurs, économistes, antiquaires, orientalistes, imprimeurs, chirurgiens, médecins, pharmaciens) est tout à fait probante. Avec adresse, l'auteur évite d'encombrer son récit des péripéties multiples de l'expédition d'Egypte, et ne met en lumière les grandes lignes de l'histoire militaire que dans la mesure où elles ont influé sur la politique colonisatrice de Bonaparte. C'était la première fois que la France colonisatrice prenait contact avec l'Islam africain. Ce fut le mérite de Bonaparte de comprendre tout de suite la puissance de l'Islam et de ménager cette puissance. Ayant dû recourir à la force pour s'emparer d'Alexandrie, puis du Caire, Bonaparte se trouvait devant un problème délicat : ne pas brusquer une population indigène à laquelle il voulut apparaître sous les espèces d'un libérateur. D'où une sorte de politique de protectorat : postes de responsabilité confiés à des indigènes, intérêts matériels de la population ménagés, stricte discipline maintenue dans l'armée d'occupation, etc. L'habileté avec laquelle Bonaparte gouverneur de l'Egypte pratique cette politique fait pressentir Napoléon et, comme le remarque fort justement M. F. Charles-Roux, c'est dès cette époque et non plus tard que « Napoléon perçait sous Bonaparte ». Au risque de ne pas être compris des Français qui l'accompagnaient. Bonaparte témoigna non seulement de la déférence, mais de la sympathie pour l'Islam. Il le fit pour ne pas rendre plus difficile encore sa tâche; d'organisation singulièrement compliquée par les difficultés financières et les hostilités engagées avec l'Angleterre et la Porte Ottomane. Très vite, il apparut que la cohorte de savants qu'il avait amenés avec lui et qui constituèrent l'Institut d'Egypte, fondé le 2 août 1798, pouvait être son plus utile auxiliaire. Les difficultés matérielles du début ne furent point médiocres pour ces intellectuels français peu habitués aux fatigues des camps, mais elles s'atténuèrent ou disparurent quand l'Institut fut royalement installé au Caire dans la palais de Quassim-Bey. L'insurrection du Caire (octobre 1798) due à la duplicité orientale – avec laquelle Bonaparte n'avait pas assez compté – à la propagande anglaise, à celle des Mameluks, anciens maîtres du pays, aux vicissitudes de l'expédition de Syrie, à la guerre avec la Turquie, au « cafard » qui travailla à un moment donné les troupes françaises, tout cela retarda l'organisation méthodique du pays, compromit son succès. Toutefois il est équitable de reconnaître, qu'à aucune époque de l'histoire militaire de la France la guerre n'avait été accompagnée d'un tel effort d'investigation dans le passé du pays, d'un tel effort d'organisation et d'amélioration matérielle du pays occupé. Bonaparte, pour cette œuvre grandiose ne disposa que de 13 mois et 20 jours. Son départ secret et précipité qui toutefois n'amena point l'évacuation immédiate, laissa inachevée l'œuvre qu'il n'avait pu qu'ébaucher, mais dont il est resté quelque chose. Une étude historique à la fois instructive, solide et brillante." (Alfred Fichelle, Revue Française de Prague)
Le Temps des Réformes. Histoire religieuse et système de civilisation. La Crise de la chrétienté. L'Eclatement (1250-1550).
Fayard, 1975, fort in-8°, 570 pp, 5 cartes, biblio, index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
“Le Temps des Réformes” est bien autre chose qu'une nouvelle histoire de l'Eglise au temps de la pré-réforme et de la Réforme. Pierre Chaunu retrace l'évolution de la pensée, de la sensibilité, de la vie des doctes – universitaires, humanistes, érudits – et des humbles au temps des Réformes, largement entendu de 1250 à 1550. Mais ce livre est aussi une méditation sur les origines d'un système de civilisation héritier de l'Antiquité gréco-latine, de l'innovation technologique du Moyen Age, du message d'éternité du temps de la Loi, des prophètes et des apôtres, de la grande construction théologique des IVe et Ve siècles ; un système qui a duré un bon demi-millénaire et qui achève de se défaire sous nos yeux. — "Un ouvrage dont l'immense mérite est de totaliser l'apport de plusieurs générations d'historiens qui, depuis Lucien Febvre, se sont efforcés de mieux poser la question des origines de la Réforme ; un ouvrage qui propose des hypothèses neuves dont on peut, dès maintenant, pressentir la fécondité, car elles égalent en ampleur la problématique wéberienne tout en rendant mieux compte des dimensions spirituelles de la grande mutation de la chrétienté occidentale." (Marc Venard, Revue d'histoire de l'Eglise de France, 1978)
Comment j'ai vu 1900. Tome II : Confidences d'une jeune fille.
