La Révolution des curés. Paris 1588-1594.
Albin Michel, 1980, in-8°, 294 pp, biblio, broché, bon état
13 mai 1588, un roi traqué par l'émeute s'enfuit de Paris pour n'y plus revenir. 22 mars 1594, un autre roi se glisse furtivement dans la capitale qui le repousse depuis six ans. Que cache ce vide historique entre le dernier des Valois et le premier des Bourbons ? Pourquoi tant de haine contre Henri III ? Pourquoi cette résistance désespérée à Henri IV ? Une réponse : la révolution. Révolution insolite, prêchée par des chefs religieux fanatiques et démocrates qui, une main sur l'Évangile, l'autre sur le mousquet, mettront le pays à feu et à sang pour défendre une double cause : la foi catholique, la souveraineté du peuple. Révolution née de l'exaspération de la passion religieuse, mais aussi du refus d'un pouvoir politique sans contrôle et de la prise de conscience des injustices sociales. Révolution populaire, certes, mais voulue et menée par des intellectuels, hommes d'Église et hommes de loi, transfuges de la haute bourgeoisie et étudiants contestataires. On est très loin des clichés si souvent plaqués sur ce « temps des troubles » - Henri III le dégénéré, Henri de Guise le héros, Henri IV le libérateur. Le vrai visage du drame est à chercher ailleurs, dans les rues et les églises, à la Sorbonne et à l'Hôtel de Ville, chez tous ceux qui en furent les témoins et parfois les victimes. Six ans de violence, de complots et d'assassinats, des foules en délire, des dizaines de milliers de morts : avec deux cents ans d'avance, Paris s'offre sa première grande fête révolutionnaire. — "Il s'agit de la Ligue, la Sainte Ligue, ce parti catholique qui, en ce temps de guerres de religion, préfère tout à un roi de France protestant, n'hésitant pas à légitimer théologiquement la souveraineté du peuple, voire le régicide. L'abjuration et l'avènement d'Henri IV signeront sa fin, mais une fin relative : « démocratie » en moins, toute une part de son héritage se retrouve dans ce qu'au siècle suivant on appellera le parti dévot, avant qu'on en arrive au « parti prêtre » du premier XIXe siècle." (Emile Poulat, Archives de sciences sociales des religions, 1981)