Vivre au pays au XVIIIe siècle. Essai sur la notion de pays dans l'ouest de la France.
PUF, 1984, in-8°, 340 pp, préface de Pierre Chaunu, biblio, broché, couv. à rabats, dos insolé, bon état, ex. du SP
"Cet ouvrage attire justement notre attention sur une réalité essentielle et pourtant souvent oubliée : le pays. Ce sous-titre définit le cadre examiné. Mais, si de nombreux exemples sont pris en Normandie, en Bretagne, dans le Maine, en Anjou et en Poitou, des comparaisons sont faites avec l'ensemble de la France qui n'est jamais perdu de vue. Le livre est consacré au XVIIIe siècle mais cette époque est expliquée, chaque fois que cela est nécessaire, par des allusions au XVIIe siècle ou à des temps plus anciens. Le plan est solidement construit. Une définition du pays est proposée. Ensuite, la première partie concerne le territoire avec les marques du pays : la géographie des tempéraments, les langues régionales, le costume, l'habitat, le mobilier et la nature du pays, qui s'exprime dans ses frontières, ses cadres juridiques et institutionnels, les rapports entre la ville et la campagne. La seconde partie est composée par l'étude des hommes, du nombre des habitants, de leur démographique, de leur instruction. Ils forment des hiérarchies et des solidarités. Le rôle de la noblesse est mis en valeur. Ouvert ou fermé, selon les affaires envisagées, le pays souffre de la lenteur des communications. Les marchés et les foires lui permettent de nouer des rapports fréquents avec le monde extérieur. La sensibilité religieuse des pays les met en contact avec l'Église universelle par le culte des saints locaux et la construction de splendides retables. Le pays se défend contre les agressions dont il estime être la victime. Il lutte contre une fiscalité excessive sous l'Ancien Régime. Surtout, il se soulève contre la Convention qui est pour lui une épouvantable tyrannie. La troisième partie de l'ouvrage nous offre le récit et l'explication des guerres de l'Ouest dans la Vendée, le Bas-Empire et le pays d'Ancenis. Ce grand livre est très riche d'enseignements de tous ordres puisés aux sources d'une érudition exemplaire. Yves Durand veut débarrasser l'histoire des préjugés qui simplifient dangereusement la réalité. Il définit des idées à partir d'une étude très approfondie de la situation exacte des pays. Cet ouvrage passionnant nous fait comprendre de l'intérieur les sociétés provinciales de la France, à la fin de l'Ancien Régime." (Jean-Pierre Labatut, Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 1986)