Grasset, 1967, pt in-8°, 239 pp, 13 pl. de photos hors texte, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
Deuxième volume (sur 4) des souvenirs de Pauline de Broglie, descendante directe de Madame de Staël et de Necker, petite-fille du fameux ministre de la "République des Ducs", petite-nièce de la comtesse de Ségur et sœur des grands physiciens Maurice et Louis de Broglie. — Après son enfance dans “Comment j'ai vu 1900”, Pauline de Pange relate son adolescence dans ce deuxième volume de ses mémoires, “Confidences d'une jeune fille”. On y retrouve la jeune Pauline, en 1903, adolescente de quinze ans errant d'ennui dans l'hôtel familial, entre des parents plus que conservateurs et une vieille nourrice envahissante. Plus ouverts, son frère et sa belle-soeur l'aideront à s'éloigner de ce "milieu factice". Avec eux, Pauline découvre le cinéma, la photographie, sort au Châtelet, à l'Odéon, voyage pour la première fois dans une automobile sans autre domestique qu'un chauffeur, découvre la Suisse, l'Italie. Exaltée par l'effervescence de ce XXe siècle commençant, elle se dit qu'on l'a élevée "avec les yeux fermés". Pauline abandonne ses capelines de soie beige et ses robes de broderie anglaise, oublie les leçons de maintien et les convenances, bien décidée à embrasser "un univers merveilleux où tout est en mouvement, où tout est à la fois promesse et menace".
Chronique privée de l'An 1940.
Stock, 1941, in-12, 219 pp, broché, qqs rares rousseurs, bon état. Mention de 8e édition au dos, achevé d'imprimé de février 1941
Chardonne, après 1940, prône « l'entente » avec l'occupant. Lors de la parution en mars du livre “Chronique privée de l’an 1940”, Gide décide de rompre avec “La Nouvelle Revue Française”. Ces pages «sont l’expression d’une position pro-allemande nettement déclarée, comme aussi l’affirmation que A. de Châteaubriant et Drieu la Rochelle sont les deux apôtres du bons sens»[Propos rapportés par Maria van Rysselberghe, Cahiers André Gide 6, Gallimard, 1976, p. 233]. Gide publiera dans “Le Figaro” un article «très acerbe» contre Chardonne. Jacques Chardonne est le nom de plume de J. Boutelleau (1884-1968). D'une famille de bonne bourgeoisie provinciale, Chardonne était avec Delamain propriétaire des Editions Stock ; il fut un romancier talentueux (“Les Destinées sentimentales”) et l'auteur de prédilection de François Mitterrand. Homme d'ordre et de tranquillité, il vécut la défaite en 1940 comme une bénédiction : elle allait museler la Ville, la Plèbe, l'Ouvrier, tout ce qui pouvait blesser le terroir, l'élite, l'héritage...
Waterloo 1815.
