Référence :25906

Les Parisiens.

CHEVALIER (Louis).

Hachette, 1967, in-8°, 392 pp, broché, couv. illustrée d'après une aquarelle d'Andrée Michel, bon état. Edition originale

Paris – ses monuments et quelques-uns de ses quartiers, toujours les mêmes – a souvent été décrit, ou plutôt vanté. L'histoire des Parisiens a souvent été racontée ou contée. Mais, à l'exception de quelques puissants romanciers, jamais personne n'a encore osé mettre en lumière les caractères originaux des Parisiens de notre temps, leur manière d'être en toutes choses, banales ou grandes, et ce qui les distingue des habitants d'autres métropoles du monde. Tel est le sujet de ce livre. La thèse en est que l'originalité de la personnalité parisienne – et, à bien des égards, sa supériorité – résulte moins de l'appartenance des gens à tel ou tel groupe professionnel ou social, que de la participation de chaque individu, en tant qu'individu, dans les limites de son être et comme de plein fouet, à une existence globale intense, qui le submerge, le bouleverse et l'entraîne. C'est cette vie collective rassemblée, fiévreuse, créatrice, exaltante – comme ne l'est peut-être celle d'aucune capitale du monde – qui explique la plupart des caractères des Parisiens, leur génie particulier, et tout ce qui fait bien apparaître, en fin d'ouvrage, l'étude de ces deux composantes essentielles de leur personnalité, de la plupart de leurs activités, et du travail lui-même, l'amour et l'esprit. (4e de couverture) — Il n'y a pas si longtemps, les Parisiens ne différaient guère, pour l'essentiel, dans leur âme et dans leur corps, de ceux qui les avaient précédés au cours des siècles : tels que les ont décrits Hugo, Balzac, Mercier, Marivaux, Molière... et sur leurs traces, Louis Chevalier dans ce livre né d'un enseignement au Collège de France, mais qui doit sa couleur et sa pénétration à une pratique buissonnière de la rue pendant près d'un demi-siècle. Après les bouleversements qu'a connu "la ville des villes" depuis une cinquantaine d'années, peut-on encore parler de Parisiens ? A peine d'habitants de Paris, répond J.-P. Garnier : des êtres de nulle part s'agitant dans une sous-culture "médiatique" à la fois planétaire et provinciale. Et ce livre que son auteur croyait promis à une perpétuelle actualité est devenu un irremplaçable document d'histoire. — "Partant de la constatation « qu'il existe des Parisiens » qui ne sont pas seulement les habitants de Paris, mais des individus doués d'une authenticité certaine, conservée depuis des siècles, en dépit des flux d'immigrants qu'ils ont absorbés et assimilés, C. commence par déterminer les principaux traits de cette personnalité, tant d'après l'idée que les Parisiens s'en font eux-mêmes que selon l'opinion qu'en ont les autres, provinciaux ou étrangers, et qui, lorsqu'elle est péjorative n'est, bien souvent, qu'une jalousie déguisée. Si contradictoires que soient parfois louanges et critiques, les avis concordent pour reconnaître que l'essentiel de l'originalité des Parisiens c'est « l'esprit », surtout une certaine forme d'esprit, prompte à la répartie et à l'ironie subtile, transmise de génération en génération. Et pourtant, ce qui frappe d'abord, c'est l'extrême variété des groupes composant cette population qui résulte moins de celle de classes sociales plus ou moins hiérarchisées que d'une étonnante diversité professionnelle. Diversité des lieux, aussi, qui donne à C. l'occasion de nous mener à travers les « pays parisiens » les plus typiques : Noble Faubourg Saint-Germain, société « charnelle » des Halles, Montmartre, alentours de la Place Maubert et de la Rue Mouffetard, quartiers d'artisans de la rue Saint-Antoine et de Belleville, avec leurs prolongements vers la banlieue septentrionale ouvrière, Saint-Denis ou Aubervilliers, auxquels on sent que vont ses secrètes préférences, pour tout le contenu d'humanité vraie qu'ont su préserver leurs habitants. Cherchant alors comment une si profonde diversité des gens et des sites a pu aboutir à l'unité affirmée et constatée, il en voit la source dans l'intensité d'une vie collective résultant de la densité et de la permanence du cadre. Densité : Paris rassemble le plus grand nombre d'habitants sur l'espace le moins étendu. Permanence, car si certaines parties de la ville naissent et meurent, a subsisté et survécu à toutes les vicissitudes le vrai cœur de la cité, le « centre des centres » qui, dans un étroit périmètre, autour de la toujours bouillonnante rue Saint-Denis, continue à rassembler autour d'une profusion de commerçants et d'artisans, les théâtres, la Bourse et surtout la « Presse » dont la localisation s'explique par la proximité de celle-ci et de ceux-là, et reste obstinément fidèle à ces lieux, chargés d'histoire..." (A. C., Population, 1968)

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