Stock, 1972, in-4° carré, 204 pp, conception et présentation Juan Carlos Carmigniani, préface de Jean-François Chiappe, illustrations par le baron Louis de Beaufort, cartes de Jean-Claude Quennevat, plus de 300 illustrations en noir, 45 planches en couleurs sur pleine ou demi-page, 8 doubles pages, cartes et planches d'uniformes, reliure toile verte décorée de l'éditeur, jaquette illustrée, bon état
L'une des plus grandes batailles de l'Histoire. – La fin d'un monde (l'Europe de 1815 et du Congrès de Vienne) se décide en dix heures, fait 50.000 morts ou blessés sur un espace de moins de deux cents hectares. – Ce livre montre la beauté, la grandeur et le courage des héros. – Grâce aux dessins couleurs de L. de Beaufort on retrouve exactement l'incroyable diversité des uniformes, drapeaux, symboles des Armées en présence. – Les musées de cinq pays apportent les portraits de tous les participants et une série de tableaux d'époque pour la plupart inconnus qui commentent heure par heure le déroulement de la tragédie. – Pour la première fois c'est l'illustration qui commente l'Histoire en apportant sa vérité iconographique. – L'auteur, le Commandant Lachouque, traduit dans plusieurs langues, est le plus grand historien de l'histoire militaire (il possède sa rue à Waterloo). Il garantit l'impartialité de cet ouvrage dont l'illustration est internationale. – Le préfacier, J.F. Chiappe, a été couronné par l'Académie pour son livre sur Cadoudal. Il est également l'un des meilleurs historiens actuels de cette époque. – La richesse des doubles pages en couleur représentant le Panorama et pour la première fois publié, montre de façon pathétique les dernières charges de Cavalerie qui terminent le drame. – La nouveauté des cartes présentées par M. Quennevat permet autant à l'historien qu'au grand public de comprendre le déroulement des opérations ainsi que les raisons tactiques des belligérants. – Plus de 300 illustrations en noir enrichies de 45 planches couleur pleines et demi-pages, de nombreux ornements graphiques et huit doubles pages. (rabat de la jaquette)
L'Archipel du Goulag, 1918-1956. Essai d'investigation littéraire.
Seuil, 1974-1976, 3 vol. gr. in-8°, 446, 510 et 473 pp, traduit du russe, 61 portraits et photos, 6 cartes, index biographique et index des noms géographiques, brochés, bon état
Un livre de combat, qui a ébranlé les fondements du totalitarisme communiste et qui brûle encore les mains. Ecrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité, par fragments dissimulés dans des endroits différents, il a été activement recherché, et finalement découvert et saisi par le KGB en septembre 1973. Aussitôt, le premier tome a été publié d'urgence en Occident, la pression de l'opinion publique des pays libres étant la seule force capable de sauver l'auteur et tous ceux qui l'avaient aidé. Arrêté en février 1974, Soljénitsyne fut inculpé de trahison, puis, par décret du Présidium du Soviet suprême, déchu de la nationalité soviétique et expulsé d'URSS. Jusqu'à sa publication partielle par la revue Novy mir en 1990, l'Archipel ne sera lu en URSS que clandestinement, par la partie la plus courageuse de l'intelligentsia. Mais, en Occident, il sera répandu à des millions d'exemplaires et provoquera une mise en cause radicale de l'idéologie communiste.
Monge, le savant ami de Napoléon Bonaparte (1746-1818).
P., Gauthiers-Villars, 1954, in-8°, x-364 pp, 10 gravures hors texte, 6 appendices, notes et références, broché, couv. illustrée d'un portrait de Monge en médaillon, bon état
"Cet ouvrage aborde l'étude du grand mathématicien du point de vue purement humain, laissant de côté l'analyse de son œuvre scientifique. En plus des ouvrages de bibliothèques et des pièces d'archives officielles ou déjà connues, l'auteur a pu disposer, pour la première fois, de l'ensemble des archives familiales. Il a pu lire ainsi plus de 200 lettres de Monge adressées à sa femme, à ses filles, à ses gendres, en plus de biographies manuscrites et de souvenirs écrits par ses proches après sa mort. Le texte suit pas à pas la vie du savant de sa naissance à sa mort, en évoquant, à côté de sa figure, une foule d'autres personnages parmi lesquels se dégagent particulièrement son père, sa femme, et bien entendu, Napoléon. En somme, cette nouvelle étude vient compléter et illustrer harmonieusement celle plus technique de M. Taton." (Jean Itard, Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, 1955)
Essai sur la Spéculation. Edition française par Pierre Coste.
Payot, 1933, in-8°, 309 pp, traduit de l'anglais (“A History of Financial Speculation”), broché, couv. lég. salie, bon état (Coll. Bibliothèque politique et économique)
Un livre écrit peu avant le krach de 1929, avec un chapitre conclusif inédit du traducteur français qui remarque "Quoique l'auteur du présent essai n'ait évidemment pu prévoir, dès 1929, époque où il rédigeait son ouvrage, la série de catastrophes financières qui allaient successivement s'abattre sur le monde (krach de Wall Street, effondrement de la Credit Anstalt, difficultés bancaires allemandes, abandon de l'étalon-or en Angleterre, puis aux États-Unis), le lecteur aura constaté qu'il n'était pas sans avoir le pressentiment de bouleversements prochains..." — Table : Le « Pauvre Diable » – L'esprit mercantile – « Le crédit est de la méfiance qui sommeille » – L'âge d'or – « Utopia limited » ou la société à responsabilité limitée – La nature d'un marché – La grande Pénitence, par Pierre Coste.
Manifeste politique et social.
Editions du Fuseau, 1964, pt in-8°, 157 pp, broché, couv. illustrée d'une photo de l'auteur, bon état. Edition originale (il n'est pas mentionné de grands papiers)
Un exposé des fondamentaux de l’ordre politique et social naturel, sur les bases de la doctrine catholique. Le colonel Chateau-Jobert entend proposer ici un manuel ayant pour objet « de rappeler la base doctrinale théorique qui doit être l’assise de l'action contrerévolutionnaire » où tous pourront puiser, avec profit, la marche à suivre. La Révolution a ses manuels, ses orateurs, ses doctrinaires, eh bien, la Contrerévolution doit aussi avoir ses manuels. Regrettant le fait qu'il soit nécessaire de consulter bon nombre d'ouvrages différents afin de balbutier sur la loi naturelle et l'ordre, Chateau-Jobert nous propose ici une somme de ses lectures. Le militant contrerévolutionnaire a maintenant son « bréviaire ». Table : I. Une doctrine politique et sociale ; II. Le fondement de l'ordre naturel face à la mystification marxiste ; III. Une doctrine universelle ; IV. La conclusion s'impose : un mouvement contrerévolutionnaire.
Entre deux guerres. La création française entre 1919 et 1939.
François Bourin, 1990, fort in-8°, 631 pp, chronologie, bio-bibliographie des auteurs, index, broché, couv. illustrée à rabats, bon état
32 études érudites sur les monuments aux morts, le groupe surréaliste, la revue Clarté, François Coty, Paris-Soir, le Journal de Mickey, l'univers de la presse enfantine, Radio-Paris, Gallimard, le Vieux-Colombier, le Théatre des Variétés, la Revue nègre, la réclame, le paquebot Normandie, le cinéma, etc., etc. — "... L'éventail proposé s'avère très riche, allant, par exemple, de la littérature à la photographie en passant notamment par la radio, le théâtre, la chanson, le cinéma, la danse, la musique, l'architecture, la peinture, la haute couture, le sport ou la gastronomie. Quelques temps forts se dégagent de ce parcours à travers une époque, comme la dense étude de P. Fridenson sur la Traction avant, l'originale et stimulante évocation des modes culinaires proposée par A. Rowley, ou encore la belle analyse de P. Ory sur Le crime de M. Lange ; mais surtout, au jeu de ricochet qui se dessine entre les différents objets culturels envisagés, c'est véritablement tout un « air du temps » qui se trouve mis en relief et tout une ambiance qui nous est restituée avec, pour la plupart des textes ici rassemblés, talent et bonheur." (Pascal Balmand, Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1991)
Histoire, 1848-1914.
Fernand Nathan, 1962, gr. in-8°, 546 pp, 346 gravures, 63 cartes, plans et graphiques, tableaux chronologiques, lexique, cart. illustré de l'éditeur, bon état (Coll. Jean Monnier)
Excellent manuel (Classe de première).
Fils de la haine.
Presses de la Cité, 1959, in-8°, 298 pp, cart. éditeur, jaquette illustrée, bon état
"La violence est ma loi." Tel pourrait être le sous-titre de ce récit impitoyable dans lequel, pour la première fois, Caryl Chessman, auteur de « Cellule 2455, couloir de la mort », « A travers les barreaux » et « Face à la justice », ne fait pas œuvre autobiographique. Faut-il croire pour cela que, selon la formule consacrée, les personnages décrits dans ce premier roman de l'écrivain-condamné à mort n'offrent aucune ressemblance avec des personnages réels ? Non pas. Car le « gars Ted », élevé dans la violence et qui ne connaît d'autre loi que la violence,est le symbole même de tous ces gars à la « tête brûlée » que la société. par ses méthodes de répression aveugle, rejette, chaque jour davantage, vers la violence. Il est plus facile, bien sûr, de les condamner que de chercher à comprendre par quels cheminements évidents ou secrets un être humain, né avec les mêmes droits, les mêmes possibilités que les autres, peut se réveiller, un jour, dans la peau vouée d'avance à une fin misérable d'un de ces hors-la-loi. (L'Editeur) — La guerre juridique menée par Caryl Chessman contre les tribunaux fédéraux de Californie a un écho répercutant avec trois best-sellers de l’édition mondiale de 1954 à 1960 : « Cellule 2455 couloir de la mort », traduit en quatorze langues, « À travers les barreaux », « Face à la justice », sortis clandestinement de prison. Le dernier livre de Chessman publié, « The Kid was a killer » (Fils de la haine) est un roman, en réalité son troisième écrit. Il paraît en France en janvier 1959 aux Presses de la Cité, qui ont édité ses livres précédents. Chessman entre dans la chambre à gaz de la prison de San Quentin le 2 mai 1960. Il nie, farouchement, durant douze ans, être "le bandit à la lumière rouge". Accusé de viol et de kidnapping, Chessman n’a pas d’antécédent pour crimes sexuels. 1955, un film Columbia avec William Campbell est réalisé par le prolifique Fred F. Sears, « Cellule 2455 couloir de la mort ». Il s’inspire du récit des aventures de Chessman, voyou en liberté sur parole, multipliant vols de voitures, attaques à main armée de drugstores, avec une dextérité qui rendait nerveux les policiers à ses trousses.
Le Troisième Reich. Des origines à la chute.
Stock, 1965, fort in-8°, 1257 pp, 48 planches de photos et 2 cartes hors texte, biblio, index, reliure pleine toile ocre de l'éditeur, jaquette illustrée, rhodoïd (lég. abîmé), qqs rousseurs, bon état
Edition intégrale, illustrée, reliée, complète en un volume. — "... Le livre de Shirer est remarquablement documenté – et documenté de première main, c'est-à-dire à partir d'archives – pour tout ce qui concerne la politique extérieure et militaire du IIIe Reich, ainsi que pour les faits se situant au niveau gouvernemental. Ce n'est tout de même pas négligeable ! Il y a plus : la publication de la traduction française constitue un véritable bienfait. Au moment où Georges Bonnet dans “Le Quai d'Orsay sous trois Républiques” et Edouard Daladier dans son article de “Candide” donnent des versions insoutenables de la crise de 1938, la lecture de l'admirable chapitre que Shirer consacre à Munich constituera pour le public cultivé mais non spécialiste une sorte de contre-poison. Et il vaut mieux que le lecteur français connaisse l'époque hitlérienne à travers Shirer qu'en continuant à l'ignorer ou à s'imaginer la comprendre à travers des livres médiocres. En refermant le livre de Shirer, tout lecteur, allemand ou français, spécialiste d'histoire allemande ou simplement curieux d'une période passionnante et lourde de conséquences, aura énormément appris non seulement sur les hommes et les événements, mais plus encore sur les aspects tantôt terrifiants tantôt ubuesques d'une dictature totalitaire entraînant son pays et le monde entier dans la catastrophe et le chaos." (Alfred Grosser, Revue française de science politique, 1962)
Jean et Yvonne, domestiques en 1900. Souvenirs et documents recueillis par Michel Chabot.
Tema-Editions, 1977, in-8°, 255 pp, postface de Roger-H. Guerrand, 16 pl. de gravures, photos et documents hors texte, broché, couv. illustrée lég. abîmée, bon état
Jean, modeste campagnard de la fin du XIXe siècle, monte à Paris pour servir les « grands ». Devenu cocher du marquis d'Harcourt, il nous invite à travers promenades et réceptions à découvrir la vie fastueuse de ses maîtres mais aussi celle, plus âpre et monotone, du serviteur. Jusqu'au jour où, passé la quarantaine, il rencontre Yvonne, elle-même humble « Bécassine » que la misère a éloignée de sa Bretagne natale pour « servir » à Paris. A travers Jean et Yvonne, c'est toute une époque qui revit sous nos yeux. Une « Belle Epoque » où domestiques étaient encore liés corps et biens à la destinée de leurs maîtres. L'histoire exemplaire de Jean et Yvonne est à la fois une leçon d'humanité et un récit savoureusement nostalgique. Paul Chabot, né en 1899, est le fils de Jean et Yvonne. Ses souvenirs ont été recueillis par son propre petit-fils, Michel Chabot. — "Le grand intérêt de ce livre de souvenirs, c'est de dévoiler les servitudes de la "machinerie". De décrire par le menu les tâches, les joies (rares) et les peines de cette foule d'hommes et de femmes anonymes qui travaillaient à vie dans les coulisses, pour que le "spectacle" mondain, social, culinaire, puisse avoir lieu et briller de tout son éclat. Paul Chabot se découvre une verve et un sens du détail balzaciens pour montrer comment la toute-puissance de l'argent permettait alors aux caprices de bourgeois nantis et repus de disposer entièrement de la vie de leurs gens." (Madeleine Chapsal, L'Express)
La Grande Armée, 1804-1815.
Laffont, 1979, gr. in-8°, 585 pp, 50 gravures d'époque sur 24 planches hors texte, 14 cartes sur 12 pl. hors texte, chronologie, biblio, index, cart. éditeur, jaquette illustrée, bon état
« Le Tondu, disaient-ils, gagne ses guerres avec nos jambes. » Et ils marchaient et, harassés, ils combattaient et longtemps ils volèrent de victoire en victoire, râlant, pillant, massacrés et massacrant, acclamés et détestés, héros et martyrs, fascinés par le génie d'un homme qui savait les rejeter en avant au mépris de la mort. Jusqu'à Moscou, jusqu'à la terrible retraite et jusqu'à Waterloo, où s'accomplit le destin... Jamais comme dans ce livre on ne nous avait fait partager la vie de ces hommes levés dans l'Europe entière : la Grande Armée, dans son odeur forte et dans sa brutalité, dans sa misère ; dans son courage et dans sa gloire...
Le Sacrifice du matin.
Laffont, 1946, fort in-12, 607 pp, broché, bon état
Souvenirs d'un résistant "mythique" qui, pendant quatre ans, coordonna, avec Jean Moulin et Henri Frenay, l'action des réseaux de la Résistance. Pierre Guillain de Bénouville a été l'un des huit chefs nationaux de la Résistance intérieure et il fut nommé à ce titre général de brigade, en 1946, avec trois autres de ses compagnons. Encore porté par l'élan du combat, d'une plume qui révélait un grand écrivain, il fait entendre dans ce livre haut et fort la voix de tous ceux qui, au long de quatre années d'une guerre impitoyable, avaient sauvé l'honneur. La Résistance est là, nue, sincère, charnelle, dans ses actions et ses succès comme dans ses peurs, ses angoisses, ses trahisons, ses supplices. De Marseille à Lyon, de Toulon à Paris, de Toulouse à Alger, de la Corse au centre de la France, en passant par la Suisse et le front d'Italie, on revit toute l'épopée, jusqu'à la victoire.
Sans patrie ni frontières. (Out of the Night).
New York, Editions de la Maison Française et P., Dominique Wapler, 1947, fort in-8°, 788 pp, traduit de l'anglais, broché, couv. illustrée, bon état. Edition originale française
"20 ans au service du Komintern". Né en 1904, spartakiste à 16 ans, responsable communiste à Hambourg et syndicaliste "dur", Valtin (de son vrai nom Richard Krebs) parle plus de dix langues. Il est l'un des meilleurs agents du Komintern, alors très offensif. Figure de l'ombre et du secret, il appartient à cette avant-garde "rouge" qui tentait sans relâche de mener les masses ouvrières sur le chemin de l'insurrection armée. La Gestapo l'arrêtera en 1933 et l'enverra dans les premiers camps de concentration. Il s'en sortira en faisant mine de jouer à l'agent double au sein de son organisation. Bientôt poursuivi par les tueurs de la Guépéou comme par ceux de la Gestapo, il s'exile aux Etats-Unis où il rédige ce livre témoignage à couper le souffle.
Achèvement du Canal de Panama. Etude technique et financière.
P., Librairie polytechnique Baudry et Cie, 1888, gr. in-8°, vii-195 pp, 7 grandes planches dépliantes hors texte, broché, couv. illustrée très défraîchie avec trace de mouillure ancienne, intérieur propre, état correct. Rare
Félix Paponot était ingénieur, chef de section au Canal de Suez pendant la période d'exécution de 1860 à 1870.
Le Regard de la mémoire (1914-1945).
Actes Sud, 1983, in-8°, 515 pp, 24 pl. de photos hors texte, broché, couv. illustrée très lég. salie, bon état
De la première partie de ce siècle, Jean Hugo, arrière-petit-fils de Victor Hugo, n’a pas seulement connu les grands événements, comme les deux guerres mondiales, qu’il évoque ici avec une autorité remarquable. Il a connu aussi les créateurs auxquels son activité de peintre et de décorateur (au théâtre et au cinéma) le mêla. De Cocteau, Radiguet, Picasso, Auric, Satie, Cendrars, Dullin, Jouvet, Colette, Proust, Maritain, Max Jacob, Dreyer, Marie Bell et de bien d’autres, il trace ici des portraits où la finesse de la plume rejoint l’acuité du regard. L'un des plus remarquables documents de l'histoire de ce siècle.
La Bataille. Ma peau au bout de mes idées, II.
La Table Ronde, 1968, in-8°, 349 pp, broché, jaquette illustrée, bon état
A la fin de son premier livre, au dernier soir de l'effondrement de la révolte militaire d'avril 1961, le capitaine Sergent demande à l'un de ses compagnons : Par où allons-nous commencer ? Cette question était alors difficile à poser. On ne concevait de résistance à la politique d'abandon que sur le territoire algérien. Le capitaine Sergent, cependant, débarque clandestinement en métropole et commence à y organiser la lutte. L’amnistie maintenant totale permet à l’auteur de révéler les rôles exacts des principaux acteurs de cette aventure passionnante, avec ses espoirs, ses échecs, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, suivie de peu par l’exécution du lieutenant Degueldre. La sérénité et l’absence de toute polémique des jugements du capitaine Sergent font de ce livre un document qui se situe déjà au niveau de l’Histoire et un engagement politique... L’officier de Légion qui met sa peau au bout de ses idées fait place à un homme nouveau.
La Vraie figure de Charlotte Corday. Que les légendes ont la vie dure !
P., Emile-Paul Frères, 1935, in-8°, 318 pp, broché, bon état
"Un livre de plus sur Charlotte Corday. Il est de M. E. Albert-Clément. La source en est la collection de documents rassemblée par Vatel. L'histoire de la famille est reconstituée de manière attachante pour qui est curieux de faits sociaux. Celle de Charlotte l'est également avec le souci de faire table rase des amourettes qu'on lui a attribuées, à quoi l'auteur tient beaucoup. Peu importe ; la physionomie de l'héroïne n'en garderait pas moins ses traits essentiels quand on admettrait qu'elle s'est émue parfois. L'essentiel a été pour l'auteur de montrer que Charlotte Corday n'a été ni la girondine républicaine, ni la pieuse monarchiste qu'on a voulu. C'est une aristocrate, ennemie furieuse et irréconciliable de ceux qui ont abattu les privilèges et la féodalité. A ce titre, quoique sans croyance, elle a détesté l'évêque Fauchet ; elle a parlé avec mépris du roi qui se soumettait en apparence à la Révolution au lieu d'organiser contre elle la guerre civile, de la noblesse qui tardait à l'entreprendre, des émigrés qui n'arrivaient pas. Finalement, poussée au désespoir par la mort du roi et le triomphe de la Montagne, elle se résoud à porter le coup que personne n'a osé porter, persuadé qu'en tuant celui qu'elle regarde comme le chef de ses ennemis, elle les frappera mortellement. Telle est la Charlotte Corday de M. Clément. Je crois qu'il a raison et c'est sous ce seul aspect qu'elle m'a toujours paru le moins difficilement intelligible." (G. Lefebvre, Annales historiques de la Révolution française) — " M. Albert-Clément nous a-t-il donné une biographie romancée ? Ce serait faire injure à son érudition, ou plutôt à celle de Ch. Vatel à qui il rend honnêtement hommage (45 cartons de notes !). Nous lui devons, au contraire, une biographie vivante, largement pourvue de citations, un chapitre attrayant sur l'histoire provinciale de la Révolution, une remarquable analyse, quoique incomplète, des éléments qui ont formé l'âme et l'esprit de Charlotte des scènes très vraisemblables de son voyage à Paris et de l'assassinat de l'Ami du peuple..." (La Révolution française : revue historique, 1936)
Les Massacres de Septembre.
Perrin, 1907, in-8°, 341 pp, 7 gravures hors texte, un plan, reliure pleine percaline rouge, dos lisse avec fleuron, date et double filet doré en queue, pièce de titre basane fauve, tête dorée, couv. conservées (rel. de l'époque), bon état
Après la chute de la monarchie en août 1792, l'Assemblée législative s'incline devant la Commune insurrectionnelle de Paris largement influencée par Robespierre. Le 17 août voit la création d'un tribunal extraordinaire qui accélère le bannissement des prêtres réfractaires et la suppression des ordres enseignants et hospitaliers. A Paris, environ 3.000 suspects sont emprisonnés, principalement à la prison de la Force. La peur, savamment entretenue, du "complot aristocratique", l'inquiétude grandissante devant l'avancée des troupes prussiennes déchaînent les passions populaires et provoquent les massacres de Septembre de triste mémoire. G. Lenotre nous fait revivre ces terribles instants en nous faisant pénétrer dans les trois principaux lieux des massacres : la Force, l'Abbaye et le couvent des Carmes. Il ouvre également le dossier des septembriseurs en chef : 24 individus de sinistre mémoire dont il retrace le parcours sanglant. — "Ces mots réveillèrent la populace qui se remit à hurler ; il y eut autour du fiacre une bousculade ; dix sabres s'abattirent sur le jeune prêtre : une longue tache rouge se dessina sur son vêtement blanc, et, mollement, il retomba dans le fiacre, où l'on apercevait d'autres prêtres entassés, pâles et muets de terreur. Les voitures poussées par la foule passèrent devant la prison, s'enfoncèrent dans l'étroite rue Sainte-Marguerite, franchirent, en tournant à droite, l'arc de triomphe chargé de sculptures, qui se trouvait à l'entrée de la petite rue Sainte-Marguerite, suivirent la rue Childebert et débouchèrent enfin dans la cour abbatiale. Là, devant le portail même de l'église, elles s'arrêtèrent ; la foule se rua et, des vingt-quatre prêtres qu'elles contenaient, vingt-deux furent égorgés sur-le-champ. Ainsi commencèrent les massacres de Septembre..." — Table des matières : La Force : Récit de Weber, frère de lait de Marie-Antoinette ; Récits de Pauline de Tourzel et de la marquise de Tourzel, sa mère ; Souvenirs d'un vieillard ; Relation de Maton de La Varenne. – L'Abbaye : Souvenirs de Méhée, secrétaire de la Commune ; Mon agonie de trente-huit heures de Jourgniac de Saint-Méard. – Le Couvent des Carmes : Relation de l'abbé Berthelet ; L'abbé Jérôme-Noël Vialar ; Evasion de l'abbé Saurin ; Exhumation des restes des victimes, en mai 1867. – Le dossier des massacreurs (documents inédits) : Mayeur, Deprée, Dubois, Lachèvre, Lion, Ledoux, Maillet, Bourre, Damiens, Godin, Marcuna, Debesche, Joly, Debrienne, Hacville, Pernod, Cortet, Bugleau, Richard, Bonau, Careté, Leroi, Vezieu, Stanislas Maillard.
Les Entretiens de l'impératrice Eugénie.
Plon, 1928, in-12, 276 pp, broché, papier lég. jauni comme toujours, bon état
"M. Paléologue fut présenté à l'impératrice Eugénie, en 1901. Elle avait alors soixante-quinze ans. Depuis cette date, ils eurent ensemble treize entretiens, dont l'avant-dernier en janvier 1914, et le dernier en décembre 1919. Les notes reproduisant ces entretiens sont toute l'histoire du Second Empire, telle qu'aurait pu l'écrire l'impératrice." (Revue militaire française, 1929)